Abandonner et répudier la nationalité n’était pas une décision irréfléchie ni le résultat d’une prise de décision hâtive, mais une décision infaillible, venue au terme d’une série de tentatives de jeter les ponts de rapprochement et de bonne intention de la part des détenus, une décision qui a ses motivations et ses causes, qui sont nombreuses; indépassables et dont on ne peut en minimiser l’importance aussi facilement.
Qu’on t’accuse explicitement de séparatisme et servir plusieurs agendas étrangers, n’est pas chose facile.
Le fait que la brigade nationale de la police judiciaire déclare explicitement que nous constituons un réseau clandestin, nous recherchions et planifions de séparer le rif du reste du territoire marocain, n’est pas anodin, une coïncidence ou une erreur d’écriture.
Etre condamné à 20 ans de prison ferme alors que rien n’a été prouvé contre toi, ne serait ce qu’une seule accusation fondée et étayée, est en soi le reniement de la patrie.
Sortir dans la rue, exiger tes droits fondamentaux à la vie et être ensuite conduit en prison ; relève bel et bien d’une injustice.
Tu dénonces les corrompus qui ont pillé les richesses du pays et tu iras même jusqu’à apporter une réponse à la question: Où est la richesse? Et en retour, ils te récompensent par la torture et des siècles d’emprisonnement, c’est un forfait en soi.
Que tout le monde s’allie contre toi, leurs médias, leurs tribunaux, leur gouvernement, leurs ministres et leurs politiciens pour t’accuser de déstabilisation du pays et de sédition, c’est l’arbitraire en soi.
Qu’on te juge pour tes idées, tes convictions et les icones historiques qui ont sacrifié leur vie pour la patrie, et que notre histoire et notre gloire finissent sur le banc des accusés c’est la prostitution même.
Que tu montres de bonnes intentions; tu tends la main au bourreau qui t’a massacré, t’a torturé et t’a jeté en prison et en dépit de cela, tu fermes les yeux sur les crimes et d’abus gravissimes, qu’il a perpétré à ton égard; ensuite il te maintient en prison, insouciant, ne manifestant aucune intention de tourner définitivement la page de ce dossier, c’est bel et bien de la vengeance et du sadisme.
Que nous reste-t-il dans cette patrie où tout est permis?
Quelle est la valeur de cette nationalité qui ne pèse plus rien sur le véritable marché patriotique?
Quel est l’avantage de cette nationalité si elle ne accorde pas au citoyen sa dignité et les droits minimaux qui le reconnaissent en tant qu’un bon citoyen?
Sur la base de ce qui précède, c’est l’État, avec sa brigade nationale, son ministère public, ses tribunaux, ses juges et ses médias, qui ont décidé de nous priver de cette nationalité et de ce patriotisme en général, c’est bien l’Etat qui a conduit le dossier du mouvement dans ce tunnel, ce qui ne fait que générer plus de tension et de crise, c’est l’état qui porte la pleine responsabilité de ce qui adviendra à l’avenir.
Traduction : Rachid Oufkir
Tags : Maroc, Rif, Hirak, Makhzen, répression,