Au cours des derniers mois, Mohammed VI n’a passé que 20 jours dans son royaume, ce qui n’est pas la meilleure stratégie si votre pays a finalement succombé aux manifestations du printemps arabe……Détails……..
Mohammed VI, le roi du Maroc, compte plus de 3,6 millions de fans sur Facebook.
Le roi aime partager des photos et des commentaires montrant où il se trouve et ses rencontres. Il semble surtout aimer prendre des selfies avec tout ce qui bouge.
Ici, il est dans une boutique tanzanienne de souvenirs portant des shorts, des baskets et une chemise imprimée ethnique, là il est vu avec un groupe de rock vêtu d’amples pantalons griffés et décontractés.
Mais tout le monde n’approuve pas la façon dont le roi passe son temps. Au cours des quatre derniers mois, il a passé un total de 20 jours dans son royaume, à peine 16% du temps dont il est censé travailler. C’est une chute spectaculaire par rapport aux 45% de l’an dernier, qui reste peu aussi. Certes, il a passé une partie de son temps à l’hôpital en France, où il a été opéré pour un rythme cardiaque anormal. Mais le reste du temps a été décrit par des sources officielles comme une «période de récupération post-opératoire».
Au Maroc, les voix critiques envers le roi se demandaient pourquoi le roi ne fait pas recours à des chirurgiens marocains et préfère se soigner ou passer ses vacances en France plutôt qu’au royaume qui déborde de sites de villégiature et de palais adaptés même au roi saoudien.
Certains ont noté que les 16 et 23 mars, le roi a dit qu’il avait l’intention de retourner au Maroc et les deux fois il a annulé son retour.
Quand il est revenu le 16 avril, il avait un emploi du temps serré qui incluait une visite en Afrique centrale, suivie de ce qui a été indiqué comme «départ vers une destination inconnue».
En d’autres termes, il a pris d’autres vacances.
La «destination inconnue» que le roi affectionne particulièrement est le château géant du village de Betz dans l’Oise, en France, que son père, défunt roi Hassan II, a acheté en 1972.
Le domaine entièrement modernisé est entretenu par une grande équipe payée par les contribuables marocains.
Les impôts marocains financent également des vacances au Maroc pour 15 enfants de la région de Betz, que le roi invite chaque année à visiter son pays. Selon le journal français
Le Point, les jeunes sont hébergés dans des hôtels de luxe, profitent d’activités sportives telles que le ski nautique et la randonnée à dos de chameau, et reçoivent chacun 500 euros en argent de poche.
« Les fréquentes absences du roi indiquent-elles qu’il est fatigué d’être roi ou qu’il envisage de se retirer du trône? », s’est interrogé le journal libanais Al Akhbar dans un rapport détaillé sur les activités de Mohammed VI ou ses manquements.
Le roi, bien sûr, n’a pas l’intention d’abdiquer, sans compter que le prince héritier, son fils, n’a que 15 ans.
Mohammed est l’un des trois jeunes leaders qui ont émergé au Moyen-Orient à peu près au même moment.
Lui et le roi Abdallah de Jordanie sont arrivés au pouvoir en 1999, suivis un an plus tard par le président syrien Bashar Assad. Les trois ont presque le même âge; Mohammed est né en 1963, Abdullah un an auparavant et Assad en 1965.
Leur couronnement a généré un sentiment de changement imminent dans la région, même une petite euphorie.
Il s’agissait d’une génération de jeunes leaders modernes, d’utilisateurs avertis d’Internet, qui parlent plusieurs langues étrangères et qui sont mariés à des beautés qui sont elles-mêmes devenues membres de l’exposition royale ou présidentielle.
Mais au bout de quelques années – quelques mois dans le cas syrien – il s’est avéré qu’ils étaient tous scotchés dans leurs cours royales et présidentielles. Des trois, Mohammed VI était considéré comme le «roi virtuel», comme l’appellent ses détracteurs, qui dirige son pays via Twitter, Instagram et Facebook.
