» Dans un mois à peine, il sera trop tard pour agir, sauver le pays des graves dérives qui le menacent « .
Par Mohamed Abdoun :
La protesta populaire a fait mieux que ne pas faiblir. Elle a, en effet, pris un regain de vigueur qui annonce des vendredis tous plus agités et animés les uns que les autres. Comme il fallait s’y attendre, et comme je le prédisais dans un édito commentant la proposition du chef d’état-major pour la sortie de crise, je peuple répond massivement non.
La proposition de Gaïd Salah, outre le fait qu’elle provoque une sorte d’immixtion de l’institution militaire dans les questions politiques, intervient bien trop tardivement. Les partis, organisations, et médias qui se sont empressés de s’aligner derrière cette tardive proposition, sans doute par opportunisme, en auront ainsi pris pour leur grade, si je puis dire.
Cette proposition, comme je l’écrivais le jour-même de sa formulation, aurait été la bienvenue si elle était intervenue à peine deux ou trois semaines plus tôt. A présent, son obsolescence a clairement été démontrée par les manifestations monstres intervenues partout dans le pays, avec des mots d’ordre et des slogans quasi-identiques.
Excédé, et chauffé à blanc face à la sourde oreille du pouvoir, le peuple a fini par placer la barre de ses revendications aussi haut que possible. Désormais, il ne veut rien moins que le départ du système. Tout le système. Celui-ci n’a pas d’autre choix que d’y donner suite, s’il ne veut pas mettre en péril la stabilité-même du pays.
La rupture passe forcément par une urgente convocation d’une élection présidentielle. Mais pas avant d’avoir révisé la loi électorale afin de permettre la mise en place d’une commission d’organisation des élections absolument indépendante, et acceptée par tous.
Parallèlement, un gouvernement technique, et réduit au minimum, sera également mis en place. Le président de la République, toujours en poste, et dont le mandat court toujours, jouit de toutes les prérogatives constitutionnelles et régaliennes pour accomplir tout cela, et sortir par la grande porte.
Dans un mois à peine, il sera trop tard pour agir, sauver le pays des graves dérives qui le menacent. Il n’est pas difficile d’inscrire son nom au panthéon de l’histoire de l’Algérie.
Pour cela, il suffit juste de savoir être à l’écoule de son admirable et glorieux peuple. L’exercice est à la portée de tous. Les manifestants répètent inlassablement les mêmes slogans et les mêmes revendications.
M. A.
Tribune des Lecteurs, 30 mars 2019