Les Tunisiens ont enterré, hier, leur président. Le peuple et toute la classe politique, donc les alliés et les adversaires de Beji Caïd Essebsi lui ont rendu le même hommage.
Si dans sa vie, il n’a pas été l’homme du consensus parfait, il aura réussi à fédérer l’ensemble de la société à sa mort. Non pas parce qu’on lui voulait pour quoi que ce soit, mais parce qu’il laisse une Tunisie apaisée dans sa démocratie.
Contrairement à ce qui nous arrive, nous autres algériens, nos voisins sont, certes tristes, mais d’une tristesse sereine, celle qui accepte la loi de Dieu sur terre, tout en nourrissant aucune panique pour la survie de la République.
Les Tunisiens pleurent leur président, comme on pleure un être cher, un parent ou un ami qu’on a apprécié de son vivant. Dans leur attitude sereine et digne, les Tunisiens apprécient justement le Républicain qu’était leur président défunt. Il lègue aux Tunisien, non pas un pays ou des richesses, mais une démocratie, encore imparfaite, mais suffisamment solide pour survivre à la mort d’un président.
Beji Caïd Essebsi a gouverné son pays durant 5 années seulement. Il en a gardé une empreinte indélibile dans les mémoires des Tunisiens. On en peut pas en dire autant du président Egyptien, l’homme qui a gouverné l’Egypte pendant plus de 30 ans et qui est parti comme un anonyme, parce qu’il se voyait plus fort que son peuple, plus fort que la démocratie.
Le régime qui l’avait servi l’a donné en pâture à la vindicte populaire. Il en a fait un simple fusible pour «sauver les meubles». Le fameux dernier discours, le communiqué annonçant son départ, son désir de rester dans son pays et le procès humiliant qui s’en est suivi, constituent autant d’épisodes dans la vie de Moubarak qu’il était possible d’éviter. C’est ce que Beji ne connaîtra pas.
Dans ce tableau, on ne peut pas ne pas évoquer l’ancien président, Abdelaziz Bouteflika. Il a connu, toute proportion gardée, presque le même sort que Moubarek. Il a cru qu’il pouvait forcer le destin et gouverner au delà des «limites humaines».
Son comportement, durant les derniers mois de sa présidence n’était pas démocratique. Il a quitté la scène politique sur la pointe des pieds.
L’histoire retiendra que les peuples apprécient leurs dirigeants, lorsqu’ils les respectent et respectent la République et la démocratie.
La leçon de la Tunisie tient en une phrase : lorsque les présidents se font tout petits devant la démocratie, ils grandissent aux yeux de leurs peuples.
Ouest Tribune, 28 jui 2019
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