Le discours du roi à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne du parlement a eu deux volets : Un qui exprime le voeu que le parlement et les partis deviennent plus efficaces, et un autre qui appelle les banques à faire crédit aux jeunes promoteurs. Il disait notamment : « …Nous invitons le gouvernement et Bank Al-Maghrib, en coordination avec le groupement professionnel des banques du Maroc, à œuvrer à la mise au point d’un programme spécial d’appui aux jeunes diplômés, de financement des projets d’auto-emploi…’.
Ce discours pose le problème de la responsabilité des acteurs, du roi, du gouvernement et du parlement.
Le roi est sensé d’après la constitution ne pas s’immiscer dans les politiques publiques, dévolues au gouvernement et au parlement. Qu’il décide, qui plus est seul et sans concertation prélable, de telles politiques relève de la violation de la constitution. Le parlement et le gouvernement, minables dans leur relation au palais, ne relèvent même pas l’outrage.
Les politiques publiques sont sensées être réfléchies dans un cadre global, annoncées dans le programme gouvernemental et construites sur la capitalisation historique. La préconisation d’un tel programme ne tire aucune leçon de la catastrophe qu’a été le programme « Jeunes promoteurs », qui aurait conduit des milliers de jeunes en prison si l’Etat avait appliqué la loi et exigé les remboursements contractuels. C’est une préconisation qui fait fi du constat de la mortalité phénoménale des jeunes entreprises, et du fait que ce n’est pas le financement qui amène la réussite, mais les conditions de réussite qui suscitent le financement.
Au Maroc, la qualité médiocre de la formation des jeunes (notamment ceux qui pourraient créer des entreprises), la croissance poussive de l’économie (causée particulièrement par les dépenses somptuaires et celles liées à l’armée, la répression et le Sahara), et la gouvernance de copinage et de corruption sont les vraies plaies qui empêchent les jeunes entreprises de prospérer et d’amener les banues à les supplier de prendre des emprunts chez elles.
Enfin, le roi possède la plus grande banque du pays, leader « magique » qui représente environ le tiers de l’ensemble du secteur bancaire du pays. S’il a des idées fortes à suggérer, qu’il les impose d’abord à sa banque, et les autres suivront si la voie montrée est convaincante.
Source : Fouad Abdelmoumni, 12 oct 2019
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