Par Olivier Eggermont
Ce mardi encore, Sophie Wilmes, mais également certains responsables Ecolo, appelaient à une responsabilisation mutuelle et à la formation rapide d’un gouvernement pour s’occuper des urgences, qu’elles soient sociales, climatiques ou budgétaires.
Et pourtant, nous en sommes encore loin. Dès la nomination des préformateurs Rudy Demotte (PS) et Geert Bourgeois (N-VA) ce mardi, le temps était plus à la distribution d’exclusives qu’à la recherche d’un compromis salvateur. Paul Magnette, promis à la présidence socialiste, avertit déjà que le PS et la N-VA ne sont d’accords sur rien. Tandis que la N-VA crie sur tous les toits qu’elle veut négocier avec le PS, va jusqu’à dire qu’elle veut bien mettre le confédéralisme au frigo mais nomme Theo Francken (le diable personnifié pour les socialistes) négociateur fédéral et fait tout pour se laver les mains d’un possible échec des négociations. Dans le même temps, une éditorialiste francophone bien connue écrit que celui qui s’allie avec la N-VA « prend le risque de perdre son âme ». Charmant.
Autrement dit, le mariage n’est pas encore prononcé que les conjoints parlent déjà de la garde des enfants.
Au milieu de ces gesticulations, il s’agirait que les négociateurs (où l’on voit revenir une certaine ex-pré-future-retraitée) se posent les bonnes questions : 1. Suis-je prêt à mettre de côté mes pulsions électoralistes pour agir dans l’intérêt commun ? 2. Le fait régional a-t-il mis en péril la formation d’un gouvernement fédéral ?
Le principal souci se situe sans doute là. Et si la N-VA agite le spectre du confédéralisme, celui-ci pourrait n’être plus que symbolique. Alors oui, c’est vrai, la Belgique reste un État fédéral. Mais dans les faits, l’intérêt régional a pris le dessus sur celui du pays. Quand le PS négocie longuement avec le PTB et ensuite se lance dans une tentative de Portugaise avec Ecolo pour une majorité minoritaire, il envoie un message à la Flandre. De même, quand la N-VA se met à table avec le Vlaams Belang pour ensuite conclure un accord de gouvernement aux accents de droite dure, elle envoie un message à la Wallonie. Ces messages ne sont sûrement pas les objectifs premiers de ces accords de gouvernement. Mais ils n’en restent pas moins des obstacles à la formation d’un gouvernement fédéral.
Ces derniers mois, comme en 2014, ce sont les gouvernements régionaux qui ont reçu la priorité. Simple souci de facilité ou résignation anticipée à un confédéralisme qui semble de moins en moins évitable vu les réalités de nos deux Régions ? Il faudra poser la question au PS et à la N-VA qui ont conduit les négociations en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre. Si l’on ajoute à cela nos complexités institutionnelles et un État fédéral qui paraît de plus en plus vidé de sa substance, le constat est accablant.
En 2018, plusieurs personnalités libérales (Alexander De Croo, Sophie Wilmès et François Bellot à l’appel des Jeunes MR,…) appelaient à une refédéralisation de certaines compétences. J’espère que cette idée n’a pas été rangée au frigo et qu’elle sera couplée à l’avenir avec un sens des priorités mieux établi dans la constitution de nos différents exécutifs. Il en va tout d’abord de l’avenir en notre pays mais aussi de la confiance de la population envers notre système démocratique à l’heure où le blocage est plus institutionnel que l’innovation.
À présent, il est temps de rentrer dans le vif du sujet. Et pour ce faire, la Belgique a besoin avant tout d’une chose : de la bonne volonté. Cessons cette partie sordide de poker menteur et osons agir dans le sens des responsabilités. Après tout, c’est le chantre de l’acte politique. Avant d’être partisan, il se doit d’être responsable
Source : Olivier Eggermont, 10 oct 2019
Tags : Belgique, confédéralisme, confédération, Flandre, Walonnie,