Par Rachid Oufkir
L’objet de cette contribution vise à questionner le positionnement et le regard des rifains porté sur les luttes des peuples du monde, en particulier les Sahraouis (Sahara occidental). Intérroger les non-dits, et la mystification autour de cette question et même l’adversité que cela entraine. J’entend expliquer, brièvement et directement, en quoi ce positionnement ne fait que perpétuer un système oppresseur et renforce la colonisation de peuplement du Sahara. Il est aussi question de dénoncer le carcan “patriotique”, les raccourcis et les préjugés, répandus ici et là, qui nous asservissent et nous empêchent de réfléchir correctement. Enfin, je pense que cette situation peut également être source de remises en question, elle peut représenter une occasion pour mieux définir, à l’avenir, le rapport entre la lutte dans le RIF avec celles des autres peuples en lutte dans l’espace nordafricain.
La problématique : Dans l’espace public rifain, les échos du conflit dans le Sahara Occidental sont vivement ressentis, il laisse place à des réactions en chaine, pour la plupart négatives, qui peuvent être caractérisées comme problématiques, schizophréniques, et même sadiques. Curieusement, certains sujets rifains, ceux qui d’habitude critiquent Rabat, finissent en collusion avec lui, lorsqu’il s’agit du Sahara Occidental. Cela se fait dans une bruyante démonstration de zèle. D’où leur habitude à se servir, consciemment ou non, volontairement ou non, des sahraouis comme d’un bouc émissaire. Ils ne ratent aucune occasion pour dégainer, à leur égard, un mépris “irraisonné”, “irréfléchi”, mélangé à du sarcasme, à de la dévalorisation, et à de l’agressivité .
POUR MOI : Il y a une méprise monumentale sur la lutte du peuple sahraoui. Un tropisme antisahraoui. Ceux qui s’adonnent à ce genre d’exercice poursuivent plusieurs objectifs que je peux décliner comme suit :
– (1) Une recherche de visibilité. La volonté de se faire voir et d’exister par l’excès de bravoure et de fanfaronnade
(2) Une manifestation d’appartenance et de patriotisme (marocain) parfaitement assimilés
(3) La recherche de sublimer ce même patriotisme et cette même appartenance
(4) Un acte de condescendance. En bref, cet état de fait représente, pour moi, une posture, stupide et lâche, une absence de maturité, de dignité et de fierté. Il discrédite totalement leur combat, censé être fondé sur des principes immuables.
Mon raisonnement se veut simple. Il s’agit, en rappelant simplement des éléments objectifs, et accessibles à tout le monde, d’identifier le problème de fond dans cette situation conflictuelle et clarifier sa source. Le peuple sahraoui est un peuple dominé, qui subit de plein fouet la colonisation de peuplement, et réclame, en accord avec le droit international, son droit à disposer de lui même, indépendamment de toute influence étrangère.
LE GRAND MAROC
Au Maroc, depuis sa tendre enfance jusqu’à la vieillesse, un enfant marocain subit un endoctrinement intense. Une pratique constante, insidieuse et permanente. Il suit, via l’enseignement, les médias, la mosquée, les zaouïas, l’espace public et tous les corps intermédiaires, les principes que les pouvoirs publics lui inculquent. Ils arrivent artificiellement, à faire de lui un fervent patriote,وطني
Entonner manbita al ahrar ( que , rares, sont celles et ceux qui l’ont appris par cœur) , clamer que le Maroc s’étend de Tanger jusqu’à Lagouira, reprendre le refrain « Le roi, est notre roi et le sahara est notre sahara. الملك ملكنا و الصحراء، صحرائنا » . Se mettre sur ses grands chevaux lorsqu’il s’agit des “grandes causes” nationales et les “constantes” du pays telles qu’il les a apprises, participent de cette dynamique.
De même, la chanson de Jil Jilala العيون عينيا والساقية الحمرا ليا etc… se veut populaire au Maroc
Cela peut paraître banal de reprendre ces exemples, mais contre toute attente, ils sont l’arbre qui cache la forêt. La forêt ? Ce sont, d’une part, des enjeux politiques économiques considérables et des visées géostratégiques, et d’autre part, un lavage de cerveau en soi , sur des générations, dont la mienne. Il faut dire que cet endoctrinement dépossède l’enfant de son jugement critique pour qu’il soit au service d’un projet dont il ignore tout, qui le dépasse et n’en tire aucun profit.
