Algérie : Le niet du peuple

ACTE IV DU MOUVEMENT CITOYEN : LE NIET DU PEUPLE

Djamel Zerrouk

Une mobilisation sans précédent a eu lieu ce vendredi à Alger comme dans le reste du pays. Pas une seule wilaya n’a raté cet évènement historique.
Les Algérois disent n’avoir jamais vu autant de monde. Même le jour de l’indépendance, le 5 juillet 1962, n’avait pas enregistré autant de monde.

« Nous pouvons estimer le nombre des marcheurs à plus de 2 millions à Alger », selon un officier de police qui s’exprimait sous le sceau de l’anonymat. Les citoyens habitués à quantifier les « masses » estiment, quant à eux, que la seule capitale a accueilli pas mois de 4 millions de manifestants. « Ils étaient plus nombreux que le 8 mars. Hormis Alger, les 47 autres wilayas algériennes ont également manifesté, aussi bien au niveau des chefs-lieux qu’au niveau des communes.

Ce sont une bonne dizaine de millions d’Algériens qui sont donc sortis pour « rejeter » les mesures prises par le Pouvoir. Les observateurs parlent d’un décalage flagrant entre les dirigeants et la « rue ». « Les annonces faites par président Abdelaziz Bouteflika, suggérant de profondes réformes, et la non-participation du président sortant n’ont pas convaincu le peuple », estiment les analystes. Ajoutant que l’« offre » présidentielle ne répond pas aux attentes, « en dépit du fait que le Pouvoir a lâché du lest, en faisant siennes une partie des revendications ». En effet, le Tout-Alger politique est unanime quant à la précipitation qui a caractérisé le « changement » opéré au lendemain de l’imposante marche du 8 mars.

Le peuple refuse la feuille de route, qu’il considère comme un alibi pour gagner du temps, « dans le fond et dans la forme ». « On ne peut faire du neuf avec de l’ancien. Bedoui et Lamamra ne devraient pas ‘’coacher’’ la transition.

Ce sont des hommes du Pouvoir. Et lorsqu’on est un homme du Pouvoir, on cherche toujours à manœuvrer pour étouffer dans l’œuf la contestation », souligne-t-on. Les spécialistes relèvent également le « flagrant amateurisme » en matière de communication, notamment chez le Premier ministre, et ce lors de sa première conférence de presse de jeudi 4 mars. « Il aurait suffi d’aller dans le sens de la décantation.

De prendre des initiatives sans attendre le « quitus » d’en haut. La rue flambe. Il faut l’écouter ». « D’où le décalage entre le mouvement citoyen et l’équipe dirigeante qui gère la transition », scande-t-on dans les milieux politiques « indépendants ».

Le Jeune Indépendant

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