CONFÉRENCE INTERNATIONALE À BERLIN SUR LA CRISE LIBYENNE : La voix de l’Algérie incontournable
Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune se rendra, aujourd’hui, à Berlin en Allemagne en qualité de président d’un pays acteur majeur dans la région, en particulier, la question libyenne. Le cessez-le-feu en vigueur en Libye a été le fruit d’intenses efforts de La diplomatie algérienne, marquées par un large ballet diplomatique à Alger. Le président du Haut Conseil d’Etat libyen, Khaled Al- Machri a d’ailleurs considéré, jeudi, que l’Algérie était « la seule puissance arabe capable de rétablir les équilibres » dans le dossier libyen, se félicitant du « retour de la diplomatie algérienne » sur la scène libyenne. Al-Machri a en outre fait état de la préparation d’une visite à Alger d’une délégation du Haut Conseil d’Etat de la Libye « pour expliquer tous les tenants et aboutissant du conflit libyen, à l’ensemble des forces partisanes, parlementaires et populaires ».
Pour sa part, le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a affirmé lors de sa visite jeudi à Alger que l’Algérie et son pays partagent une vision commune basée sur le dialogue, seule et unique option pour trouver une solution politique à la crise en Libye.
En prélude à ce déplacement de Berlin, Alger a été le théâtre d’un intense ballet diplomatique comme l’a illustré la visite jeudi 16 janvier du premier ministre italien Giuseppe Conte. Il avait été précédé depuis le début de l’année des ministres des affaires étrangères turc, égyptien, italien.
Dans son souci de maintenir un équilibre apparent, l’Algérie a également reçu les deux camps rivaux : Faïez Sarraj, le chef du » gouvernement d’accord national » (GAN) basé à Tripoli, fruit de l’accord de Skhirat parrainé par les Nations unies et reconnu par la communauté internationale, ainsi qu’une délégation du gouvernement rival basé en Cyrénaïque (est) soutenant le maréchal Khalifa Haftar, le patron de l’Armée nationale libyenne (ANL), qui a déclenché l’assaut contre Tripoli en avril 2019. A tous ces visiteurs, les autorités algériennes ont répété le double credo de la diplomatie algérienne sur le dossier libyen : » refus des ingérences extérieures » et promotion de solutions politiques basées sur » un dialogue national inclusif « .
Auparavant, le Chef de l’Etat a reçu, également, les chefs de la diplomatie turque, égyptienne et italienne, Sameh Choukri et Luigi Di Maio. La crise de ce pays voisin et les voies et moyens de parvenir à un règlement politique et pacifique du conflit seront au centre de cette conférence sous l’égide des Nations unies, à laquelle une participation accrue a été annoncée.
Plusieurs pays, à savoir, l’Algérie, qui a joué un rôle central dans les efforts de règlement de la crise, la Russie, la Turquie, les Etats Unis, la Chine, l’Italie et la France prendront part à cette Conférence sous l’égide des Nations unies, en présence de l’Union africaine, pour soutenir « les efforts de réconciliation à l’intérieur de la Libye », pays en proie à une crise depuis 2011.
Les deux protagonistes de la crise, le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar, ont tous les deux confirmé leur participation aux discussions à Berlin, après que les deux hommes ont accepté un cessez-le-feu en vigueur en Libye destiné à mettre fin au chaos libyen, laissé après la chute de l’ancien régime de Maamar El Gueddafi en 2011 et une intervention militaire occidentale.
La crise en Libye a créé un vide sécuritaire mais aussi favorisé la circulation de « milliers d’armes, munitions et explosifs », en plus de l’émergence de groupes terroristes, notamment dans l’est libyen. Fayez al-Sarraj a confirmé, jeudi, sa présence à la conférence internationale à Berlin visant à lancer un processus de paix, et le Maréchal Haftar a dit être prêt « en principe » à y participer.
Dans la capitale Tripoli, al- Sarraj, chef du GNA reconnu par l’ONU, a confirmé, via son service de presse, sa présence à la conférence, tandis qu’à Benghazi, à un millier de km plus à l’est, le Maréchal Haftar a promis sa présence lors d’un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas. Les positions respectives du chef du GNA, reconnu par l’ONU et basé à Tripoli (ouest), Fayez al-Sarraj, et du Maréchal Khalifa Haftar, ont été annoncées alors qu’une cessation des hostilités, globalement respectée, est en vigueur depuis dimanche aux portes de la capitale libyenne.
Par ailleurs, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a confirmé qu’il assistera à la conférence internationale sur la Libye et fera part de son soutien aux efforts pour consolider la trêve, a indiqué jeudi le département d’Etat. Pompeo devrait exhorter les forces étrangères à se retirer de ce pays ravagé par le conflit et exiger une reprise du processus de paix sous l’égide des Nations unies, a indiqué un responsable américain.
« L’impératif est la poursuite du cessez-le-feu », a-t-il toutefois précisé à un groupe de journalistes. Pour sa part, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres avait appelé, mercredi, « à soutenir fermement » la conférence de paix pour la Libye et a invité les belligérants à confirmer la cessation des hostilités, dans un rapport remis au Conseil de sécurité de l’ONU.
L’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a quant à lui indiqué avoir noté « avec satisfaction » que l’appel au cessez-le-feu en Libye a été entendu par les parties, espérant un « minimum de consensus international » à la conférence de Berlin sur la Libye. Le Kremlin a annoncé, de son coté, que le président russe Vladimir Poutine participera à ce rendez-vous. »
Le plus important, maintenant, est qu’après la conférence de Berlin (…) les parties libyennes ne répètent pas leurs erreurs du passé en fixant e nouvelles conditions et en se lançant des accusations », a dit pour sa part lors d’une conférence de presse, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui sera lui aussi dimanche à Berlin.
A.M.
La Tribune des Lecteurs, 18 jan 2020
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