L’Occident se tatoue !
Par Amine Bouali
Il suffit de s’être un peu baladé cet été sur les plages espagnoles pour s’apercevoir à quel point le corps humain occidental (masculin et féminin) est envahi par le tatouage, cet autre attribut de la singularité moderne que portent avec fierté, sur leur peau bronzée, les secrétaires anglaises en goguette à Benidorm.
Ainsi, non content d’être l’enfant choyé des derniers siècles, de détenir les meilleurs Produits intérieurs bruts de la planète, d’avoir inventé la robe Chanel et le costume-cravate, l’Occident désormais s’encanaille à bon marché en s’appropriant à large échelle les codes culturels des bagnards américains, des marins saouls de Hambourg et des peuplades sauvages de Polynésie.
40% des américains qui ont la trentaine seraient aujourd’hui tatoués et 20 % de la population française le serait également. Si certains se contentent de tatouages discrets, d’autres, par contre, les arborent comme d’immenses verrues les couvrant de pied en cap, peut-être dans une tentative inconsciente de disparaître derrière le dessin à l’encre qu’ils se sont fait tailler sur la peau. L’Occident, repu mais désillusionné, a t’il décidé de sortir de la civilisation du « métro-boulot-dodo » pour revenir aux âges primitifs ?
Les canons de la beauté varient, certes, selon les époques et les sociétés, tout comme la consécration des différentes formes d’art. Mais blasé et sans Dieu, l’Occident contemporain veut expérimenter tout ce qui lui passe par la tête, en quête perpétuelle de nouvelles frontières, de nouveaux horizons. Les révolutions estudiantines libertaires des années 1960 ont fait vaciller les anciennes certitudes et, pour la nouvelle « religion » qui leur a succédées, il est « interdit d’interdire » et la marge a pris le rang d’une deuxième norme. L’Occident se tatoue, s’invente une nouvelle peau, comme on cherche désespérément une identité.
Algérie1, 11 Septembre 2019
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