Le Conseil de sécurité proroge le mandat de la mission des Nations Unies au Sahara Occidental, adoptant la résolution 2494 (2019) par 13 voix pour, 2 abstentions.
Un texte sape le principe d’autodétermination, selon l’Afrique du Sud, soulignant l’exclusion des États africains du groupe des amis.
Le Conseil de sécurité a décidé aujourd’hui de prolonger de 12 mois, jusqu’au 31 octobre 2020, le mandat de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara Occidental (MINURSO).
Adoptant la résolution 2494 (2019) par 13 voix pour, aucune voix contre et 2 abstentions (Fédération de Russie, Afrique du Sud), le Conseil a souligné la nécessité d’un une solution politique réalisable, durable et fondée sur le compromis à la question du Sahara occidental. Il a également souligné l’importance d’harmoniser l’orientation stratégique de la MINURSO et d’orienter les ressources des Nations Unies à cette fin.
Exprimant son plein appui aux efforts continus déployés par le Secrétaire général pour soutenir le processus de négociation renouvelé, le Conseil a pris note de l’intention de son ancien envoyé personnel d’inviter le Maroc, le Frente Popular de Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro (Front Polisario), l’Algérie et la Mauritanie pour une nouvelle rencontre, saluant leur engagement à rester engagés tout au long du processus dans un esprit de réalisme et de compromis.
Le Conseil a invité les parties à reprendre les négociations sans conditions préalables et de bonne foi, et à coopérer pleinement avec la MINURSO, notamment par le biais de la libre interaction de la Mission avec tous les interlocuteurs. Il a également appelé les parties à assurer la sécurité, la libre circulation et l’accès immédiat des Nations Unies et du personnel associé dans l’exécution de leur mandat, conformément aux accords existants.
Prenant la parole après l’adoption du texte, les membres du Conseil ont affirmé leur soutien à la MINURSO et à une paix juste, durable et mutuellement acceptable au Sahara Occidental, fondée sur les principes de la Charte des Nations Unies, tout en exprimant les priorités nationales.
M. Barkin (États-Unis) a accueilli favorablement la déclaration ferme de soutien de la résolution à la MINURSO, mais a déclaré qu’il aurait préféré un texte unifié et consensuel. Cependant, il est très important que le processus politique se poursuive sans délai, a-t-il souligné, tout en mettant en garde que le renouvellement du mandat ne signifie pas un retour aux affaires comme d’habitude. Le processus doit aller de l’avant, a-t-il souligné.
Jonathan Guy Allen (Royaume-Uni) a déclaré qu’une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui prévoira l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental doit être réalisée dès que possible. Il a appelé les parties à se réengager à progresser vers cet objectif.
Tiemoko Moriko (Côte d’Ivoire) a réaffirmé le soutien de sa délégation à l’élan donné par les deux tables rondes, tout en soulignant l’importance du référendum sur l’autodétermination. Se félicitant également de l’interaction du Maroc avec les procédures des Nations Unies en matière de droits de l’homme, il a exhorté toutes les parties prenantes à unir leurs efforts pour résoudre la question du Sahara Occidental.
José Manuel Trullols Yabra (République dominicaine) a salué l’adoption d’un texte équilibré qui souligne le rôle important de la MINURSO. Il soutient une solution de compromis, a-t-il ajouté, notant que l’initiative proposée par le Maroc représente une voie viable vers une solution juste et mutuellement acceptable.
Fawaz A. S. M. Bourisly (Koweït) a déclaré que même s’il aurait préféré une adoption unanime, la résolution offre l’espoir d’une solution mutuellement acceptable. Il a également souligné l’importance de l’initiative proposée par le Maroc, ainsi que la nécessité de maintenir la souveraineté de ce pays.
Vladimir K. Safronkov (Fédération de Russie), exprimant son soutien aux pourparlers directs entre le Maroc et le Front Polisario, a affirmé l’importance des activités de la MINURSO, soulignant que des observateurs militaires russes sont déployés à la Mission. Il a mis en garde contre le fait de préjuger de l’issue des négociations ou de modifier des accords antérieurs, soulignant qu’il est inacceptable de diluer les paramètres convenus précédemment et de saper ainsi les principes fondamentaux qui pourraient ouvrir la voie à un règlement mutuellement acceptable. Les parties elles-mêmes doivent élaborer la meilleure formule, a-t-il souligné, pour prévenir qu’un vide de pouvoir serait dangereux.
Wu Haitao (Chine) a exprimé l’espoir que des consultations plus adéquates sur le texte seront tenues à l’avenir afin d’en arriver à un consensus entre les membres du Conseil. La Chine continuera de défendre une position impartiale et d’encourager les parties à parvenir à une solution juste et durable par le biais de négociations, a-t-il ajouté.
Paul Duclos (Pérou) a souligné l’importance de reprendre les négociations dès que possible sur la base des principes de la Charte et des décisions antérieures du Conseil de sécurité.
Dian Triansyah Djani (Indonésie) a déclaré qu’il est important que le Conseil et toutes les parties prenantes maintiennent l’élan créé. Prenant acte des contributions de son pays à la MINURSO, il a appelé toutes les parties prenantes à rester engagées dans le processus et à œuvrer pour une solution juste et mutuellement acceptable.
Nicolas de Rivière (France) se réjouit du retour à un mandat d’un an pour la MINURSO, affirmant que ce devrait être la norme pour le maintien de la paix. Il a souligné la nécessité pour toutes les parties de continuer à respecter le cessez-le-feu.
Mathias Licharz (Allemagne) a souligné la nécessité cruciale de nommer un nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général et a exhorté toutes les parties prenantes à soutenir la poursuite d’un processus politique.
Remos Ondo Angue (Guinée équatoriale) a exprimé son soutien total à la MINURSO et aux efforts de l’ancien envoyé personnel, exprimant l’espoir que son remplaçant puisse tenir une troisième table ronde le plus tôt possible. Il a également salué les efforts déployés par le Maroc pour faire respecter les droits de l’homme.
Maciej Maria Jamróz (Pologne) a décrit la résolution comme une étape importante dans l’avancement du processus, citant la période de 12 mois nécessaire à cette fin.
Jerry Matthews Matjila (Afrique du Sud), président du Conseil pour octobre, a pris la parole à titre national, expliquant qu’il s’est abstenu d’appuyer la résolution parce qu’elle n’est pas équilibrée et ne représente pas pleinement la perspective des États membres de l’Union africaine. Le texte, dans sa forme actuelle, sape le principe de l’autodétermination, a-t-il ajouté, soulignant que ce principe doit être affirmé sans réserve. En outre, la résolution ne prévoit pas l’attention adéquate du Conseil sur la question, a-t-il déclaré, soulignant également la nécessité d’un mécanisme formel des droits de l’homme pour suivre l’ensemble des activités du Maroc et du Front Polisario. Il a conclu en décrivant le processus de travail du Conseil comme problématique, soulignant que le Groupe des Amis sur la question du Sahara Occidental n’inclut pas un seul membre d’Afrique, alors que la question à l’étude concerne le dernier territoire non autonome du continent.
La réunion a commencé à 15 h. Elle s’est terminée à 15 h 39.
Source : UN PRESS, 30 oct 2019
Tags : Sahara Occidental, Maroc, Front Polisario, ONU, MINURSO,