Le Quotidien d’Oran, 9 mai 2019
par Moncef Wafi
L’état-major de l’ANP persiste et signe dans son refus de toute période de transition à laquelle appellent l’opposition et la rue. Dans son éditorial du mois de mai, la revue El Djeich, organe officiel de l’armée, dénonce ceux qui rejettent «toutes les solutions disponibles et possibles» qui permettront à l’Algérie de surmonter la crise politique qui la secoue.
La même source qualifie d’«aventuristes» les tenants de cette option, les accusant de concocter des plans et projeter de les exécuter «à tous les échelons, dans le but d’entraîner le pays vers l’anarchie et le chaos». L’armée évoque ni plus ni moins un complot qui remonte, selon elle, à plusieurs années et qui comprend plusieurs niveaux de responsabilité allant des exécutants aux commanditaires en passant par leurs alliés. Et pour l’éditorial d’El Djeich, ces personnes sont connues et ce sont les mêmes «qui avaient sollicité l’intervention de l’armée dans le champ politique durant les précédentes décennies».
L’état-major rejette, donc, catégoriquement une période de transition réclamée par le truchement de voies multiples dont la plus courante, détaille la revue, est de faire pression, à travers des «messages ouverts», «débats», «avis» et «points de vue» publiés dans les colonnes de certains médias.
L’armée identifie ainsi et clairement ses adversaires, les partisans d’une transition en dehors des 3B (Bensalah, Bedoui et Bouchareb) qu’elle associe à des complices du complot visant à conduire le pays vers le chaos.
A travers ces graves accusations, Gaïd Salah semble restreindre drastiquement le champ politique et le débat contradictoire, excluant de facto toute autre solution que celle de la présidentielle du 4 juillet prochain.
Même s’il est plus que probable que le président de l’APN va être sacrifié, la feuille de route imposée par le pouvoir est refusée par les partis de l’opposition et la rue qui exigent la chute du régime en place.
Devant ces positions tranchées, il est fort à craindre une confrontation frontale entre les deux camps retranchés et un changement dans les attitudes des uns et des autres.
On peut aussi appréhender une restriction des libertés individuelles et des tentatives de musellement de la parole contradictoire, comme cela a été le cas avec Me Bouchachi, interdit de conférence à Blida et à Oran.
Ce qui est certain par contre, c’est que le mouvement populaire ne donne aucun signe d’essoufflement, comme craint ou attendu, à cause du Ramadhan, et les marches des étudiants, mardi dernier, consacrent toute la détermination du Hirak d’aller au bout de ses revendications.
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