par Abdou BENABBOU
La date des élections présidentielles est maintenant connue. Tel un brise-glace, le pouvoir fonce droit devant et il serait naïf de croire que sa lancée tenace obéirait à une volonté de se débarrasser d’une lourde charge que les mauvaises conjonctures politiques lui ont fait porter. La rue et les salons connaîtront d’évidence des remue-ménages stridents donnant libre cours à un colossal jeu de ficelles dont on ne connaît pas l’issue. De fait, personne n’est disposé à penser que les vrais décideurs du moment avaient décidé sans atout et sans efforts d’anticipation bien calculés de s’en mêler les pieds dans un terrain obscur et mouvant et prendre les devants. Leur agrippement au pouvoir au nom d’une légalité contestée éloigne toute idée d’un harakiri de leur part car il serait à l’opposé du sens de la responsabilité qu’ils ont tenu à s’attribuer avec une poigne évidente.
Vaille que vaille, les élections seraient à un mois de décembre si proche, presque demain et tout à l’heure, qu’il est permis de s’interroger sur la teneur de la logistique nécessaire d’un événement censé aiguiller définitivement la destinée d’un peuple. Celui-ci partagé entre la sclérose de la rente avec les mauvais effets des acquis et l’évidence d’un obligatoire retour aux bonnes normes et l’imparable besoin de justice et de rationalité pourrait craindre un chambardement qui le rendrait perdant. Il est permis de penser qu’il ne demandait pas tant et que les prochaines élections s’avéreraient simple formalité pour sauver les apparences avec un record d’abstention jamais égalé jusqu’ici.
S’il reste à observer le nébuleux versant des postulants et des prétendants, cette nouvelle péripétie censée historique n’aura que la faveur d’effleurer la crise multiforme que vit l’Algérie.
Passage obligé pour le moment certes, mais dans ce début de siècle totalement émacié où la majorité des peuples s’entretuent pour leur survie, il est de bon augure de se demander s’il n’est pas nécessaire que chaque Algérien soit un président de la République. Il va de soi, en bonnes conscience et intelligence.
Le Quotidien d’Oran, 17 sept 2019
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