Le conseil militaire de transition soudanais a reçu presque dès sa création le soutien appuyé de Riyad et d’Abou Dhabi. C’est certain que sans le Soudan l’Arabie saoudite perdra le sud de son territoire. Les militaires soudanais ont d’ailleurs aussitôt renouvelé leur soutien à la guerre génocidaire en cours contre le Yémen et ont dit vouloir se battre aux côtés du régime saoudien contre les Yéménites. Au fond rien de nouveau sous les cieux de Khartoum. Un pion tombe et un autre le remplace, néanmoins en ce qui concerne le volet yéménite de la question, estime l’analyste iranien du Yémen, Jafar Qanad Bachi.
» Car, voyez-vous, les médias « mainstream » n’en parlent guère mais l’un des motifs de contestation anti-El-Béchir a été l’implication de plus de 25 000 militaires soudanais au Yémen, militaires répartis sur différents fronts dont celui de Hudaydah et dont les pertes ne cessent de s’accroître. Une implication que Béchir a organisée et alimentée jusqu’au dernier jour de son règne sans qu’il en soit payé de retour. Puisque ni Riyad ni Abou Dhabi n’ont tenu leur promesse d’aide économique quitte à provoquer une détérioration rapide et profonde de la crise économique, ce qui a d’ailleurs joué en défaveur du pouvoir et a déclenché le mouvement de contestation », précisé cet analyste iranien.
Et de poursuivre : » A vrai dire en promettant argent et appui financier à El- Bechir sans que ces promesses soient respectées, l’axe saoudo-émirati a poussé El-Béchir vers l’abyme. Ce faisant, cet axe a bien rendu service à Israël et aux Etats-Unis qui depuis la scission du Soudan et l’indépendance du Sud-Soudan (projet entièrement israélien) ne cessent d’aller de déboire en déboire dans leurs projets de conquête des richesses pétrolières sud-soudanaises ».
Selon al-Binna, ce serait Riyad qui aurait poussé son allié Béchir vers la porte. Mais pourquoi?
Et l’auteur d’écrire :
En effet, depuis la scission du sud-Soudan et la disparition de la manne pétrolière des caisses d’État soudanais, la situation économique s’est mise à détériorer. El-Bechir aurait pu y résister si ce n’était pas son opportunisme inné qui le poussait à changer tout le temps de camp et à manger à tous les râteliers. Car, la population soudanaise est profondément anti-israélienne. Celle-ci se rappelle encore les missiles tirés en 2011 par Israël contre Port-Soudan au large de la mer Rouge, perpétrés pour cause de lien à cette époque, entre Khartoum et la Résistance palestinienne et le Hezbollah. Pour une majorité de Soudanais, le projet de scission des régions du Sud avec en toile de fond la liquidation du Grand Soudan et le détournement de ses richesses pétrolières ont été l’écho de cette alliance, hélas, éphémère, mais bien ancrée au sein de la population avec la Résistance.
S’il est vrai qu’el-Béchir a tenté par la suite de se rattraper et de colmater le vide en se rapprochant de la Russie, en allant même jusqu »ouvrir les portes de son pays à l’industrie nucléaire et à la marine russe, ce rapprochement n’a pas suffi à ce que son régime puisse surmonter l’épreuve des sanctions et des privations. Surtout que parallèlement à son divorce avec la Résistance, il s’est en tête de se rapprocher du FMI et de contacter des près auprès de cet outil colonial. Son pire erreur aura été d’envoyer les effectifs de l’armée à titre de grotesques mercenaires tuer et se faire tuer au Yémen. Et là aussi il a péché par étroitesse de sa vision stratégie. Pour l’heure le conseil militaire de transition cherche tant bien que mal à maîtriser la situation. Mais ses premiers gestes ne promettent rien de bon. Il vient d’annoncer que le Yémen resterait engagé aux côtés de Riyad dans ce qu’il convient de qualifier d’enlisement saoudien au Yémen. et puis il y a ce fameux Deal du siècle et l’idée d’un Israël étendu de l’Euphrate au Nil. Le régime de Tel-Aviv attend son heure pour s’emparer aussi de ce fleuve stratégique et ce, à l’aide des Américains. Les Soudanais devront être bien vigilants ».
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