Soit dit en passant, il est évident que les thématiques qui font l’objet d’endoctrinement sont multiples. J’irai jusqu’à dire que nombre d’enseignements dispensés à l’élève marocain, (l’histoire géo, en particulier) et le cadre pédagogique traditionnel en général, subissent de plein fouet cette pratique.
Au Maroc, le Sahara occidental, est un objet tabou, sensible, à moins d’adhérer à la thèse officielle, le Sahara marocain, qui s’impose comme une évidence et une réalité naturelle. L’évoquer en adoptant l’anti-thèse, peut entraîner des tracasseries à son auteur.
Il est à noter que le territoire est hyper sécurisé, hyper militarisé, truffé d’agents de sécurité et de renseignement, pour ceux qui ne le savent pas. Ceux et celles, de nationalité marocaine, qui veulent se rendre dans les camps de réfugiés sahraouis, à Tindouf (Algérie), risquent beaucoup. Une accusation et une condamnation de haute trahison, plusieurs années de prison et/ou un banissement du métier éventuellement.
Via les vecteurs que je viens de citer , qui sont des simples relais de la vision officielle, l’enfant marocain est plongé dans l’imaginaire du complot. On lui apprend que les sahraouis sont les ennemis de la « patrie ». Des « séparatistes ». Ils veulent « séparer le Sahara du territoire marocain » (de la haute trahison en soi) le Front Polisario est une “entité séparatiste”, « entité fantoche soutenue par Alger”. « Une entité ne disposant pas du moindre fondement d’un Etat ». Les sahraouis sont des « trafiquants » , des « contrebandiers », des » voyous » des « mercenaires » . Ils entretiennent des intelligences avec une puissance étrangère (Algérie) . La RASD est « chimérique » et « fantomatique ». « Un État factice qui ne subsiste encore qu’en raison du soutien de quelques ennemis de l’intégrité territoriale » (Algérie) . La RASD n’est autre qu’un « pseudo » . Le Sahara Occidental serait, selon eux, que l’affaire « d’une poignée de traitres retranchés à Tindouf et séquestrent des milliers de Sahraouis dans des conditions inhumaines » et j’en passe
Ce corpus idéologique est toujours très présent, et il est protéiforme. Tout cela est archi faux. Il ne correspond pas à la réalité.
Aujourd’hui, force est de reconnaitre que le monde a profondément changé, et qu’il y a de moins en moins de monde qui croit à ce bricolage et ce, sous l’effet conjugué de la mondialisation, de la généralisation et de l’accélération des nouvelles technologies de l’information communication, et des mouvements de population, et par conséquence le désenclavement des cultures et des territoires.
UNE HOSTILITE IRRAISONNEE
Comme tous les marocains, les rifains nourrissent, d’office, à l’égard de la cause sahraouie, une hostilité intuitive, cependant, naïve et non pensée, cela les rend constamment sur la défensive. Leurs représentations et leur imaginaire sont nourris par des décennies de propagande et de désinformation, qui ont leur impact dans la formation des opinions
Tout comme le reste de la population, les rifains ont été embrigadés dans un projet impérial, oppressif dont ils tirent zéro bénéfice. Ils n’ont aucune notion de ce qui se passe dans le Sahara. Ce qui s’y déroule est censuré et embelli, par la RTM, la DST, les élites, l’intelligencia économique et politique.
