L’union européenne suit de près et avec un grand intérêt les événements qui marquent l’actualité politique et économique de l’Algérie. Le mouvement populaire déclenché depuis le 22 février ne semble point impacter les relations qui l’a lie à l’Algérie ou du moins les fragilisées. L’UE voit en Algérie un pays partenaire à part entière qui joue un rôle incontournable dans la région.
De notre envoyée spéciale à Bruxelles : Wassila Ould Hamouda
Qu’elle change de gouvernement ou de Président ne changera nullement son statut de pays voisin de l’UE. Les journalistes algériens représentants différents organes de presse en déplacement à Bruxelles dans le cadre d’une mission d’étude de cinq jours ont relevé cette ambition affichée et clairement exprimée par l’UE dans l’optique de consolider sa politique européenne de voisinage.
Cependant , le Hirak même s’il ne suscite aucune inquiétude auprès des ses instances , l’UE observe avec un grand intérêt ce qui se passe actuellement en Algérie. Sa position est sans ambiguïté. Elle a été réitérée aux journalistes algériens lors de leur visite au niveau de cette instance. L’UE estime qu’il s’agit d’une affaire algérienne qui doit être réglée par des algériens. Le caractère pacifique du mouvement populaire a été salué. Le Hirak a surpris plus d’un au niveau des institutions européennes qui ne s’attendaient nullement à un tel revirement de la situation. Selon des lectures faites ici et la dans les différents services, il est évidement claire que l’élection présidentielle consiste une étape de transition et que l’encadrement s’impose de lui même.
L’intérêt de l’UE est que l’Algérie reste stable et forte. Sa stabilité va aussi de sa stabilité et de celle de la région, a t’on aussi relevé. Son effort dans ce cadre a été mis en exergue. L’UE est convaincue de l’importance de notre pays qui joue un rôle prépondérant de part ses institutions diplomatiques pour promouvoir le dialogue et la sécurité dans la région. Du coup, l’UE ne compte pas réviser sa copie en ce qui concerne l’Algérie. Plutôt elle affiche sa disponibilité à soutenir une transition vers un nouveau modèle de croissance. Toutefois elle reste attentive pour voir comment l’Algérie va se projeter dans l’avenir et quelles sont ses perspectives.
Rencontre sur le dialogue économique prévue à la fin novembre
Au-delà de cet aspect politique, l’UE tient donc au renforcement de son cadre bilatérale et multilatérale pour un partenariat fort et bénéfique à toutes les parties. Même si du côté algérien, l’accord d’association signé en 2001et entré en vigueur en 2015 n ‘a pas été profitable , la partie européenne avance le contraire estimant qu’il est assez positif aussi bien pour l’Algérie que pour les pays membres. Cette préoccupation sera inéluctablement soulevée lors de la rencontre sur le dialogue économique prévue le 27 novembre prochain au niveau de la capitale européenne. Des mises à jours seront faites lors de cette réunion programmée annuellement.
Du côté Algérien, il est attendu la participation des représentants du ministère des finances et de la banque d’Algérie mais aussi des instances chargées des affaires étrangères. Peut-on s’attendre à une évaluation de l’accord? D’après nos sources, il s’agira de discussion et d’échange sur la situation économique. À rappeler que l’Algérie a introduit une demande d’évaluation de l’accord en 2016. L’occasion sera donc propice pour mettre en relief les contraintes.
Du point de vue européen, l’Algérie devra réviser sa législation notamment le volet régissant l’investissement pour attirer plus d’investisseurs étrangers dans son espace. Ce qui est également demandé, plus de cohérence et stabilité de la politique d’investissement. Le débat sur la règle d’investissement 49/51 est toujours d’actualité pour l’UE qui l’a considère contraignante pour les investisseurs européen. L’Algérie tient, par contre, à ce dispositif.
Pour attirer plus d’IDE, l’UE préconise que l’Algérie devra accélérer son processus d’adhésion à l’organisation mondiale du commerce (OMC).C’est ce qui lui permettra également du point de vue européen la diversification de son économie. En attendant, l’Algérie restera le 1 er partenaire de l’UE dans la région. La coopération entre les deux parties se décline sur trois secteurs prioritaires pour lesquels un budget de 40 millions d’euro est consacré annuellement. Il s’agit de la gouvernance économique et appui à la diversification de l’économie, la dynamisation des territoires et démocratie participative et enfin l’énergie et environnement et action climatique. Pour la période 2017-2020 de nouvelles priorités ont été identifiées particulièrement dans le secteur de la justice, énergie, transport. Une rencontre de sous comites techniques est programmé avant la fin de l’année pour identifier de nouveaux projets de coopération.
2,5 millions d’euros additionnels pour renforcer les échanges académiques
L’UE a alloué un soutien spécifique pour l’Algérie de l’ordre de 2,5 millions d’euro additionnel par an pour doubler les échanges académiques et ce pour la période 2019-2020. Cette action s’inscrit dans le cadre d’ »Erasmus », un instrument de coopération sur deux volets formation académique et crédit mobilité qui concerne des jeunes dont l’âge ne dépasse pas 30 ans.
Depuis son lancement en 2015 en Algérie, Erasmus + a engagé 8,9 millions d’euro visant l’enseignement supérieur et le renforcement des capacités. À travers 40 universités conventionnés seulement 20 projets ont été présentés. Les universités les plus actives sont celle de sciences technologique d’Oran, université de Tlemcen, Hassiba Ben Bouali de chlef… sur le plan mobilité des étudiants, l Algérie est parmi les derniers à bénéficier d’une enveloppe conséquente. Sur un budget global Erasmus+ de 350 millions d’euro pour l’ensemble du voisinage sud seulement 6% est accordé à l’Algérie derrière la Tunisie (16%) et le Maroc (18%).
Ainsi, 7 millions d’euro est consacré à cet aspect. En 2018, au environs 1500 mobilité d’étudiants algériens vers l’Europe et 500 européen vers l’Algérie. Cela étant dit l Algérie ne tire pas profit de cette opportunité qui propose formation et échange culturelle. On a pu comprendre aussi que les budgets sont décidés en fonction de la pertinence des projets proposés par les pays tiers.
Pour les études en Master, seulement 20 étudiants ont été acceptés dont 7 en 2018. Le master est ouvert à tout bachelier sans passer par le canal de l’université mais par un consortium chargé de la sélection. D’après les sources européennes ce chiffre est expliqué, d’un côté, par le refus d’octroi de visa. Aujourd’hui les algériennes visent de nouvelles destinations autres que la France.
Si l’on se réfère à la répartition des projets de mobilité de crédit Europe- Algérie par Erasmus+ en 2018 on constate que l’Espagne est au podium avec 38% suivie de la Turquie (17%), du Portugal (16%), de la Romanie (15%), de l’Italie (12%) et de France (10%). Dans le volet jeunesse, la participation algérienne est également timide. Sur 12 000 jeunes de la région sud, 539 algériens ont participé à des activités portant des thématiques différentes. Outre ce projet, l’eu propose Eve. C’ est une plateforme lancée en 2018 pour permettre aux jeunes des échanges virtuels . Le but de l’UE est d’atteindre 25 000 personnes. Depuis son lancement 8200 participations a été enregistrées dont 118 implications de jeunes algériens.
Source : Sud Horizons, 12 septembre 2019
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