Le hacker Chris Coleman ou quand la France se vengeait du Maroc

Le Makhzen a trop confiance en ses moyens de chantage : le terrorisme, la migration et le trafic de haschich. Il a voulu mesurer sa force à celle de son maître, la France, et jouer aux espions avec le pays qui a inventé la françafrique et qui a fait tomber des dizaines de régimes africains. Apparemment, l’Elysée n’a pas pardonné cette arrogance de la part d’un esclave dont le sort dépend exclusivement de la bienveillance de Paris.

Les gaulois ont voulu agir là où il fait trop mal : le dossier du Sahara Occidental dont l’occupation est décisive pour les plans hégémoniques marocains dans la région.

Du jour au lendemain, des documents confidentiels de la diplomatie marocaine ont été jetés sur la place publique. Un mystérieux hacker qui semble connaître tous les détails du conflit du Sahara Occidental invite les internautes marocains à s’amuser avec la vie privée d’une ministre d’origine sahraouie : Mbarka Bouaida. Des photos de son mariage jusqu’au problème de son mari avec l’alcool. Chris Coleman avait une animosité particulière envers la petite-fille d’Ali Bouaida, premier consul marocain à Nouadhibou.

Il n’a pas eu de pitié non plus de Mme Assia Bensalah Alaoui, ambassadrice itinérante de Mohammed VI et mère d’Abdelmalek Alaoui, directeur de la boîte de veille et conseil Global Partners Intelligence qui a été qualifiée par Coleman de « arrière boutique de la DGED ».

Le hacker Chris Coleman a gagné le pseudonyme de « Snowden Marocain ». Ses révélations ont fait sensation sur le web. Il vise, notamment, des responsables de la diplomatie marocaine et la Dged (les services de contre-espionnage marocain). Il révèle, documents à l’appui, les pratiques machiavéliques du Makhzen. Du trafic d’influence jusqu’à la complaisance avec Israël, rien n’arrête le royaume pour nuire à l’Algérie et continuer son processus de colonisation du Sahara occidental.

«Chris_Coleman24» nous révèle par exemple, dans un document publié, la collaboration marocaine avec l’entité sioniste. Il publie des échanges d’e-mails entre des responsables marocains et israéliens sur une demande de survol de l’espace aérien marocain. Chose qui a naturellement été acceptée et cela afin de permettre à l’Etat sioniste d’espionner l’ennemi commun qui est… l’Algérie. Chose que confirme le Makhzen dans un tweet avec un faux compte. «Le Maroc doit collaborer avec Satan si nécessaire pour garantir ses intérêts supérieurs et neutraliser ses ennemis de l’Est», est-il posté par ce compte du Makhzen.

Le WikiLeaks marocain révèle également la coopération existant entre la Dged (Direction générale des études et de la documentation) et les services secrets israéliens. Une délégation du Mossad serait venue au Maroc sur invitation de la Dged. En guise de preuve, Coleman a publié deux copies de passeports israéliens. Pour appuyer ces propos sur les liens intimes liant le Maroc et Israël, Chris Coleman, révèle l’information qui fait état d’un dépôt de plainte du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu contre tous les pays arabes…sauf le Maroc!

Le trafic d’influence mené par le Maroc pour acheter des soutiens dans sa colonisation du Sahara occidental est également mis à nu. Tout en faisant part des états de crispation entre Rabat et l’ONU (et l’envoyé personnel de Ban Ki-moon, le médiateur de ce conflit, Christopher Ross), voire même de certaines tensions avec l’administration Obama, Coleman sort des correspondances bancaires et des fac-similés de pièces d’identités qui démontrent ce trafic d’influence.

Certaines correspondances montrent que des responsables marocains ont soudoyé des diplomates et des journalistes étrangers, dont des Français, pour qu’ils défendent avec vigueur la position de Rabat concernant la question du Sahara occidental. La Dged a même monté de faux sites Internet d’information algériens.

Il est aussi mis en lumière le financement du lobby pro-marocain aux Etats-Unis et en France. Ce compte tweeter démontre aussi comment le Maroc pille les ressources naturelles du peuple sahraoui et précise que le Makhzen livre gracieusement des phosphates à plusieurs pays de la Caraïbe et du Pacifique en échange d’un soutien sur le dossier du Sahara occidental.

Les malversations du ministre des Affaires étrangères marocains sont montrées noir sur blanc. Le secrétaire général du Rassemblement national des indépendants a «engagé la société McKinsey pour réaliser une étude destinée à relancer l’économie marocaine». Le cabinet de conseil américain emploie, selon Coleman, la fille du responsable de la diplomatie marocaine, ce qui permettrait «des versements de commission» pour une étude qui «coûtera certainement aux contribuables marocains des millions de dollars».

Des virements à gogo entre des membres du clan Alaoui révèlenet l’écart existant entre les niveaux de vie de l’élite makhzénienne et le citoyen lambda. Tout comme les relais marocains à l’étranger, notamment en France. Un bâtonnier français exerçant à Paris est présenté comme l’avocat «particulier» du Makhzen. Il s’occuperait de toute la sale besogne du royaume… Les Marocains n’ont pas réagi officiellement à ces graves révélations, mis à part leur chef de la diplomatie qui est tombé dans son délire habituel, accusant Alger d’être à l’origine de ces fuites.

Acculé jusqu’à ses derniers retranchements, le Makhzen tente d’attaquer Coleman sur son propre terrain c’est-à-dire la Toile en créant de faux comptes qui l’accusent de distiller de faux documents. Il tente de toucher à sa crédibilité. Toutefois, «Chris_Coleman24» a intelligemment prouvé la véracité de ces documents en publiant la base de données du personnel du ministère des Affaires étrangères. La liste de tous les fonctionnaires de ce ministère, diplomates, agents techniques et employés, etc., avec leurs noms, prénoms, date de naissance, état civil, nombre d’enfants, matricules, numéros de la carte d’identité nationale et date de recrutement, ont été rendus publics. Même des fonctionnaires, dont des ambassadeurs, partis en retraite, sont signalés. Une manière donc de narguer le Makhzen et de lui montrer qu’il n’est qu’un nain par rapport à ce que les services secrets français peuvent lui faire subir.

Immédiatement après l’apparition du hacker Chris Coleman, le roi du Maroc s’est empressé de se présenter auprès du président François Hollande pour demander des excuses et « rétablir la coopération judiciaire » avec Paris.

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