La monarchie parlementaire est un régime politique dans lequel un monarque (roi ou reine) détient le pouvoir avec un parlement (ensemble de personnes qui ont été élues par le peuple pour le représenter). Le parlement détient le pouvoir législatif, celui de faire des lois. Le monarque détient le pouvoir exécutif, celui d’appliquer la loi.
Alors voyons voir !
L’institution d’une monarchie parlementaire avec la “sacralité du Roi”,
Avec le dit Premier ministre qui doit composer avec le Palais et ses conseillers et au passage devenu « Président du gouvernement » désigné, par le roi, avec la politique générale du pays pourra être discutée en Conseil de gouvernement et non plus en seul Conseil des ministres.
Avec le Roi qui est toujours le « chef des armées » conservant une emprise absolue sur l’institution militaire.
Avec l’instauration d’un « Conseil supérieur de sécurité », présidé par le roi, créé pour la mission de « gérer les questions sécuritaires internes, structurelles et imprévues » (1),
Avec le monarque qui dispose du pouvoir d’accréditer les ambassadeurs et les diplomates et Il préside le Conseil des ministres où se trouvent les vraies prérogatives de l’exécutif.
Avec la possibilité octroyée au Premier ministre de présider des Conseils de gouvernement mais assortie d’un accord préalable avec le Palais sur son ordre du jour… Le roi peut ainsi exercer un veto de fait sur les thèmes à discuter.
Avec le pouvoir de désignation aux fonctions civiles reste tributaire limitée par le fait que les personnes désignées doivent être au préalablement soumises au roi.
Avec Le roi conserve aussi le pouvoir de dissoudre le parlement après avoir consulté le président de la nouvelle Cour constitutionnelle dont la moitié des membres sont désignés par lui. Il préside le conseil ministériel, au sein duquel les grandes stratégies de l’Etat sont déterminées.
Avec le monarque qui reste « Commandeur des croyants et chef de l’Etat » et sa personne sera « inviolable ».
Et sans vision sur la séparation de l’accumulation de la fortune du roi et les décisions politiques notamment concernant les marchés publics.
Sans oublier les doutes caractérisés sur l’intervention du palais dans les décisions judiciaires notamment concernant les journalistes et les militants des Hiraks.
ET en même temps !
Un système du Makhzen spécialiste raffiné des arrestations, des enlèvements, des enterrements vivants, des tortures, des marginalisations de populations, des militarisations de zones d’habitation de civiles, de politiques fabriquant des corrompus, qui se fait une virginité par le « démettre » et par le « rendre des comptes »!
Démettre sans juger,
Démettre sans condamner,
Démettre sans poursuivre,
Démettre sans désigner la chaîne des responsabilités,
Démettre sans rendre justice aux accusés à tort,
Démettre en laissant le système tel quel,
Démettre en gardant toutes les prérogatives et la mainmise sur le sort de tout un pays.
Ils appellent ça « Zelzal », le tremblement de terre.
Dans la mécanique des plaques tectoniques, un tremblement libère. Il libère des énergies, des potentialités, des régions de la pression de la plaque qui bouge.
Or, le Zelzal de sa majesté, tout un symbole pour quelqu’un qui manifestement est un éternel touriste (1), n’a rien libéré. Ce qui en l’occurrence aurait dû être perceptible immédiatement.
Certains responsables des échecs sont rendus coupables individuellement, pour l’exemple, sans dire mot sur leurs politiques dont sa majesté est le premier garant de par son statut dans la constitution.
Les politiques systématiques depuis 50 ans ne méritaient pas un Zelzal Royal, lui très énergique dans ses colères parfois très capricieuses ?
Le Zelzal libérateur n’aurait-il pas dû commencer par le commencement, à savoir :
Libérer les accusés à tort puisqu’il l’a reconnu lui-même lors de son discours du 20 Août, qui d’ailleurs s’était plus destiné à libérer l’Afrique de son « joug algérien » (2) que celui de libérer le Maroc du « joug de la corruption » et des injustices sociales.
Le Zelzal libérateur qui liste parmi les causes de la défection des élites politiques installées depuis des décennies et de l’administration, son manque d’action du début du Hirak au mois de Mai, a oublié de rappeler que durant ces mois le système de sa majesté ne disposait d’aucun gouvernement faute de majorité lors des élections du 7 octobre 2016 et la re-victoire du PJD.
Le Zelzal libérateur n’aurait-il pas dû commencer par poser les bases d’un vrai débat national sur la richesse, matérielle et immatérielle : ses origines, ses modes d’accumulation, ses mécanismes de développement, ses politiques de répartition et de redistribution.
Le Zelzal de sa majesté avait-il réellement pour objectif de proposer des solutions pour l’éducation, la santé, la culture, la démocratie.
Bref à la libération du seul caractère manifeste de L’État : le caractère policier.
Le Zelzal de de sa majesté n’aurait-il pas du démettre la classe politique de la politique qui a échoué et qui échouera car, disait Einstein, il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre.
Ils nous ont rabâché le tremblement de terre avec ses éléments de langage, nous avons eu droit à la poudre, d’aucun ne dirait de perlimpinpin et ses dégâts camouflant le véritable Zelzal, celui des salles d’audiences des procès préfabriqués, injustes et humiliant les détenus, les familles, la défense et la presse.
Un Zelzal qui n’est plus ni moins qu’une « monarcho-thérapie » de groupe, un moyen de simuler la prévention, le traitement ou soigner et soulager une maladie sociale que connaît le RIF et tout le Maroc depuis bien longtemps : la corruption et ses implications.
En sommes un krach politique d’une aspiration aux intentions pas forcément louables, en tous les cas pour tous, à une monarchie parlementaire à l’espagnole par exemple
Alors rêvez la monarchie parlementaire quand le peuple rêve de la fin du Makhzen et de la reddition des comptes !
(1) Pour celles et ceux qui doutaient de la mainmise du palais sur la stratégie sécuritaires face aux Hiraks
Mohamed BENTAHAR
20/08/2019
Tags : Maroc, Makhzen, Mohammed VI, monarchie parlementaire,