Le gros pic de tension qui a jeté l’alerte et risqué d’embraser la région est passé, semble-t-il, au regard de l’intensification des initiatives appelant à l’apaisement. Tripoli avait failli tomber, mais le coup de poker du maréchal Khalifa Haftar, poussé par ses alliés et encouragé par le retrait d’une Algérie momentanément occupée par ses soucis internes, a non seulement échoué mais a, de plus, davantage compliqué les choses.
En effet, la situation en Libye avait pris une dangereuse tournure avec l’intrusion d’une Turquie décidée à utiliser les grands moyens pour étendre son influence sur une scène méditerranéenne où elle veut projeter son ambition et ses intérêts après avoir vainement tenté de s’imposer sur une arrière-cour moyen- orientale mouvante, traditionnel terrain de jeu des grandes puissances. Désormais, la crise libyenne s’est enrichie de plusieurs autres outsiders.
Dans ce jeu trouble qui sent fortement le pétrole et le gaz, l’Algérie n’est pas restée les bras croisés. Aussitôt son Président élu, elle a fermement fixé les «lignes rouges» à ne pas dépasser et réitéré l’impératif d’un règlement par les voies pacifiques de la crise libyenne. Même si les armes ne se sont pas totalement tues, cela a eu pour effet de «geler» les positions sur le terrain et de reconfigurer le jeu des forces qui s’y appliquent, ouvrant chemin large au travail diplomatique.
Puissance incontournable dans la région nord-africaine, disposant d’une influence indiscutable dans ce pays voisin qu’est la Libye, l’Algérie est vite redevenue cette voix consultée dans toute initiative de règlement politique. Alger a privilégié, avec une remarquable constance, le dialogue entre les parties en conflit, loin de toute ingérence militaire étrangère, pour dénouer la crise.
C’est cette démarche saine que, en dépit des manœuvres douteuses, elle continue de défendre et de faire avancer. C’est aussi la seule option pour ramener la paix et la stabilité dans la région sahélo-saharienne et qui peut les préserver dans la zone méditerranéenne en écartant les menaces du terrorisme, de la contrebande et de l’immigration clandestine.
Horizons, 17 jan 2020
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