Mohamed Benyamina
Nous assistons ces derniers temps à une campagne virulente contre l’Algérie par presse française interposée, et également de la part d’officiels de l’Hexagone qui n’hésitent pas à outrepasser le statut que confère l’obligation de réserve. On ne met plus de gants dans le « Tout Paris médiatico-politique » pour charger l’Algérie, s’arrogeant le titre de donneurs de leçons en matière de démocratie et de « bonne gouvernance » alors qu’au moment où nous saisissons ces lignes, des centaines de société françaises sont chez nous, générant des milliards de dollars annuellement.
La France, qui feint d’oublier qu’elle est en train de perdre des pans de sa souveraineté depuis la venue d’Emmanuel Macron, et avant lui Hollande et Sarkozy, se met aujourd’hui à s’occuper de nos affaires comme si l’Algérie était un territoire d’outre-mer. Paris se dit préoccupé par le fait que le Président sortant rempile pour un 5e mandat, alors qu’à un jet de pierre de l’Elysée ou de l’Hôtel Matignon, des milliers de « Gilets jaunes » suscitent l’intérêt des salles de rédaction mondiales. Des « Gilets jaunes » qui ont juré sur tous les « saints » d’une France solidaire, juste et humaine, de ne pas lâcher la rue « tant que la Macronie est toujours au pouvoir ». Au lieu d’écouter ces français qui se disent fatigués d’une « justice » qui enrichit le riche et appauvrit le pauvre, et crient à tous ceux qui veulent les entendre qu’il faut à tout prix « extirper » la France des tentacules rotschildiennes et des injonctions de l’OTAN à s’en aller en guerre contre de malheureux petites gens du Sahel, de Libye, de Syrie ou du Yémen, le pays de Macron préfère mettre les bâtons dans les roues d’une Algérie résolue au demeurant à avancer vaille que vaille.
Paris laisse entendre que le Président candidat n’est pas le sien. C’est cauchemardesque. On a l’impression d’être dans les…« Cantonales » françaises. Contestable ou pas, souhaitée ou pas, la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême en Algérie ne regarde aucun pays et ne relève des priorités d’aucune puissance. Les seuls qui pourront donner un avis sur la question sont les Algériens. Que l’on soit citoyen, chef de parti ou candidat à la présidence de la République. Cette liberté de soutenir ou pas Bouteflika, d’appeler à voter untel ou suggérer le boycott est, heureusement, perceptible aussi bien dans nos médias que dans les réseaux sociaux. Hormis un impair qui relève beaucoup plus d’un zèle « isolé » d’un magistrat à Mascara, qui a ordonné la mise en prison d’un citoyen qui a exprimé son opposition à un 5e mandat, le gouvernement semble garantir les libertés du choix.
Certes, l’Algérie n’est aucunement la « Cité idéale », et qu’il est dans son intérêt de donner un coup de balai devant sa porte, de revoir la copie pour ce qui est de l’éligibilité des représentants du peuple. Elle est également condamnée à ne plus permettre à d’anciens « marchands de légumes » de graviter autour des centres de décisions, mais de l’avis des observateurs qui connaissent la France d’aujourd’hui, vivre au pays du défunt De Gaulle n’est guère meilleur qu’en Algérie. Avec Macron, pour paraphraser le philosophe français Jean-Yves Jézéquel, « la répression est en marche, les lois qui nient les libertés citoyennes, qui interdisent à peu près tout à propos de tout, en plaçant partout des sens interdits pour obliger les individus et les sociétés entières à ne marcher que dans un seul sens : celui de l’ultra-libéralisme, de l’autoritarisme, de la dictature et de la criminalisation des mouvements sociaux ».
Le Jeune Indépendant, 13 fév 2019
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