LE SAHARA, UNE QUESTION PREOCCUPANTE POUR LES AMAZIGHS…DU MAROC
Le système est ainsi, il est verrouillé pour la majeur partie de la population. Nous avons tous été embrigadés dans cette machination, à notre insu , contre notre plein gré. Il est difficile de décoder et s’extirper de cette désinformation, en étant plongé dans sa bulle, et dans le « monde » qui l’entoure, sans avoir accès aux ressources étrangères, sans s’ouvrir sur le monde, et sur ce que pensent les concernés, etc… y compris pour les groupes dits “progressistes”qui ont pignon sur rue, qui demeurent marocains en tout état de cause. Pour le meilleur et pour le pire. Ils conservent dans leur fort intérieur, ce gène antipolisario, en quelque sorte. Ce n’est pas qu’ils répètent à qui veut l’entendre que le Sahara est marocain ou qu’ils en font une cause en soi. NON, ils ne le proclament pas sur les tous les toits ( Quoi que les communistes marocains le font. C’est, on ne peut plus, ostentatoire à la fête de l’Huma) mais c’est leur silence qui est problématique. A contrario, ils se contentent de le supposer, de le susurrer dans un double discours à ce sujet, selon leurs interlocuteurs. Une approche prudente, par crainte d’une part, des représailles du pouvoir, et/ou par crainte d’être assaillis de critiques de toutes parts, remettant en cause leurs valeurs, qui se veulent d’essence universaliste.
Il y a aussi ceux qui ont recours au fameux subterfuge de l’amazighité pour contourner la question et sa sensibilité, en postulant que le Sahara est amazighe, comme pour noyer le poisson et dissimuler de proclamer le «Sahara marocain » (appelé aussi Provinces du sud’, ou Région du Sahara’) en laissant planer d’autres non-dits.
La doxa du mouvement amazigh au Maroc est une approche qui se limite à deux dimensions : nationaliste et culturaliste. Imbriqués l’un dans l’autre. Le Polisario se revendique d’un nationalisme arabe. La RASD ( République Arabe Sahraouie Démocratique) est une entité panarabe. Les sahraouis veulent implanter un état supplémentaire, d’essence arabe, dans Tamazgha (Afrique du Nord) et cela est inacceptable. Il représente un corps étranger, un obstacle à la paix et à la stabilité dans la région. Cela est une demi-vérité. L’autre demi qu’on n’oublie de mentionner est qu’ils sont motivés par une logique nationaliste, avant tout. (La monographie du Sahara Occidental)
Aziza IBRAHIM, une artiste et militante sahraouie interprétant Neccin d-imaziɣen
Quant aux amazighs algériens, une grosse majorité d’entre eux, (Qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition au pouvoir) est acquise naturellement, et de facto, à la thèse officielle et sacrée que défend le régime depuis Boumediene et bien avant. La position en question, demeure inchangeable. « Le soutien constant de l’Algérie au peuple sahraoui pour le recouvrement de ses droits, conformément à la légalité internationale et aux résolutions des Nations unies ». Amazighe ou pas amazighe, le Sahara occidental est une question d’ordre interne et fait l’objet d’un traitement très particulier. C’est d’abord un élément qui avantage l’Algérie dans le bras-de-faire avec le Maroc, et la repositionner sur la carte politique internationale et régionale. Ainsi la realpolitik l’emporte sur toutes les autres considérations. En somme, le mouvement œcuménique amazigh ou le panamazighisme s’arrête là où commence l’intérêt national. Chaque «peuple » raisonne en terme d’état-nation, en fonction de l’intérêt national. D’ailleurs, c’est un automatisme et un schéma qui régit tout l’espace maghrébin. Cela n’exclut pas des rassemblements de circonstance, ponctuels, mais jusqu’au là, ils sont infimes, et possible tant qu’ils ne ne remettent pas en question l’intérêt national et tant qu’ils ne touchent pas aux constantes des pays consécutifs en question.
D’autres approches, et prises de positions existent à l‘extrémité du spectre politique national algérien. Tel est le cas de la direction d’un mouvement, se réclamant du droit des peuples à l’autodétermination, qui a eu l’habitude de se ranger opportunément à ce sujet, sur la position officielle marocaine, prenant de facto le contrepieds des autorités algériennes. De même, par le passé, cette même direction, pour se faire bien voir, n’a pas hésité à justifier officiellement la repression contre les rifains.
UN OPPRIME QUI SOUHAITE L’OPPRESSION A UN AUTRE OPPRIME, EST SANS DIGNITE ET SANS HONNEUR.
