Algérie : Les mises en garde de Hamrouche

B. Alami

Une fois encore, l’ex-chef de gouvernement Mouloud Hamrouche refuse de s’impliquer dans le processus politique en cours, estimant que le pouvoir, initiateur de ce processus, doit plutôt écouter les pulsations de la société et la rue algérienne.

Déclinant une nouvelle fois l’offre d’intégrer le panel dirigé par Karim Younes pour la mise en place d’un dialogue national représentatif des différentes forces politiques en présence, il a rappelé hier lundi, dans un communiqué, ne pas être « candidat à d’éventuelles instances de transition ou élection ».

Pour confirmer son retrait total de la vie politique du pays, il a rappelé « aux honorables membres du Panel et des forums, ma déclaration du 18 avril dernier où j’indiquais que « Je ne serai pas candidat à d’éventuelles instances de transition ou élection. »

Il avait notamment, dans une contribution au mois d’avril dernier publiée par El Watan, souligné qu’« il serait exagéré de croire que la démission de Bouteflika, la désignation du chef de l’Etat intérimaire, l’organisation d’une présidentielle vont colmater toutes les failles, faire disparaître tous les griefs, soigner tous les stigmates et concrétiser toutes les espérances ».

Pour lui, « cela risque de nous faire perdre de vue des leçons précieuses de l’histoire de notre jeune gouvernance à l’algérienne qui nous a conduit là où nous sommes aujourd’hui et nous faire oublier de ruineux gaspillages en temps et en ressources humaines et financières ».

Hamrouche considère que les échecs des politiques passées « sont à l’origine de beaucoup de nos revers, gâchis, retards et impasses », et « constituent, à eux seuls, de redoutables menaces sur nos minces et précieux acquis de liberté et de souveraineté arrachés au prix du sang d’innombrables martyrs et d’immenses sacrifices » .

Pour autant, il a rappelé, en refusant de rejoindre le panel de dialogue national, que « le mouvement unitaire et pacifique du peuple a, depuis le 22 février dernier neutralisé, momentanément, une série de facteurs de déstabilisation et stoppé d’imminentes menaces ». Et il affirme que ces menaces « n’ont pas disparu pour autant et sont toujours en gestation », avant d’appeler « ceux, qui sont aux commandes à agir, à répondre au Hirak et mobiliser le pays pour lui éviter les pièges d’un chaos ».

L’allusion de Hamrouche à des manœuvres politiciennes, qui veulent chevaucher le Hirak, exploiter sa vigueur politique et sa portée sociale, pour dévoyer ses objectifs et ses revendications, notamment un changement politique radical, est à peine voilée. Et, quand il rappelle, pour que l’on comprenne sa pensée, ses déclarations du mois d’avril dernier, juste après la démission du président Bouteflika, ce n’est pas tant pour animer un débat politique biaisé, mais pour prévenir contre les risques d’une impasse politique et ses effets sur la stabilité politique du pays.

Le Jeune Indépendant, 30 jui 2019

Tags : Algérie, transition, Hirak, dialogue, armée, Gaïd Salah, Hamrouche,

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