L’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental a jeté l’éponge deux ans à peine après sa nomination au poste de médiateur dans le conflit entre Sahraouis et Marocains. Il est resté moins de temps que ses prédécesseurs : James Baker (mars 1997 – juin 2004), Peter van Walsum (juillet 2005 – septembre 2008) et Christopher Ross (janvier 2009 – mars 2017) ont tous fini par renoncer à cette mission.
La raison officielle est le problème de santé de l’ancien président allemand. Il est vrai que l’âge de 76 ans rend le travail plus difficile, mais il est également vrai que Köhler s’est retrouvé dans une profonde impasse. À l’instar des responsables onusiens qui l’ont précédé, il a débuté avec une confiance excessive qui a fini par se heurter au protectionnisme de la France et son ingérence flagrante en vue de défendre ses intérêts au Maroc et son obsession de changer le fondement du principe d’autodétermination promulgué par le droit international pour les territoires non autonomes.
Selon le représentant sahraoui en France, Oubi Bachir, sa démission « renvoie une nouvelle fois le processus de paix au tunnel sans sortie et au blocage ». « Les raisons de santé, ajoute-t-il dans un twit, d’une part répondent à la cause de sa décision soudaine et, d’autre part, à l’incapacité du Conseil de sécurité à imposer un calendrier de route » pour les négociations entre les deux parties.
Le Maroc, dans un communiqué laconique, a déclaré qu’il « avait pris note de la décision de l’envoyé de l’ONU » tout en « rendant hommage à Horst Köhler pour ses efforts depuis sa nomination en août 2017. Il louait la cohérence, la disponibilité et le professionnalisme avec lequel M. Köhler a rempli ses fonctions ».
Selon France 24 : « son départ laisse les efforts de l’ONU dans le limbe après deux rounds de négociations qui ont réussi pour la première fois en six ans que les parties s’asseoient à la table des négociations ».
Pour Euronews : « Après six ans d’interruption de dialogue, il avait réussi à faire reprendre langue aux parties concernées, notamment en réunissant en Suisse à deux reprises – en décembre puis en mars – le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie. Une troisième rencontre était envisagée pour les prochains mois sans qu’aucune date n’ait toutefois été arrêtée à ce stade. Après la deuxième rencontre, le Polisario n’avait cependant laissé que peu d’espoirs pour des progrès rapides sur ce vieux conflit, affirmant que « le Maroc n’avait montré aucune appétence pour s’engager dans un processus sérieux de négociations ».
Citant « une source proche du dossier », Yabiladi affirme que « ce départ serait la conséquence de «pressions exercées par le Maroc». « Le royaume, ajoute-t-il «s’est toujours montré résolument opposé à la volonté manifeste de Köhler d’impliquer l’Union africaine dans le règlement du conflit régional. Une opposition que Rabat n’a jamais caché et a tenu à l’exprimer dès les premiers mois ayant suivi la nomination d’Horst Köhler».
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