«Le mahhzen est un système pragmatique qui ne pense qu’à se perpétuer. L’histoire nous enseigne que ce système ne s’est jamais préoccupé du développement du pays et ne manifeste de patriotisme que dans la perspective de sa survie», explique l’historien Maati Mounjib.
Lors de la séance inaugurale de l’université d’été organisée par Cap Démocratie Maroc (CAPDEMA) dans l’enceinte de la faculté des sciences juridiques Souissi de Rabat, l’historien Maati Mounjib a soutenu que «le mahhzen est un système pragmatique qui ne pense qu’à se perpétuer. L’histoire nous enseigne que ce système ne s’est jamais préoccupé du développement du pays et ne manifeste de patriotisme que dans la perspective de sa survie».
Pour illustrer son propos, Mounjib cita l’exemple du sultan Moulay Abdelhafid qui a dû prétendre être nationaliste pour obtenir l’adhésion populaire. L’acte de la Beia comportait un article clair qui obligeait le Sultan à consulter les marocains pour les questions relatives à la souveraineté du pays mais Abdelhafid, craignant d’être écarté, a accouru vers la signature de l’accord du protectorat qui lui garantira sa pérennité sur le trône.
Plus tard, lors de la période coloniale, Mounjib explique comment le makhzen, toujours fidèle à son patriotisme opportuniste, a pu garantir sa pérennisation à travers le rôle d’intermédiation qu’a joué Mohammed V entre la puissance coloniale et la résistance marocaine.
«Après l’indépendance, le makhzen a continué dans la même stratégie. Il s’est alors heurté au mouvement nationaliste et a alimenté les conflits entre les différentes compsantes de la société marocaine. Ce qui lui a permis de s’octroyer le rôle d’arbitre suprême et apparaître ainsi comme la seule entité capable de garantir la stabilité de l’État», poursuit Mounjib. Le nationalisme est depuis devenu synonyme d’allégeance à la monarchie au point qu’Hassan II qualifiait les chansons faisant son éloge de «chansons nationalistes».
L’intervention du professeur Mounjib s’inscrivait dans le cadre d’une réflexion sur la thématique du makhzen à laquelle ont pris part d’éminents spécialistes comme le professeur Mohammed Sassi ou encore le professeur Nabil Mouline. Tous deux ont traité respectivement de la situation du makhzen entre 1944 et 1999 et de l’évolution du concept à l’aune des différentes dynasties qui ont gouverné le Maroc.
Lakome, 29 juin 2013
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