Mais cette description est loin d’être exacte. Le roi est impliqué dans tous les développements dans son pays et est en fait en charge de deux cabinets. L’un a été approuvé par le parlement élu, comme il convient à toute monarchie constitutionnelle, et l’autre joue le rôle de cabinet fantôme composé d’amis et d’experts qui ont plus d’influence que le cabinet officiel.
Le roi a le dernier mot, mais, en public, il préfère garder une certaine distance pour qu’il puisse tenir le cabinet comme responsable quand la situation dégénère.
Lorsque des manifestations ont éclaté l’été dernier dans la région du Rif, il a pointé du doigt le cabinet et son Premier ministre, Saadeddine Othmani. Les manifestations se sont terminées par l’arrestation de centaines de personnes et les dirigeants du mouvement de résistance Hirak sont en attente de jugement. Mais la colère populaire ne s’est pas calmée et la rébellion prend maintenant une nouvelle forme.
Pendant plusieurs semaines, trois grandes entreprises ont fait l’objet d’un boycott des consommateurs: le producteur laitier Centrale Laitière, le fabricant d’eau minérale Sidi Ali et la compagnie pétrolière Afriquia.
Les Marocains protestent contre les prix élevés des entreprises et le boycott s’est transformé en un mouvement civique exigeant des améliorations dans le niveau de vie.
Au début, le gouvernement a répondu avec indifférence et mépris, continua à essayer de délégitimer les boycotteurs et a finalement mis en place un comité pour examiner les plaintes.
Mais le mouvement de protestation n’a pas diminué et le boycott a gravement touché non seulement les entreprises mais aussi les agriculteurs, y compris les producteurs laitiers.
La société française Danone, qui contrôle Centrale Laitière, a annoncé une réduction de 30% des achats de lait et devrait licencier des dizaines de travailleurs.
Pendant ce temps, le gouvernement n’a toujours pas conclu d’accord avec les syndicats sur les salaires, qui n’ont pas été augmentés depuis 2011.
Le roi a gardé le silence jusqu’à présent; il laisse le gouvernement gérer la crise. Au mieux, il peut accepter certaines des demandes.
Il peut limoger quelques ministres, une ruse souvent utilisée par Abdallah de Jordanie. Au pire, il peut écraser la rébellion par la force.
La séparation entre le palais et le peuple grandit et ce dernier sent que le roi, qui était extrêmement populaire au début de son règne, montre une certaine indifférence aux écarts sociaux.
Les médias fidèles continuent à publier des photographies des inaugurations de chantiers auxquelles le roi assiste dans les quelques jours qu’il reste dans le royaume, tandis que les médias sociaux, le théâtre principale des critiques, soulèvent des questions sur la façon dont le roi dirige le pays.
Le peuple est également occupé avec une question non moins fascinante: le divorce du roi de sa femme Lalla Salma.
La reine de 40 ans n’a pas été vue en public depuis décembre et n’est même pas apparue dans les photos de famille faites à l’hôpital français en mars. Salma, qui a une maîtrise en informatique, a épousé Mohammed VI en 2002 lors d’une grande cérémonie et est entrée dans l’histoire en devenant la première épouse d’un souverain marocain à être photographiée.
Elle a aussi poussé le roi à annoncer qu’il n’épousera pas d’autre femme qu’elle.
Le palais a jusqu’ici refusé de confirmer la séparation du couple ou l’endroit où la reine reste et si elle gardera son titre royal et la garde des enfants.
Ce secret, contrairement à la publicité faite au mariage, est considéré comme un autre signe du mépris au peuple par le roi, comme si la situation du couple était une affaire privée que personne n’avait le droit de connaître.
Malgré les critiques, Mohammed VI est populaire parmi les dirigeants occidentaux et entretient des liens étroits avec eux, notamment en France et aux États-Unis.
Il a également des liens non déclarés avec Israël et intervient occasionnellement dans des conflits régionaux.
Dans le même temps, le Maroc, qui a résisté au Printemps Arabe sous la direction du roi, a signalé l’année dernière que son calme et sa stabilité pourraient être minés si le roi ne s’impliquait pas activement.
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