Nous assistons aujourd’hui à un phénomène de communautarisation ou de revendication communautariste des droits de l’homme et les valeurs de la démocratie et la liberté, ce qui est une logique boiteuse et une aberration flagrante. Dans le cas qui nous concerne, la catégorie des rifains, en question dans cette publication, tient un lamentable double discours, incohérent et contradictoire car elle piétine certains des principes les plus élémentaires du droit international et des droits de l’homme. Cela leur fait perdre toute crédibilité sur la scène internationale.
Ceux qui luttent pour la liberté de leurs propres peuples et au même temps décrient, déprécient, dédaignent, méprisent, dénigrent, les luttes d’autrui, en l’occurrence, celle du peuple sahraoui, ne méritent ni la liberté, ni la sécurité pour eux.
Quelle prétention de se permettre de juger si les sahraouis sont un peuple ou non ! Quel culot de se permettre de leur donner ou de leur retirer une légitimité quelconque, et déterminer qu’ils ont ou non une conscience collective, alors que seuls les sahraouis sont habilités à le faire.
LES SAHRAOUIS NE SONT PAS LES ADVERSAIRES DES RIFAINS
Parfois il est Ô combien utile de rappeler certaines évidences et pointer du doigt le véritable adversaire pour les rifains. Ce n’est pas le POLISARIO qui emprisonne, opprime et humilie les rifains, bafoue leur culture et leur identité. Ce n’est pas la RASD qui assiège et militarise leurs villes, leurs villages, et leurs territoire. Dans un tel cas, je me demande à quoi rime cette adversité et cette animosité ?
LE RIF ET LE SAHARA OCCIDENTAL ONT BEAUCOUP DE CHOSES EN COMMUN
Certes, le RIF et le Sahara occidental, connaissent deux processus différents, cela n’empêche pas d’avoir des convergences et des points communs sous-jacents :
La lutte pour une identité, une culture, un territoire et une affirmation de soi
Tous les deux ont un même adversaire. Tous les deux, sont l’objet de sa domination.
Une oppression constante visant à les domestiquer, et/ou les écraser et/ou à les expatrier
Tous les deux ont des détenus politiques dans les prisons marocaines
Tous les deux font l’objet d’une politique d’accaparement et d’appropriation de leurs terres consécutives par une administration hostile
Tous les deux ont une volonté farouche d’arracher leur liberté et leurs droits et de s’affirmer en tant que peuple
…
LES SAHRAOUIS ONT UN TEMPS D’AVANCE SUR LES RIFAINS.
Les sahraouis savent ce qu’ils veulent. Ils n’ont qu’une revendication : l’indépendance nette et claire de leur pays, le Sahara occidental. Tandis que les rifains, on en est encore à un mouvement sociopolitique, naissant, plus généraliste, un peu flou, avec, officiellement, des revendications de services sociaux de base. Cela dit, il y a d’autres mouvements, des radicalités politiques, minoritaires, certains d’essence indépendantiste ou autonomiste, peu organisés, peu structurés, majoritairement en Europe, mais de plus en plus visibles.
Le Sahara occidental est une réalité effective , un fait que personne ne peut remettre en question. Il est bel et bien un Etat, qui a une existence légale, reconnu par l’ONU. Il a un exécutif, une armée, une diplomatie qui le représentent. Des partenaires, et des alliés étatiques. Beaucoup d’Etats qui le reconnaissent et le soutiennent. Un tracé territorial trés explicite (266 000 km² contre 446 550 km² pour le Maroc. Depuis le cessez-le-feu de 1991, la RASD a un contrôle sur un territoire qui représente environ 20 % du Sahara occidental , tandis que le Maroc en contrôle 80 %.)
La RASD est membre de l’Union africaine depuis 1982, au même titre que le Maroc. Ils siègent ensemble dans la même assemblée et traitent d’égal à égal.
Les sahraouis ont de quoi affronter militairement les FAR comme ils l’ont fait dans le passé
Les sahraouis ont contraint le Maroc à s’asseoir à la table des négociations.
