Algérie – Marches, manifs et militantisme virtuel : L’œuvre inachevée des Algériens

Chaouki Mechakra

Révolution, Hirak, Mouvement Populaire, marches pacifiques… L’exemplarité des manifestations qui se déroulent en Algérie depuis le 16 février à Kherrata avant de s’élargir, une semaine plus tard, à l’ensemble du territoire national, ont subjugués au-delà du pays, les observateurs les plus avertis du monde.

Pas une goutte de sang n’a coulée, ni une vitrine saccagée, encore moins un décès enregistré. Magistrale leçon de pacifisme retransmise en mondovision.

Des acquis ont été actés, dont la démission du président de la République, suivie de celle du patron des services secrets.

En ce septième acte du mouvement, la liste des revendications s’étend aux 3 B à la tête des plus importantes institutions de la République. La pression de la rue est telle qu’il faille surfer sur la loi fondamentale pour habiller légalement ces desirata du « peuple », quitte à contourner voire, détourner les textes de la constitution. Un détail dirait, à juste titre, le citoyen lambda, vu que le président sortant en a fait son « cahier de brouillon », gommant par-ci et raturant par-là, ce qu’il ne lui convenait pas dans ce texte remanié à chacun de ses caprices.

Jusque-là, l’ANP a accompli sa part du « boulot » en réponse aux revendications populaires, en déverrouillant les portes les mieux gardées du système. Faut-il qu’elle en fasse davantage, surtout que des voix s’élèvent ici et là, pour l’accuser d’un scénario à l’égyptienne ?

Rafraichissons les mémoires

Comment est-il possible qu’un peuple qui, il n’y a pas si longtemps, a porté aux cimes un Rachid Nekkaz et un Ghani Mehdi, deux comiques politiques, avant de se raviser, puisse aujourd’hui se laisser berner par ceux qui appellent au retour de l’armée à ses casernes ?

Comment est-il possible qu’un peuple puisse, au nom d’un article 7 de la constitution, vouloir se substituer à des institutions sans être structuré et physiquement représenté ?

Si, de son côté, l’ANP a fait le plus gros du « boulot », ne se peut-il pas aujourd’hui que le peuple en fasse autant en réalisant sur le terrain le reste de ses revendications ?

Au-delà des marches et de l’activisme des claviers, dont l’impact est considérable, rappelons que sur les vingt millions de manifestants, figurent des militants encartés FLN, RND, MPA, TEJ… dont les directions, tant nationales que locales, se sont faites complices et relais du pouvoir décrié. Ces partis ne doivent plus faire partie du futur de l’Algérie et des Algériens, même s’ils venaient à changer leurs responsables.

Il appartient aux militants sincères de se désolidariser de ces sigles trompeurs en empruntant aux parlementaires leur méthode, c’est-à-dire en cadenassant kasmas, mouhafadas et représentations locales. Ces partis sont à euthanasier par leurs plus proches affiliés. Ce n’est que par des actions de ce type, que l’on pourra tourner la page de la soumission et de la Hogra. D’ailleurs, en attendant que l’ébauche des prochaines institutions se dessine, il serait souhaitable d’inclure en bonne place de la longue liste des revendications, l’interdiction à ces partis d’être partie prenante de la vie politique nationale pendant les cinq années à venir.

C.Mechakra

Le Provincial, 6 avr 2019

Tags : Algérie, peuple algérien, Bouteflika, article 102, armée, manifestations, transition,

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