Dans « Capital et idéologie », de Thomas Piketty, éd. du Seuil, vous trouvrez des explications détaillées sur la façon dont les élites françaises et américaines, quand elles se sont enfin résolues à abolir l’esclavage, ont investi tout leur génie dans le calcul des compensations qui devaient être attribuées… aux propriétaires soudain privés de main d’œuvre gratuite, sans se demander si les esclaves eux-mêmes devaient recevoir un dédommagement.
Au sujet de Haïti, Piketty a écrit :
« Si la France accepta finalement de reconnaître l’indépendance (d’Haïti) en 1825 et de mettre fin à ses menaces d’invasion de l’île par les troupes françaises, c’est uniquement parce que Charles X avait obtenu du gouvernement haïtien que ce dernier accepte de payer à la France une dette de 150 millions de francs-or, afin de dédommager les propriétaires d’esclaves pour leur perte de propriété.
[…]
Il est important de se rendre compte de ce que représente cette somme de 150 millions de francs-or fixée en 1825. Elle a été calculée par référence à la profitabilité des plantations et à la valeur des esclaves d’avant la Révolution, au terme de longues négociations.
Cette somme représente environ 2 % du revenu national français de l’époque, soit l’équivalent de plus de 40 milliards d’euros d’aujourd’hui si l’on considère une même proportion du revenu national de 2018. »
Source : regardes.fr
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