Algérie : Dialogue et refondation de l’Etat

Tout est pratiquement à refaire pour rattraper la double décennie de gabegie et de dilapidation des ressources nationales, toute vouée à l’enrichissement illimité de la poignée de prédateurs et provoquant un séisme social et économique d’une rare intensité.

Le désastre est incommensurable. Il a aggravé la lourde facture du terrorisme estimée à 20 milliards de dollars en destruction des infrastructures économiques et socio-éducatives.

Il a aussi contribué à approfondir la fracture irrémédiable entre la caste des corrompus et le peuple privé de son droit au développement, au discrédit des institutions nationales et la poussée fiévreuse de l’algéro-pessimisme, brandi en arme de déstabilisation par les faiseurs de chaos. Tout est donc à refaire pour remettre en ordre l’Etat national menacé dans ses fondements historiques, institutionnels et unitaires.

En toute urgence, le dialogue national inclusif s’impose pour restaurer la confiance, loin de toute discrimination et marginalisation. La main tendue au hirak «béni» et le cycle de rencontres avec les personnalités influentes, des responsables de partis politiques et des médias s’inscrivent dans cette démarche consensuelle pour concrétiser la volonté de «changement radical des fondements de notre démocratie et de l’édification d’une démocratie réelle», a affirmé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de la rencontre avec des directeurs de journaux et de chaînes de télévision.

«Il est de mon devoir de le faire pour briser la glace entre les Algériens», a-t-il souligné, «prêt» à rencontrer l’ancien président de la République, Liamine Zeroual, que des «circonstances particulières» l’ont empêché de faire le déplacement à Alger.

Cette convergence se traduit concrètement dans les consultations entreprises avec toutes les personnalités influentes, «qu’elles soient du hirak ou non», sollicitées pour donner leur avis sur l’élaboration de la nouvelle Constitution confiée au comité d’experts dirigé par Ahmed Laraba.

«Cette Constitution marquera le début de l’étape fondamentale», a déclaré le président de la République. Elle sera soumise à l’appréciation de toutes les catégories de la société, avant son adoption par les deux chambres du Parlement et son passage par la voie référendaire sous la supervision de l’Autorité nationale indépendante des élections. Elle constitue l’acte de naissance de la nouvelle République.

Horizons, 25 jan 2020

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