Maroc : le jour où Hammouchi a failli dormir en prison

Le ministère espagnol de l’Intérieur a attribué la Grand Croix de l’Ordre du Mérite de la Garde civile au patron des tortionnaires marocains de la police de Mohammed VI, le directeur général de la police marocaine, Abdellatif Hammouchi, et au commandant en chef de la gendarmerie marocaine, Mohammed Haramou. Un geste de la part des autorités espagnoles intervenu dans l’espoir de voir les autorités du pays voisin prendre des mesures afin de serrer le contrôle des frontières et d’arrêter les arrivées de migrants clandestins provenant du Maroc.

Ainsi l’Espagne vient de décorer un assassin visé par plusieurs plaintes en France pour complicité de torture. Les associations Acat, LDH, FIDH, Survie, sont derrière lui dans le but de lui faire payer ses méfaits. Mais c’était lorsqu’il croyait que la France était uin Etat de droit.

Ces plaintes sont à l’origine d’une brouille diplomatique entre les deux pays dont l’alliance se repose sur la lutte contre les aspirations du peuple sahroui dans le bur de s’approprier les ressources naturelles du Sahara Occidental.

En effet, le plus grand tortionnaire du Maroc est l’acteur d’une des crises diplomatiques les plus profondes depuis la parution de Notre ami le roi (1990), le livre de Gilles Perrault.

Recit d’Omar Brousky dans « La République de Sa Majesté » :

« Le 20 février 2014 est une journée printanière : la grisaille qui enveloppe d’habitude les derniers jours de l’hiver parisien est comme siphonnée par une lumière presque estivale. Mais non loin de la capitale française, le ciel bleu azur de la matinée s’assombrit soudainement. Quatre policiers se rendent ce jour-là en début d’après-midi à la résidence de l’ambassadeur du Maroc en France, dans la banlieue cossue de Neuilly-sur-Seine. Leur mission ? Notifier une convocation adressée par la justice française à Abdellatif Hammouchi, le patron de la sécurité intérieure du royaume et l’un des hommes les plus puissants du régime de Mohammed VI. Les policiers ont été dépêchés par la juge d’instruction Sabine Kheris, la célèbre magistrate qui a instruit des affaires aussi médiatisées que le procès intenté par Michel Gbagbo, fils de Laurent, contre Guillaume Soro, ou encore les dossiers Bettencourt et Karachi.

Abdellatif Hammouchi, 53 ans, est accusé par trois Franco-Marocains d’être au moins « complice » d’actes de torture, dans un centre de détention secret situé au siège même de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST, plus connue sous le nom de DST) à Témara, près de Rabat.

Parmi eux, Zakaria Moumni, 37 ans, champion du monde 1999 de kick-boxing – une discipline de la boxe thaïlandaise ».

Mohammed VI décide, alors, de suspendre toute coopération judiciaire avec Paris. Pour surmonter la crise, le gouvernement socialiste de François Hollande est allé jusqu’à réviser la convention de coopération judiciaire franco-marocaine pour mettre à l’abri les responsables du régime de toute poursuite. Ainsi, le Parlement français adopta un projet de loi qui oblige le juge français à se dessaisir, au profit de son homologue marocain, de tout dossier impliquant des personnalités politiques du royaume. Le texte, appelé « protocole additionnel à la convention d’entraide judiciaire entre le Maroc et la France », a été porté à bout de bras par Mme Guigou, jusqu’à son adoption définitive en juin 2015. A cela s’ajoute la décision de décorer Hammouchi de la légion d’honneur française.

Tags : Maroc, France, Espagne, Abdellatif El Hammouchi, DGSN, DGST, services secrets, torture, légion d’honneur, Zakaria Moumni,

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