COMMUNIQUE
Nous soussignés ,les détenus du hirak du RIF, informons l’opinion publique nationale et internationale qu’après avoir fait valoir notre position d’abandonner la nationalité marocaine et de rompre le lien d’allégeance au roi et des positions politiques critique du régime autoritaire marocain, les différents appareils de l’État se sont mis à nous harceler et exercé à notre encontre, d’une façon délibéré et systématique, une forme de torture et de l’intimidation psychologiques, en représailles des opinions que nous exprimons depuis la prison, via nos familles.
Cette intimidation s’est reflété dans les pratiques des éléments relevant de la délégation générale à l’administration pénitentiaire, en association avec les services de renseignements, qui ont pris d’assaut notre cellule, le dimanche 6 octobre 2019 à 10h pour une fouille de routine, aux dires l’administration. Cette opération consistait en une fouille intégrale de tous nos bagages et effets personnels.
A la fin de cette opération, ils n’ont trouvé aucun objet interdit. Un élément de l’équipe de fouille a tenu des propos offensants à l’encontre du détenu politique Zakaria ADEHCHOUR, portant atteinte à sa vie privée. 5 jours plus tard, c’est-à-dire vendredi 11 octobre 2019 à 7H du matin, nous avons été surpris par le débarquement de nombreux éléments de l’administration pénitentiaire, accompagnés d’agents du renseignement vêtus de masques et de gants. Ils tentèrent de semer la terreur et l’intimidation.
Par une intervention barbare, ils nous ont palpé, tout en insistant pour nous arracher nos sous-vêtements, mais nous avons protestés et avons exigé l’utilisation des moyens de détection électronique en leur possession , ce qu’ils ont refusé et ils n’ont accepter de l’utiliser que pour fouiller les effets et scanner les murs de la cellule. Ils ont ensuite saccagé tous nos effets personnels et nos biens , donnant des coups de pied au hasard contre des équipements de nourriture et de vêtements, ce qui nous a forcés à faire sortir toutes nos affaires pour les ranger à nouveau (nous mettons au défi la délégation de publier un démenti de ces faits, comme ils le font d’habitude; et de faire accompagner tout démenti par une vidéo documentant cet assaut).
Plus grave encore, ils ont feuilleté nos mémos et les ont soigneusement examinés . Ils ont retrouvé parmi les effets du prisonnier politique Nasser Zefzafi, son journal qui comprend un article critique des crimes espagnols commis dans le RIF par Franco, qu’il a fait poster sur la page de son père hier. un officier du renseignement lui a dit: « Voulez-vous créer des problèmes avec l’Espagne? » Ils ont également photographié ce journal et même une lettre qui était destinée à sa mère. Aussi, ils ont été également alertés par des écrits en tamazight, en caractère Tifinagh. Ils ont demandé quel était son contenu : « C’est quoi cette langue? » s’est demandé l’un d’entre eux. Nous nous sommes levés en face, en disant que « c’est la langue de nos ancêtres, qui nous a inculqué le sens des valeurs humaines et le sens du sacrifice ». Cette opération n’a également entraîné aucune détention d’objets interdits, mais visait à nous harceler et jouer avec nos nerfs.
Sur la base de ce qui précède, nous considérons que ces pratiques font partie de la guerre psychologique, pratiquée par l’Etat marocain à notre égard, dans ses prisons, consacrant son approche autoritaire et raciste en faisant taire toute voix critique de sa structure autoritaire et une sorte de tactique de liquidation en faisant le pari de nous influencer psychologiquement via la démonstration de force et en poursuivant leurs actes d’agression et de répression.
Nous considérons que les atteintes et les insultes envers notre identité et notre langue TAMAZIGHT constitue un comportement honteux reflétant la tentation de l’apartheid et de la discrimination raciale et un crime à caractère raciste en soi
Nous déclarons à l’opinion publique nationale et internationale que notre vie à l’intérieur de la prison a été ciblée par l’appareil d’État, qui a violé toutes les conventions et pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme et à la dignité, ainsi que les droits politiques, économiques et culturels, aussi nous faisons porter à l’état marocain la responsabilité de tout préjudice que nous pourrions éventuellement subir. et les représailles éventuels à l’égard de nos familles.
Nous appelons les groupes de défense des droits de l’homme, nationaux et internationaux, pour qu’ils assument pleinement leurs responsabilités face à notre situation en prison.
La prison de Ras El Ma – Fez
Le 11 octobre 2019
Signataires:
1. Samir IGHID
2. Mohamed HAKI
3. Nabil AHAMJIK
4. Wassim EL BOUSETTATI
5. Zakaria ADEHCHOUR
6. Nasser ZEFZAFI
Source : Ahmed Zefzafi, 11 oct 2019
Traduction : Rachid Oufkir
Tags : Maroc, Rif, Hirak, nationalité,