L’état marocain leur court derrière, les supplie, pour qu’ils acceptent le statut d’autonomie avancée, qu’ils refusent aux rifains, tandis que les sahraouis ne l’ont jamais accepté, et maintiennent, coûte que coûte, l’objectif stratégique et non négociable, qui est le leur, à savoir la décolonisation et l’indépendance
etc….
Dans le RIF, un territoire qui n’a aucun statut juridique précis, une région éclatée sur plusieurs provinces, on n’en est pas à ce stade. Certes la région a vécu son âge d’or, une phase républicaine, dans les années 1920 du siècle dernier, mais cela, c’était avant. Je pense intimement au cours où vont les choses, le RIF s’achemine dans la même direction.
Autant dire qu’au jour d’aujourd’hui, le processus de réalisations des rifains est insignifiant par rapport à celui des sahraouis , qui ont de bonnes habiletés politiques, d’affirmation de soi , et une capacité à promouvoir et à défendre leurs intérêts
Cette démarche se veut une comparaison et un aperçu sommaire de la question, en reprenant quelques éléments. A ne pas placer dans une logique compétitive quelconque. Chaque peuple a sa personnalité, sa réalité, sa spécificité, son processus qui lui sont propres. Tous deux poursuivent des stratégies divergentes. A ne pas tout confondre.
L’HOPITAL QUI SE FOUT DE LA CHARITE
Le proverbe dit « Celui qui n’atteint pas la grappe dit qu’elle est acide. » Les rifains ont intérêt à multiplier les convergences des luttes. S’ils veulent être soutenus, ils n’ont qu’à renvoyer l’ascenseur, et soutenir ceux qui les soutiennent. La convergence des luttes ne signifie pas le désir d’avoir forcément un même avenir, mais simplement compatir, agir en solidarité avec la résistance populaire, s’apprécier mutuellement, car les deux peuples mènent deux luttes symétriques, pour une cause que chacun considère comme noble. Ca pourrait être aussi une convergence de circonstance et de raison, d’échange, et de partage d’expériences.
Mon propos ici est de dire que promouvoir POUR SOI un imaginaire épique et une mise en scène héroïque d’une part, et dénigrer des luttes des autres peuples, de l’autre, cette ambivalence, à vrai dire, m’est insupportable. Quand j’interroge cette conflictualité absurde, créée de toutes pièces, je me dis que les rifains rendent services, bêtement et gratuitement, à une force qui opprime les leurs, en participant à opprimer un autre peuple résistant, comme le leur
Je pense que les rifains devraient prendre note de cette réalité effective et s’astreindre à s’occuper de leurs “oignons”, à balayer devant leurs portes, à s’abstenir de porter des jugements négatifs, de dénigrer la lutte des autres peuples, leurs actes de résistance et de libération, et ce, sur la base des inepties et des absurdités. Plus de 1000 km séparent le Sahara occidental et le RIF, donc aucun risque de conflit de voisinage et ni de conflit d’intérêts. Je ne vois pas en quoi cela fera avancer la cause rifaine, en ouvrant, contre des peuples opprimés au même titre que le RIF, de nouveaux fronts tous azimuts.
Cela dit, personne n’est obligé de proclamer son admiration pour les Sahraouis en lutte et leur combat. Ce n’est pas le sujet ici, mais personne n’a le droit non plus de les dénigrer, d’émettre, bêtement, des critiques malveillantes à leur égard, de les accabler davantage. C’est une façon de rendre justice à l’opprimé. A la place, je préconise, à tout le moins, de se contenter d’une approche critique, raisonnable et éthique, d’observer et d’exprimer des réserves. Par ailleurs, je note que les sahraouis se suffisent à eux-mêmes, n’attendent pas des sauveurs particuliers, ne comptent sur personne pour les reconnaitre, et faire avancer leur cause. En tous les cas, pas sur les rifains et ni sur les marocains. Ils savent se défendre. Cela est un fait. Ils savent pertinemment que ça ne sera pas possible vu le consensus, conscient ou non, dans le pays sur la marocanité du Sahara. Cette écrasante majorité de la population, objet de mon propos ici, est dépourvue d’une marge de liberté d’expression et d’action, sur la question.
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