Faillite de Thomas Cook: une terrible facture pour le tourisme en Tunisie

L’effondrement du géant européen du voyage Thomas Cook ferait très mal à de nombreux opérateurs et à de multiples destinations, dont la Tunisie pour qui il représente le premier pourvoyeur de touristes. Et les craintes sont extrêmement sérieuses dans les jours à venir.

Et si le géant du voyage européen Thomas Cook était mis en faillite dans les prochains jours ? Encore impensable il y a un an, cette éventualité est désormais une triste réalité pour cette entreprise qui a été créée il y a 178 ans, qui totalise 20 millions de clients par an en moyenne sur 16 destinations principales.

Que se passerait-il si le voyagiste était déclaré en cessation d’activité dans le monde et en Tunisie dans les prochains jours ? Hier, le groupe Thomas Cook assurait à ses clients britanniques inquiets que les activités se poursuivaient normalement et qu’ils étaient protégés par une garantie appelée ATOL.

L’Autorité britannique de l’aviation civile (CAA) a toutefois mis en place un plan d’action pour éventuellement rapatrier les 180.000 britanniques qui séjournent actuellement un peu partout. On parle même de l’opération de rapatriement la plus importante depuis la Seconde guerre mondiale dans le pays. Cette action a même été baptisée Matterhorn, du nom d’une opération de bombardement américaine sur les forces japonaises en 1945.

Ces opérations de rapatriement pourraient prendre deux semaines, soit la durée maximale de la plupart des séjours proposés par Thomas Cook. Pour les 450.000 autres clients Thomas Cook issus des autres marchés, la directive européenne des voyages tout compris (Package Travel Directive) s’applique pour les autres pays de l’UE qui pourront bénéficier de garanties ou fonds de remboursement locaux.

Sur la Tunisie, une faillite rapide de Thomas Cook constituerait une hécatombe pour le tourisme tunisien. D’abord, il faut savoir que les hôtels qui ont accueilli des clients Thomas Cook tout au long de cet été n’ont pas été payés pour les mois de juin, juillet, août et septembre. Le voyagiste aurait promis qu’un virement serait effectué le 4 octobre pour régler son dû aux hôteliers. Mais la question est de savoir si le T.O va survivre d’ici cette date.

Il faut donc, côté tunisien, se rendre à l’évidence: un défaut de paiement serait extrêmement grave et pourrait engendrer la faillite de nombreux hôtels (ceux qui ne juraient que par Thomas Cook et qui leur accordaient de gros, – voire la totalité de leurs allottements) tandis que d’autres enregistreraient un manque à gagner très important sur l’exercice actuel, sachant que les clients sont déjà venus et ont consommé leur séjour. Ceci outre les préjudices enregistrés par l’agence de voyage réceptive du T.O ainsi que les transporteurs aériens ayant acheminé une partie des clients Thomas Cook en Tunisie (essentiellement des blocs sièges sur les vols réguliers).

Au niveau macro-économique également, pour la Tunisie, ce serait également un énorme préjudice en termes d’entrées en devises d’après saison touristique.

La faillite de Thomas Cook ferait resurgir de vieux démons pour le tourisme tunisien marqué à jamais par la disparition de plusieurs T.O par le passé dont les plus tristement célèbres restent Carthago Reisen et autre Tursem qui avaient laissé dans les années 90 de très gros impayés auprès des opérateurs tunisiens, notamment hôtels, agences de voyages et compagnies aériennes. Et l’histoire a montré que dans ce genre de situations, il ne restait aux entreprises lésées que leurs yeux pour pleurer.

Hédi HAMDI

Source : Destination Tunisie, 21 sept 2019

Tags : Tunisie, tourisme, Thomas Cook, faillite,

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