La Tunisie n’arrête plus de faire l’actualité. Alors que le pays doit trancher dans les semaines à venir entre les deux surprises pour le poste suprême de président de la république, voilà que ce jeudi, on apprend la mort de l’ancien président, Zine el-Abidine Ben Ali.
Comme un sort ou une destinée bizarre, voilà que les deux finalistes à la magistrature suprême qui ont cette particularité d’être totalement hors du système qui gère le pays depuis des décennies se présentent face à leur électeurs presqu’au même moment que l’ancien dictateur quitte définitivement et pour toujours la scène.
Cet homme qui a régné sans partage sur la Tunisie, pendant 23 longues années, a du fuir le pays le 14 janvier 2011 suite au soulèvement populaire des Tunisiens. Un soulèvement qui allait signer le début de ce qui a été qualifié de « printemps arabe » par la suite. Trouvant asile en Arabie saoudite, l’homme est condamné dans son pays, dans une série de procès, tous par contumace, à plus de 200 ans de prison.
Pourtant, l’arrivée au pouvoir en 1987 de l’ancien ministre de la défense est accueillie avec enthousiasme et grand espoir par le peuple tunisien qui, enfin, venait de se débarrasser de son vieux président à vie Habib Bourguiba. Mais que la désillusion est grande quand il s’avère clairement qu’un système fermé et autoritaire mais aussi corrompu allait mettre le pays sous entonnoir durant toutes les années de règne de Ben Ali qui finira par tout abandonner et sauver sa peau en décidant de fuir, en ce jour béni pour les Tunisiens, le 14 janvier 2011.
Mais depuis le pays et les Tunisiens se cherchent toujours et cherchent une sortie à leur crise qui est restée profonde et même plus compliquée économiquement, malgré les grandes victoires remportées sur le plan politique et l’une des démocraties les plus aboutie de toute la région arabe et musulmane
Et comme pour conjurer le sort et couper avec les années de doute, de crainte et de pauvreté, les Tunisiens ont fait le choix lors du premier tour des élections présidentielles de plébisciter deux hommes qui n’ont rien à voir avec le sérail et les partis politiques qui ont sévi pendant l’ère Ben Ali et même après son départ.
L’austère et conservateur Kais Saeid et le fantasque et controversé Nabil Karoui, deux hommes sans aucune expérience politique ni aucun mandat auparavant, auront l’un ou l’autre à présider aux destinées de ce petit pays du Maghreb. Une perspective qui n’augure rien de bon pour les frères tunisiens. C’est du moins là l’avis général de tous les analystes tunisiens qui parle d’un « sombre tableau » et d’un « tsunami politique ».
Par Abdelmadjid Blidi
Ouest Tribune, 21 sept 2019
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