Le mouvement d’Emmanuel Macron, La République en marche, a multiplié ces derniers temps les couacs, surtout depuis l’annonce de la liste des candidats en marche vers le palais Bourbon. Certains, ayant trouvé un grand écho médiatique, relèvent de l’amateurisme des équipes en charge des investitures, mais d’autres, nettement moins médiatisés, sont carrément le fruit des fortes pressions qu’ont exercé différents lobbies sur la décision du nouveau président en matière de choix des possibles futurs parlementaires.
Emmanuel Macron vient de céder au premier coup de pression venu du Maroc.
Leila Aïchi, d’origine algérienne, a été retirée de la liste des candidats de « la République en Marche », parti du nouveau président français, aux prochaines législatives.
La sénatrice avait été investie pour la 9e circonscription des Français de l’étranger (Afrique du Nord et de l’Ouest). Mais l’annonce de son investiture a provoqué un tollé au Maroc. Leïla Aïchi s’est en effet distinguée sur la question du Sahara Occidental pour des positions jugées favorables au Front Polisario.
En 2013, Leïla Aïchi a en effet lancé « un colloque sur le Sahara occidental » à Paris, parrainé par le Sénat français, durant lequel elle avait publiquement dénoncé « l’alignement systématique de la France sur la politique marocaine du Sahara, et ce malgré les graves violations des droits de l’Homme constatées par les ONG humanitaires ».
Elle s’était également « alarmée de l’indifférence internationale quant au sort réservé au peuple sahraoui », affirmant que « le Sahara occidental et ses habitants subissent l’occupation marocaine depuis près de quarante ans».
« Aujourd’hui, les Sahraouis sont privés du droit d’administrer leur propre terre. Prenons garde que, par désespoir, l’extrémisme ne l’emporte si aucune solution légitime n’est trouvée, et que le Sahara ne se transforme en un nouveau nord Mali », indiquait par ailleurs Leïla Aïchi en janvier 2013.
En réaction à l’annonce de son investiture, l’antenne marocaine de la « République en Marche ! » avait décidé de se désengager de l’élection législative. En France, le lobby marocain s’est mis en action. Il semble avoir gagné.
L’affaire du retrait de la candidature de la sénatrice franco-algérienne Leila Aïchi, un scandale auquel la République en marche et le Modem de François Bayrou refusent de donner des explications claires, témoigne de la persistance des usages et des façons de faire datant du passé.
Le fait que la commission nationale des investitures de La République en marche se soit pliée et le Président n’ait pas pu arbitrer le cas de la 9e circonscription des Français de l’étranger, prouve clairement que les sphères d’influence à la solde du royaume chérifien, au premier rang desquelles figure l’auguste président de l’Institut du monde arabe, sont très puissantes.
Plusieurs fois épinglé sur la gestion catastrophique dudit institut et à maintes reprises cité par la presse hexagonale dans des affaires classées sans suite faute de plaintes et de témoignages, comme par hasard, où il est soupçonné de participer à des soirées, accompagné de compères tout aussi folâtres, se livrant à leurs frasques aux frais et sous l’œil bienveillant du roi, Jack Lang, le lobbyiste en chef du Maroc, ne rate jamais l’occasion de porter la petite voix du royaume.
Ils sont nombreux ces hommes politiques français à plaider la cause marocaine (parfois à l’opposé des intérêts de la France) et à œuvrer, pour certains dans l’ombre, ouvertement pour d’autres, à contourner les résolutions de l’ONU s’agissant notamment de la dilapidation et de la vente illégale des richesses des territoires occupés du Sahara Occidental sur le marché international.
Les hommes politiques Français en particulier sont biens gâtés. Le Maroc leur offre des vacances de pacha payées par le Makhzen. Ils sont reçus comme des rois. Ils ont droit à tous les délices interdits : femmes, alcool, drogue, chair fraîche, bref tous les vices. Par contre, l’Algérie leur impose un visa, ils ne sont pas reçus en rois. Le choix est vite fait.
En 2011, l’ambassadeur de France pour les Nations Unies, Gérard Araud avait dit : «Le Maroc est une maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre».
Cette semaine les médias marocains ont commencé à prendre pour cible Jean-Yves Le Drian. Le nouveau ministre français des Affaires étrangères est accusé d’être pro- Sahara Occidental.
Souhail Ftouh
Identité Juive, 20 mai 2017
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