» Il est également permis de pousser le raisonnement plus loin et rappelant, sans le moindre risque de se tromper, que le vol, la rapide, la corruption, le népotisme… avaient commencé bien avant l’ère Bouteflika, et que pour venir à bout de tous ces fléaux, il est absolument nécessaire de s’attaquer au mal à la racine, au lieu de se contenter de » déboutefliker » pour recycler un système frappé d’obsolescence-crasse, qui tente désespérément de se maintenir en livrant à la rue quelques têtes dont le sacrifice est supposée calmer la colère citoyenne « .
Par Mohamed Abdoun
Cette fameuse conférence de la société civile, dont la tenue est prévue dans les tous prochains jours, dans le cas où le pouvoir en autoriserait la tenue, nécessité très certainement que l’on s’y appesantisse. De fait, elle intervient au moment où le chef de l’Etat appelle à un second round de négociations inclusives, alors que le premier s’était achevé en queue de poisson, et que les conditions actuelles permettent de dire qu’il en sera de même cette fois-ci encore, étant donné que le pouvoir n’a daigné faire aucune concession depuis l’annulation de l’élection présidentielle du 4 juillet, et cette décision prise de prolonger sine die le mandat de Bensalah jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République.
Une pareille décision, que le Conseil constitutionnel a personnellement tenté de justifier dans son communiqué annonçant l’annulation du scrutin en question, me donne quand même l’air de contredire l’esprit et la lettre de cette même construction.
En fait, à partir du moment où ce vote a été annulé de facto, le pays s’est automatiquement placé dans une situation extraconstitutionnelle, puisqu’il lui sera désormais impossible de se contenter de respecter la stricte durée du mandat du chef d’Etat intérimaire, fixée à trois mois seulement.
Les appels itératifs du commandement de l’armée à ne pas quitter la voie constitutionnelle sont eux aussi frappés d’obsolescence à partir de ce même constat axiomatique de base. Voilà pourquoi cette conférence me donne l’air de mériter un minimum d’attention. Elle se propose, par exemple, de regrouper quelques 500 personnes venues des mouvements syndicat, associatif et même politique. Cela n’est franchement pas négligeable.
Pareil regroupement peut s’avérer relativement représentatif. Cela même s’il me parait anormal qu’il ait été décidé d’exclure de cette conférence l’ensemble des responsables, présents et passés, ayant pris part à la gestion des affaires de la cité sous le régime de Bouteflika. Une pareille exclusion, qui a le chic de renier les principes démocratiques les plus usuels qui soient, peut en effet exclure des compétences avérées, pouvant aider à trouver les voies idoines de sorties de crise.
Ce n’est pas tout. Cette idée d’exclusion, si on devait l’appliquer à la lettre, pour rester en phase avec la rue, devrait également inclure les représentants et élus de l’opposition, puisque ces derniers ont servi de » faire-valoir « , et ont eux aussi profité des énormes largesses du système. Il est également permis de pousser le raisonnement plus loin et rappelant, sans le moindre risque de se tromper, que le vol, la rapide, la corruption, le népotisme… avaient commencé bien avant l’ère Bouteflika, et que pour venir à bout de tous ces fléaux, il est absolument nécessaire de s’attaquer au mal à la racine, au lieu de se contenter de » déboutefliker » pour recycler un système frappé d’obsolescence-crasse, qui tente désespérément de se maintenir en livrant à la rue quelques têtes dont le sacrifice est supposée calmer la colère citoyenne.
Enfin, les tenants de cette conférence souhaitent, au finish, soumettre leurs propositions à l’institution militaire, alors que celle-ci refuse catégoriquement de se mêler de politique. Elle a déjà décliné sèchement l’invitation d’Ahmed Taleb Ibrahimi. Reste juste à étudier de près les conclusions finales de cette conférence, avant d’en mesurer la popularité à l’aune des manifs du vendredi.
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