Algérie : Taleb Ibrahimi dit «oui» au dialogue national

par Yazid Alilat

L’ancien ministre des Affaires étrangères Ahmed Taleb Ibrahmi, dont le nom a été proposé à plusieurs reprises pour diriger une période de transition, a réagi positivement hier mardi à la publication d’une liste de 13 personnalités devant mener un dialogue national de sortie de crise politique.

La semaine dernière, mercredi 17 juillet, le Forum civil pour le changement avait proposé une liste de 13 personnalités nationales qui pourraient diriger son initiative de médiation et de dialogue. Cette liste est composée notamment de MM. Ahmed Taleb Ibrahimi, Mokdad Sifi, Karim Younes ou Mouloud Hamrouche.

Dans une réaction à cette initiative, M. Taleb Ibrahimi a remercié, dans une lettre adressée au Quotidien d’Oran, le Forum pour l’avoir inclus dans la liste des personnalités nationales chargées de mener le processus d’un dialogue inclusif de sortie de crise. Il explique dans cette lettre que « mon nom a figuré, sans avoir été consulté, sur la liste des noms proposés pour mettre en place une commission qui sera chargée de lancer et organiser le dialogue national en vue de sortir le pays de la situation d’impasse politique dans laquelle il se débat depuis l’annulation du 5e mandat ».

Il ajoute : « Etant de retour de l’étranger après une courte visite, et en remerciant toute personne qui m’a témoigné sa confiance, je considère que c’est là une reconnaissance explicite de la position à laquelle je n’ai jamais dérogé, et ce depuis que j’ai appelé au dialogue et à la concorde civile pour éviter au pays le drame des années 1990, une position à laquelle je tiens toujours ».

M. Taleb Ibrahmi estime dans cette lettre que « toute approche sérieuse, qui doit être mise en œuvre afin d’écourter le chemin vers la paix et pour se débarrasser définitivement des pratiques de la corruption et de la dictature, doit d’abord reconnaître l’existence d’une crise de confiance profonde entre le peuple et ses gouvernants, laquelle a débouché sur la rupture du 22 février dernier ». « Cette rupture a fait naître une conscience chez les jeunes qui n’acceptent plus les solutions de replâtrage et les demi-solutions », relève-t-il, avant de souligner que « partant de cette vérité, le souhait du pouvoir de lancer un dialogue doit émaner d’une volonté politique véritable, qui dépasse les considérations de conjonctures et instantanées ». Mieux, selon lui, cette volonté politique doit prendre en compte « les revendications des forces politiques et sociales qui appellent à prendre des mesures concrètes pour apaiser la situation et pour rassurer ».

Auparavant, l’avocat Mustapha Bouchachi, également inclus dans cette liste, avait remercié lui aussi le Forum civil pour le changement, avant de souligner que « par principe, le dialogue reste la meilleure voie et le moyen civilisationnel pour une sortie de crise que vit l’Algérie ». De son côté, la moudjahida Djamila Bouhired, dont le nom a figuré dans la même liste, avait expliqué avoir appris avec « stupéfaction que mon nom figurait sur une liste de personnes chargées d’organiser un dialogue entre le pouvoir et le mouvement populaire ». Elle a ajouté dans un communiqué que « personne n’a demandé mon avis et je n’ai donné mon accord à personne », relevant que « je ne peux faire partie d’un groupe de personnes dont certaines ont servi le pouvoir ».

M. Taleb Ibrahimi estime par ailleurs que la commission de dialogue devant être mise en place «n’a aucune utilité dans le moment présent sauf si elle jouit d’une totale indépendance dans sa gestion et qu’elle est libre et souveraine dans ses décisions et cela afin qu’elle aide à bâtir un consensus national autour de la meilleure formule à même de concrétiser les revendications du Hirak populaire pour le changement radical ». Il a terminé sa déclaration en réitérant son soutien au Hirak et a appelé ses différentes composantes à poursuivre sur la même lancée et dans la voie pacifique. Avec cependant, « plus de vigilance et ce afin de sauvegarder son principal acquis, en l’occurrence l’unité des rangs jusqu’à la réalisation des objectifs légitimes ».

Après quelques réactions négatives, le Forum avait expliqué jeudi 18 juillet que Djamila Bouhired, Mouloud Hamrouche et Ahmed Taleb Ibrahimi n’ont pas été contactés pour faire partie de l’instance de médiation. «Nous précisons que nous avons pris attache avec de nombreuses personnalités nationales et obtenu leur accord pour participer à la démarche. Quant à la moudjahida Djamila Bouhired, Ahmed Taleb Ibrahimi et Mouloud Hamrouche, c’est le Forum qui a pris l’initiative d’inclure leurs noms directement dans la liste pour la symbolique qu’ils représentent, leur popularité, leur passé militant et leur poids politique », indique le Forum dans un communiqué. « Sans diminuer de la valeur des autres personnalités figurant dans la liste, nous estimons qu’il est inconcevable d’entamer le processus de dialogue sans ce genre d’hommes et de femmes. Nous saluons leurs positions, nous respectons leurs décisions et leurs avis et nous restons dans l’attente d’un signal de leur part. Quoi qu’il en soit, le processus de dialogue a pris la voie qui mène vers la sortie de crise », ajoute-t-on.

Les 13 personnalités nationales proposées par le Forum civil pour le changement sont : Djamila Bouhired, Ahmed Taleb Ibrahimi, Mouloud Hamrouche, Mokdad Sifi, Karim Younes, Mustapha Bouchachi, Fatiha Benabaou, Nacer Djabi, Smail Lalmas, Lies Merabet, Nafissa Hireche, Aicha Zinai et Islam Benaya.

Le Quotidien d’Oran, 24 jui 2019

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