Manifestations des enseignants au Maroc: Rien à voir avec le contexte algérien

Alors que les Algériens exigent un changement de régime dans leur pays, les cadres éducatifs au Maroc exigent la fin du système de passation des marchés. Les protestations peuvent différer en substance, mais elles se rencontrent pour d’autres objectifs. Comment la situation en Algérie peut-elle affecter ce qui se passe au Maroc?

En Algérie, les manifestations continuent pour lieur 6 ème vendredi consécutif. De nombreuses voix ont appelé à une nouvelle manifestation pour le vendredi (29 mars 2019) réclamant le départ du régime et de ses symboles.

Au Maroc, les manifestations dirigées par les « enseignants handicapés » se poursuivent à ce jour. On pourrait dire que les deux contextes (algérien et marocain) sont différents, mais beaucoup voient dans les manifestations dans le secteur de l’éducation au Maroc un transfert dans d’autres secteurs, tels que la santé, ce qui pourrait rendre la situation plus explosive dans le pays.

Les 55.000 enseignants contractuels non permanents du Maroc sont en grève depuis début mars. Et ils manifestent depuis plusieurs mois dans plusieurs villes pour exiger leur intégration dans la fonction publique avec des contrats de travail à durée indéterminée. Le gouvernement marocain a répondu à leurs demandes mais sur la base de leur intégration dans les académies régionales d’éducation et de formation, qu’ils refusent d’insister pour une intégration au niveau même du ministère et de bénéficier des mêmes droits que leurs homologues.

LA POLICE A CHARGÉ DES MILLIERS DE PERSONNES

Le ministre marocain de l’Education, Said Amazazi, s’est exprimé devant des médias locaux et internationaux, affirmant que les enseignants qui avaient organisé une grève de quatre semaines avec des stagiaires qui les avaient rejoints avaient été démis de leurs fonctions. Lors de la même conférence de presse, le ministre a ajouté: « Les professeurs en grève doivent cesser de faire obstacle à l’étude » et reprendre leur travail ou faire l’objet d’un licenciement. Il n’a pas donné de chiffres exacts.

En 2016, le gouvernement marocain a lancé le système de passation de marché, affirmant qu’il avait employé 70 000 enseignants en quatre ans, contre 60 000 au cours des huit années précédentes. Mais les enseignants marocains considèrent le système comme injuste dans leur droit et leur font toujours craindre l’avenir à être instable, ce qui peut se répercuter sur leur performance dans leur travail, selon certains, cités dans différentes plateformes médiatiques. Leur situation les a amenés à faire grève et à descendre dans les rues de la capitale, Rabat, sous le slogan « intégration ou blocage », « dignité » et autres.

DES MILLIERS D’ENSEIGNANTS SE SONT RASSEMBLÉS DEVANT LE PARLEMENT

Samedi dernier (du 23 au 24 mars), un dimanche matin extraordinaire, des milliers d’enseignants se sont rassemblés devant le Parlement, où ils sont arrivés après avoir défilé devant le ministère de l’Éducation, qui ont décidé de rester dans la rue malgré le siège de sécurité et l’utilisation de tuyaux et de méthodes. Beaucoup d’entre eux ont été blessés Il est à noter que le parlement marocain peut ajouter d’autres amendements dans le secteur, étudie actuellement un projet de loi pour la réforme globale du système éducatif est controversé car il prévoit l’enseignement du matériel scientifique en français et la « contribution des familles abordables » au financement de l’éducation publique.

En ce qui concerne ceux qui comparent les manifestations d’enseignants à ce qui se passe en Algérie, Rachid Ouraz voit que ce qui s’y passe, compte tenu de la proximité géographique entre les deux pays, pourrait contribuer à alimenter les manifestations du pays. « Mais cela n’a rien à voir avec cela … Les raisons sont purement internes, liées à la tentative de l’Etat de mener à bien une réforme structurelle de la fonction publique », explique l’expert marocain.

L’opinion marocaine est clairement divisée en ce qui concerne les protestations d’enseignants sous contrat, ce qui se reflète dans les sites de réseaux sociaux. Certains le soutiennent, arguant que la situation économique est mauvaise et doit être réformée. Certains la critiquent parce que la confiance du citoyen marocain dans l’école publique est faible et non seulement de la responsabilité de l’État mais aussi de la part de l’enseignant.

L’expert marocain, qui estime que les moyens de communication sociale » C’est dans la communauté. « Alors que les utilisateurs de médias sociaux parlent d’enseignants et du gouvernement, il existe une autre catégorie qui demande aux deux parties de réfléchir à l’avenir de l’étudiant qui est la « première victime » de cette crise.

Rabah Karali/Agence

Tribune des Lecteurs, 30 mars 2019