Le général Toufik, le mythique ancien patron du DRS, les services secrets algériens, véritable pouvoir parallèle pendant de longues années, vient d’être condamné dans la nuit du mardi au mercredi à une peine de 15 ans de prison ferme « pour atteinte à l’autorité de l’armée et complot contre l’autorité de l’Etat ». L’homme emportera dans sa cellule les secrets les mieux gardés de l’Algérie. Retour sur quelques séquences qui ont chargé le cours de l’histoire de notre pays.
Algérie Part publiera plusieurs publications pour révéler le rôle du général Toufik dans plusieurs épisodes secrets et sombres de l’histoire contemporaine de notre pays. A Titre d’exemple, c’est le général Toufik qui avait joué un rôle déterminant dans l’hospitalisation d’Abdelaziz Bouteflika en 2013 à l’hôpital Val-de-Grâce en France.
Le président Bouteflika avait en effet déjà été admis au Val-de-Grâce en avril 2013, après une attaque cérébrale, avant d’être transféré en mai à l’institution nationale des Invalides, à Paris, où il est resté en convalescence jusqu’au 16 juillet, date de son retour à Alger. Mais ce que l’histoire ne raconte pas c’est que le général Toufik avait exercé toutes les pressions possibles et imaginables pour emmener Abdelaziz Bouteflika en France.
Oui, au départ, lorsque le Président Abdelaziz Bouteflika était tombé gravement malade à la suite de son AVC, il ne voulait pas quitter Alger pour séjourner à l’étranger. Au début de l’année 2013, au moment des faits, pris de panique, Said Bouteflika appelle en urgence le général Toufik. le frère du Président lui fait part de la détérioration dangereuse de son état de santé. Les médecins algériens d’Abdelaziz Bouteflika ont expliqué clairement à la Présidence de la République qu’il ne peut pas être soigné en Algérie. Aucune structure médicale algérienne ne pouvait lui délivrer une prise en charge à même de lui sauver la vie.
Le général Toufik s’est rendu ainsi au chevet d’Abdelaziz Bouteflika pour lui parler et le convaincre de partir en toute urgence en France. Après quelques tractations, Abdelaziz Bouteflika accepte. Et c’est à ce moment-là que commence le séjour régulier de Bouteflika au Val-de-Grâce.
A Paris, le général Toufik viendra régulièrement pour rencontrer Bouteflika et prend de ses nouvelles. Et c’est lors de ces discussions que le général Toufik confie à Abdelaziz Bouteflika qu’il ne pourra pas poursuivre ses missions de Chef d’Etat en raison de son état de santé. Clairement, le général Toufik a suggéré à Bouteflika de plus penser au 4e mandat. Selon plusieurs sources proches et bien introduites au sein du sérail algérien, ce sujet avait été abordé entre Bouteflika et le général Toufik à maintes reprises. Et le général Toufik n’avait jamais caché sa position préférant parler en toute franchise concernant son opposition à l’option du 4e mandat.
En parallèle, à Alger, le général Toufik avait multiplié les contacts à partir du printemps et l’été 2013 pour tenter de trouver un successeur à Abdelaziz Bouteflika. Le nom de Sellal a été évoqué à plusieurs reprises. Mais Abdelaziz Bouteflika ne vas pas du tout apprécier cette démarche du général Toufik et ses collaborateurs ou partisans. Le 12 juin 2013, il sort de son silence et appelle le Chef d’Etat-Major de l’Armée, Ahmed Gaid Salah, à lui rendre visite à Val-de-Grâce à Paris. Les images diffusées par l’ENTV font le tour du monde. Le message de Bouteflika au général Toufik était clair : j’y suis, j’y reste et j’ai toute l’armée entre mes mains grâce à la fidélité du chef d’Etat-Major de l’ANP, Ahmed Gaid Salah. La suite, tous les Algériens la connaissent : un 4e mandat a été imposé à tous les Algériens à partir d’avril 2014.
Algérie Part, 25 sept 2019
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