Point d’ordre du jour numéro 4, dialogue interactif avec la Commission d’enquête des Nations Unies sur le Burundi
Cette année, Human Rights Watch s’est entretenu avec plusieurs des centaines de réfugiés qui continuent de fuir le Burundi tous les mois. Beaucoup d’entre eux le font à cause du climat de violence qui règne dans le pays : la découverte dans la rue du cadavre d’un voisin présentant des traces de passage à tabac ou de coups de machette, la disparition d’un proche ou les menaces récurrentes de la part de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure, les incite à quitter le pays. Mais de plus en plus de réfugiés nous parlent des contributions financières « volontaires » qu’ils sont contraints à payer au parti au pouvoir, le CNDD-FDD, et pour financer les élections de 2020. Un réfugié interrogé en juillet a déclaré :
J’ai quitté le Burundi car je n’étais pas membre du parti au pouvoir. Les Imbonerakure m’ont demandé de payer parce que je n’étais pas membre du parti. Ils me demandaient sans cesse de l’argent, jusqu’à ce que je commence à travailler à perte. Quand j’ai essayé de passer en Tanzanie, j’ai été accusé d’être un rebelle et de soutenir l’opposition.
De nombreuses personnes interrogées cette année nous ont affirmé que refuser de rejoindre, de donner de l’argent, d’assister aux rassemblements ou de participer à la construction des bureaux du parti au pouvoir exposait les citoyens aux menaces, aux passages à tabac, aux arrestations, voire même aux assassinats. Selon nos recherches, les Imbonerakure ont installé des barrières, où ils ont passé à tabac et extorqué de l’argent à des personnes qui ne pouvaient pas prouver leurs contributions financières pour les élections, empêché des gens d’accéder à des marchés et perçu de force des contributions en nature, de la part d’une population déjà très appauvrie.
Et pourtant, le mois dernier, la Tanzanie et le Burundi ont conclu un accord en vue de rapatrier tous les réfugiés burundais de Tanzanie, qu’ils souhaitent retourner dans leur pays ou non, sous prétexte que le Burundi est un pays en paix. Selon la Commission, l’actuelle impression de calme n’est qu’une illusion basée sur la terreur. Human Rights Watch soutient cette analyse.
La poursuite des abus et le sérieux avertissement de la Commission d’enquête au sujet des risques de nouvelles atrocités moins d’un an avant les prochaines élections viennent souligner l’importance du renouvellement du mandat de la Commission lors de cette session, afin qu’elle continue son travail, qui est d’une importance critique. Ce mandat est d’autant plus important que le bureau au Burundi du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a été contraint de quitter le pays en février.
Mesdames et messieurs les membres de la Commission, pouvez-vous évaluer plus précisément les risques que courent les Burundais qui sont récemment rentrés de l’étranger ? Pensez-vous que la communauté internationale dispose sur place des mécanismes nécessaires et de la capacité à surveiller de manière indépendante la situation des Burundais rapatriés après leur retour ?
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