Les critiques du président Donald Trump, y compris celles des médias, se réjouissent à l’idée de le voir comme une personne qui ne se préoccupe pas des droits de la personne et comme un président qui ne se préoccupe pas du tout du sort de ceux qui cherchent à obtenir la liberté dans le monde. Comme c’est souvent le cas en politique, la réalité est très différente. Le problème des réfugiés en Afrique du Nord en est justement un exemple.
Des centaines de milliers de réfugiés déplacés dans la région du Sahara Occidental en Afrique du Nord ont peut-être plus de raisons d’espérer aujourd’hui que jamais, grâce à la préoccupation et à l’implication de l’administration Trump.
Dans les années 70, le peuple du Sahara Occidental, alors connu sous le nom de Sahara Espagnol, a cru un instant qu’il serait libre quand l’Espagne renoncerait à ses revendications coloniales, mais ce ne fut pas le cas. Le territoire fut bientôt occupé par le Royaume du Maroc qui continue à revendiquer la région comme sa propre région, malgré les arrêts de la Cour internationale de justice et de nombreuses résolutions des Nations Unies reconnaissant le droit des habitants de la région, le Sahraoui, à l’autodétermination.
En 1991, après des années de combats, l’ONU a établi un cessez-le-feu dans lequel les parties ont convenu que le sort du territoire serait déterminé par référendum, donnant au peuple sahraoui le droit de déterminer son propre avenir. À ce moment-là, des centaines de milliers de personnes avaient fui le conflit et vivaient dans des camps de réfugiés administrés par l’ONU en Algérie. Ils s’attendaient à rentrer au Sahara Occidental après le référendum, mais ce vote n’a pas encore eu lieu et ils continuent à vivre dans ces mêmes camps près de 30 ans plus tard
Entre-temps, le peuple du Sahara Occidental a gagné devant la Cour Internationale de Justice et d’autres tribunaux judiciaires qui ont toujours conclu que le Maroc n’a pas d’ethnie, la revendication religieuse ou historique du territoire qu’elle a saisi. Aucune de ces décisions ni l’exigence quasi unanime qu’elle renonce à ce qu’on appelle désormais la « dernière colonie d’Afrique » n’ont empêché le Maroc de faire fi de la loi et de l’opinion mondiale.
Le conseiller en matière de sécurité nationale du président Trump, M. John Bolton, a demandé dans un important discours sur la politique américaine en Afrique, plus tôt ce mois-ci, pourquoi les Nations Unies ont mis 27 ans à organiser un référendum parmi seulement 70 000 personnes. C’est une bonne question.
Il y a eu de nombreuses tentatives d’arriver à un accord sur la date et les conditions du référendum promis, mais jusqu’à maintenant, rien n’a fonctionné. Le plus proche est venu quand, après que George H.W. Bush a quitté la Maison Blanche en janvier 1993, James Baker, son Secrétaire d’État, a accepté la nomination comme Envoyé spécial des Nations Unies pour le Sahara Occidental. Baker croyait qu’il avait un accord, mais le Maroc s’est retiré à la dernière minute, les négociations ont pris fin, et Baker est rentré chez lui au Texas.
Plus tôt cette année, il semble qu’il pourrait y avoir un mouvement positif. Après des mois de rencontre séparée avec les parties, l’ancien président allemand Horst Köhler, actuel envoyé spécial pour le Sahara Occidental, a convaincu les parties de se rencontrer lors d’une « table ronde » en décembre dernier et de nouveau en mars dernier. Les principales parties sont le Royaume du Maroc et le Front Polisario représentant le peuple sahraoui, mais d’autres nations de la région touchées par l’instabilité et l’incertitude découlant de l’impasse ont également été incluses dans la réunion.
En un sens, le fait que ces réunions aient eu lieu représente un progrès significatif parce qu’il n’y a pas eu de mouvement vers la résolution de la crise persistante du Sahara Occidental, mais plus tard M. Köhler a brusquement démissionné et l’impasse se poursuit. C’est une mauvaise nouvelle pour la région, pour les pays concernés et surtout pour le peuple du Sahara Occidental.
Les hommes sahraouis, les femmes, et les enfants contraints de fuir leur patrie et de croupir dans des camps de réfugiés à l’intérieur de l’Algérie voisine continuent d’espérer que l’impasse sera finalement résolue si les Nations Unies ne font que tenir les promesses faites il y a tant d’années. C’est peut-être un voeu pieux, compte tenu du bilan de l’ONU, mais ils comptent aussi un peu plus sur les États-Unis et l’administration Trump pour exercer une pression réelle sur l’ONU et le Maroc afin qu’ils acceptent la nécessité de permettre la tenue du référendum.
À ce stade, les gens de la région sont plus avisés de compter sur les États-Unis, M. Bolton et le président Donald Trump, plutôt que sur une promesse des Nations Unies que, sans pression des États-Unis et de la communauté mondiale, ne se réalisera probablement jamais.
Source : Town Hall, 30 jui 2019
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