par Kharroubi Habib
En déclarant lors de sa très attendue allocution de mardi que «toutes les perspectives possibles restent ouvertes afin de surpasser les difficultés et trouver une solution à la crise dans les plus brefs délais », le commandant en chef de l’armée à voulu faire comprendre que si l’institution militaire à initialement privilégié l’option de la transition dans le cadre constitutionnel, elle ne fait plus de cette démarche un dogme sur lequel elle ne transigerait pas.
Le message de Gaid Salah aurait pu atteindre son objectif d’autant qu’il a été précédé par l’annonce de la démission du controversé président du Conseil constitutionnel qui était appelé à jouer un rôle clef durant cette transition. Il a été toutefois incontestablement brouillé par l’autre annonce faite que le chef de l’Etat Abdelkader Bensalah avait procédé à la nomination du remplaçant de Tayeb Belaiz.
La célérité avec laquelle il a été procédé au remplacement de ce dernier et au-delà de la pertinence ou non du choix de la personnalité désignée, a été perçue comme le signe que le pouvoir maintiendrait en réalité le cap dans la mise en œuvre de la transition constitutionnelle.
Il parait en effet évident qu’en s’empressant de nommer un nouveau président du Conseil constitutionnel, ceux qui en ont pris la décision se sont préoccupés d’assurer la poursuite des opérations ayant été enclenchées dans le cadre de l’organisation de l’élection présidentielle censée avoir lieu le 4 juillet prochain.
Du moment que Gaid Salah a soutenu que toutes les perspectives possibles restent ouvertes dont il peut en résulter une démarche pour une transition faisant consensus entre l’armée et le mouvement citoyen, il aurait pu « suggérer » au président de l’Etat de surseoir à la nomination du nouveau président du Conseil constitutionnel.
Dans le même allocution au cours de laquelle il a tenu des propos qu’ils voulait rassurants sur l’engagement de l’armée à rester au côté du peuple afin que se réalisent ses revendications et aspirations légitimes, le chef de l’état-major de l’ANP s’en est pris à des milieux qui selon lui seraient encore à la manœuvre et gardent une capacité de nuisance.
Il peut être déduit de cette affirmation que la guerre des clans qui a ponctué le règne de Bouteflika n’a pas pris fin avec la démission de celui-ci et que le pouvoir de fait qui s’est substitué à lui en vit lui aussi une dont l’enjeu est le pilotage de la période de transition et l’élection présidentielle qui va en être l’ultime séquence.
C’est la raison pour laquelle la mobilisation populaire ne doit pas fléchir et que le mouvement citoyen doit rester vigilant à ne pas s’en tenir aux proclamations d’adhésion à ses revendications et aspirations qui lui promettent qu’elles seront réalisées et à ne pas succomber aux manœuvres visant à lui faire prendre parti dans la guerre entre clans du pouvoir visant leur recyclage dans l’ère post-Bouteflika.
Le quotidien d’Oran, 19 avr 2019
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