Dans cet email, Abdelmalek Alaoui, directeur de Global Partnership Intelligence, traite Ali Lmrabt de « traître » en raison d’un article sur Hicham Alaoui.
Voici l’article :
Ali Lmrabet
J’ai accroché ce matin sur ce mur l’interview du prince Hicham El Alaoui dans le quotidien espagnol El Pais. L’idée était de donner l’information mais aussi d’étudier certaines réactions.
Voilà un prince alaouite, petit-fils de roi, neveu de roi et cousin de roi, et de surcroît troisième dans la ligne de succession au trône, qui assur…e à contrecourant de tout ce qui s’écrit et se dit au Maroc, que notre pays n’est pas une « exception » dans la région, et que s’il n’introduit pas des réformes urgentes et profondes il y aura inévitablement des troubles autrement plus graves que ceux de Tunisie.
Son analyse appelle à un débat. Parce que c’est un intellectuel, parce qu’il n’est pas n’importe qui et enfin par le sérieux, ou la gravité, des choses qu’il avance.
Qu’il ait raison ou pas c’est une autre histoire. Chacun est libre d’interpréter à sa manière ces déclarations et s’il a des arguments contraires à ceux du prince il peut les présenter dans un débat d’idées comme dans tout pays civilisé. Le Maroc est bien un pays civilisé, n’est-ce pas ?
Or, depuis une bonne dizaine d’heures depuis que j’ai accroché cette interview aucun cybermakhzenien, aucun « flic dans sa tête », aucun vrai flic de la DST, de la DGED, des RG, des renseignements de la gendarmerie ou des bureaux de l’armée, ne s’est manifesté, ni n’a osé critiquer ce qui normalement, pour infiniment moins que ça, vaut à ce mur un tombereau d’injures et d’accusations malveillantes de la part des services, des désaxés et des ignorants.
Si je peux comprendre qu’un « nihiliste » ou qu’un citoyen marocain qui espère le vrai changement n’ait rien à redire de ce qu’avance ce prince, si je peux comprendre qu’un cyberchékam de l’Etat doive attendre des instructions pour oser (sinon ikazbou babah) émettre une critique au cousin du roi, par contre ce que je ne comprends vraiment pas c’est l’édifiant silence des cybermakhzeniens ou autres « flics dans leur tête ».
Alors que normalement cette meute est aux avant-postes pour veiller au grain, surveiller la moindre déviation et protéger la patrie en danger, là face à Hicham El Alaoui ils se taisent. Ils fuient. Ils font comme s’il n’y avait rien.
J’avais vraiment espéré que ces courageux patriotes, flics vrais ou simulés, ou en apprentissage, se lancent à l’attaque du prince : « Combien l’Espagne vous a payé a Moulay pour faire cette interview dans un quotidien espagnol ennemi du Maroc ? », « Etes-vous un traître Moulay Hicham ? », « Pourquoi vous versez de l’huile sur le feu avec cette interview ? », etc… La littérature habituelle.
Et pourtant, à part une ébauche de remarques assez ternes, il n’y eu aucune attaque contre Hicham El Alaoui, aucun battement d’aile de mouche. Rien.
Mais pourquoi donc ? Si comme nous le chantent ces cybermakhzeniens, ainsi que ces écervelés de la monarchie, le Maroc est en train de changer et que c’est le pays de la démocratie et de la liberté d’expression, pourquoi ne peut-on pas critiquer un prince ? Pourquoi ne pas le contredire dans un débat démocratique ? Pourquoi ne pas s’en prendre à lui comme on le fait souvent, « courageusement », derrière un ordinateur ?
La vérité, c’est que cette bande de lâches et de serviles, je parle de ces cybermakhzeniens et de ces monarchistes de la dernière heure, ces amoureux du baisemain et des marches de « l’amour », ces « naâmistes», cette tribu d’habitués de la prosternation, ont peur. Oui, ils ont peur que l’article 179 du code pénal qui punit toute critique à un membre de la famille royale leur tombe sur la gueule.
Et oui, On est courageux jusqu’à une certaine limite. Au delà, rien n’est sûr.
Mais alors que fait-on des convictions ? Quand on aime sa patrie on doit être prêt à se sacrifier pour elle, aller en prison et même, dans les cas extrêmes, à mourir. Ce prince, ce « Moulay Hicham » s’en prend à la stabilité de notre patrie, croit-on ? Attaquons-le, donc ! Et tant pis pour l’article 179 du code pénal. Sur ce mur nous l’avons critiqué maintes fois, mais sans jamais l’injurier ou porter atteinte à sa dignité comme le fait une certaine presse téléguidée par qui de droit.
Triste réalité de ce monde, le patriotisme s’éteint quand on éteint son ordinateur ou quand il y a risque de se retrouver privé de liberté, convoqué devant un tribunal, sans son précieux portable et sans le net. Défendre la monarchie avec un ordinateur relié à un router, et au chaud chez soi, oui, oui et oui, aller en taule pour des idées, des convictions, fréquenter des taulards qui ne viennent pas des beaux quartiers, subir les humiliations des gardiens, « la khouya ». Mali ana ?
Quel beau patriotisme, quel beau nationalisme, sincère et vigoureux…
Je n’ai donc que mépris pour ces makhzeniens qui vont d’un mur à un autre en criant « vive le roi !», sans connaître le sens de ce mot, « parce que c’est comme ça », « parce que tout le monde le dit », et « parce que si on ne le dit pas on peut aller en prison ». Sans faire fonctionner leur tête, sans lire l’histoire et les histoires de ce pays.
Cher amis, le Maroc que nous voulons est celui où tout le monde pourra critiquer, émettre des doutes, des opinions différentes et même anachroniques, sans qu’on le menace, de prison ou de stigmatisation. Un Maroc éloigné de la peur du Makhen, débarrassé de la pensée unique et où chacun cultive ses propres convictions dans le respect d’autrui.Dans le respect mutuel.
Si certains veulent vivre éternellement dans la servitude et la prosternation perpétuelle, libres à eux, mais ils n’ont pas le droit de nous empêcher d’aspirer à la liberté.
Vive le Maroc et vive la liberté !
Source : mail confidentiel (voir image ci-jointe)
Tags : Maroc, Mohammed VI, Ali Lmrabet, Abdelmalek Alaoui, Hicham Alaoui,