Algérie : Pathétique

» En conclusion, si le peuple doit se trouver un autre lieu de ralliement, il devra également se prémunir de cette contreoffensive déclenchée tous azimuts par les pouvoirs publics pour qui le temps des concessions semble bel et bien révolu « .

Par Mohamed Abdoun :

Difficile, très difficile, de croire que le parvis de la Grand-Poste tombe vraiment en ruine. Si cela était vraiment le cas, pas mal de signes évidents auraient été constatés auparavant. Et puis, je conçois mal que quelques dizaines de manifestants auraient pu provoquer les dégâts dont nous parlent des responsables au sein de la wilaya d’Alger.

La rapidité avec laquelle ces derniers se sont empressés de fermer le lieu est elle aussi particulièrement suspecte. Le mode opératoire aussi. De lourds, très lourds, fourgons de police ont encerclé le lieu sans se soucier du fait que leur poids pourrait aggraver les choses, ou même précipiter la chute de ce parvis.

Des policiers ont également été placés entre ces fourgons, bouchant les moindres espaces existant entre eux, empêchant même une fourmi de s’y glisser, et se souciant donc bien peu de leur propre sécurité. Au-delà de cette barrière faire de machines et de chair humaine, des plaques de zinc ont été fichées au sol sans se soucier, là encore, d’aggraver les choses avec les gros trous creusés dans ces escaliers centaines, ainsi que le poids de tout ce métal.

Notre fluette photographe, qui ne pèse pas plus qu’une ou deux de ces plaques, a quand même été empêché de photographier de près ce véritable cirque, sous prétexte que sa sécurité aurait été menacée si elle s’était trop approchée des lieux. Fadaises que tout cela. Il semble bel et bien que l’on ait cherché à » neutraliser » le lieu de ralliement emblématique du hirak. Et, si tel est vraiment le cas, il faudra s’attendre à d’autres actions également hostiles à ce mouvement dans les prochains jours et semaines.

En conclusion, si le peuple doit se trouver un autre lieu de ralliement, il devra également se prémunir de cette contre-offensive déclenchée tous azimuts par les pouvoirs publics pour qui le temps des concessions semble bel et bien révolu.

Le système sacrifie des pions pour calmer la colère citoyenne, mais oeuvre à se régénérer. Son départ, tel que revendiqué par la rue, n’est absolument pas à l’ordre du jour. Le plus dur reste à venir…

M.A.

Source : La Tribune des Lecteurs, 22 mai 2019

Tags : Algérie, ANP, armée, pouvoir, Gaïd Salah,

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