Fonds européens contre les migrants: c’est ainsi que l’Espagne bloque les flux

Giorgia Baroncini

Après l’urgence des migrants en 2018, les flux ont diminué en Espagne. La tactique de Madrid: renforcer les relations avec le Maroc pour bloquer l’immigration avec des fonds européens

Sans attirer l’attention, ils ont fait de l’Espagne le pays ayant le plus d’atterrissages: selon les données du HCR, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, plus de 65 000 migrants sont arrivés en 2018 (58 000 par mer). La même année, les débarquements en Grèce s’élevaient à un peu plus de 32 000 et ceux en Italie à 23 000.

Comme nous l’avons dit dans l’enclave de Ceuta, l’année dernière, pour la première fois, le gouvernement espagnol a été confronté à une véritable urgence migratoire. Ainsi, pour faire face au phénomène, Madrid a renforcé ses relations avec le Maroc, pays clé pour la gestion du flux.

Le premier semestre 2019 a donc connu un retournement. Comme indiqué par La Stampa, le Verseau en 2018 et la tentative de sauvetage des bras ouverts sont une exception: en Espagne, de nombreux petits bateaux arrivent souvent, souvent escortés par les garde-côtes ibériques. Et cela n’a pas provoqué de l’intolérance envers les étrangers dans la population. Les petites embarcations ne font pas peur aux Espagnols. Ou du moins, ils ne l’ont pas fait jusqu’à maintenant. « Pour un personnage public, il est impopulaire de s’exprimer avec des tonalités xénophobes – a expliqué le journaliste Sergio Del Molino – mais je crains que les choses ne changent bientôt, la question des migrants devient de plus en plus politisée, nous deviendrons bientôt comme la France et l’Italie, où certaines expressions sont devenues normales depuis quelques années maintenant, l’entrée de Vox au Parlement donnant à ces thèses une tribune officielle. « 

Relations avec le Maroc

En Espagne, il n’existe pas de véritable politique migratoire. Les mesures prises concernent le retour des migrants sur les deux territoires espagnols de Ceuta et Melilla entre l’Union européenne et l’Afrique du Nord. Et là, à la frontière marocaine, le jeu de l’immigration est joué. « Les relations entre l’Espagne et le Maroc ont toujours fait l’objet de secrets d’État et de mystères de toutes sortes. Les relations postcoloniales sont toujours complexes, a poursuivi Del Molino. Madrid utilise le voisin arabe comme le mauvais flic qui fait le sale boulot, mais dont il est souvent victime de chantage. Sans interférer dans les affaires intérieures du pays ».

Le pays d’Afrique du Nord a compris qu’il pouvait utiliser la traite des êtres humains comme bon lui semble, comme un levier contractuel. Et ainsi, à plusieurs reprises, il a ouvert et fermé le robinet de l’immigration. Et de Madrid et de Bruxelles, de l’argent continue à arriver dans les poches de Rabat pour bloquer les flux.

Source: Il Giornale, 26 août 2019

Tags : Maroc, Espagne, Migration, Union Européenne, UE,

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