Hirak populaire ou un hirak de quelques personnes en prison ?
Quand on évoque الحراك الشعبي| le mouvement ou la mouvance populaire, on comprend que c’est une mouvance du peuple, des catégories populaires, des masses, des gens, en définitive, une mouvance impersonnalisée. Ce sont uniquement ces masses qui sont la source de légitimité. D’ailleurs ce fut le principe fondateur et la marque structurante de cette dynamique depuis son amorce Sauf que un consensus a été fabriqué ( comment ?) que le discours ambiant a relayé, il tient à imposer insidieusement, comme un fait accompli, une vision selon laquelle les détenus politiques en prison sont les uniques représentants de ce mouvement, ils en ont la légitimité et en sont les propriétaires. C’est devenu un bien qui leur appartient en propre.
Comme par enchantement, la mention des masses populaires a disparue de la circulation. Mis à part ce petit groupe de personnes, personne d’autre n’a le droit de décider du destin de ce mouvement. Sans que personne n’y trouve rien à redire. Cette conception des choses pose un vrai problème de bon sens. Il se passe ici un changement fondamental. A mon idée, ce glissement des choses est une véritable déviation si ce n’est une supercherie. Sous prétexte qu’ils ont en payé le prix, leur liberté.
Le fait qu’ils soient en prison, leur accorde de facto le droit de diriger ce mouvement de l’intérieur de la prison, décider de ce qui doit être fait et défait, d’adresser, par moment, du gré des circonstances, des directives au mouvement de soutien en Europe, d’envoyer leur caution et leur bénédiction ( via un coup de téléphone, une correspondance, et d’autres canaux) aux différentes initiatives prises ici et là en Europe.
A ce propos, force est de relever qu’ils sont souvent sollicités pour que parrainer une action, qui lui attribue de facto une valeur, un, poids ,une importance. J’entends et je lis par-ci et par-là certains ardents défenseurs du caractère massif du Hirak proclamer : seuls les détenus politiques ont cette aptitude et ce droit de décider de quoi que ce soit concernant le hirak , que la marche des choses doit se dérouler sous leur supervision; en la matière ils représentent l’autorité suprême de disposer de ce hirak et d’en contrôler le développement et le processus .
Au point que cette personnalisation est allée à l’extreme puisqu’elle s’est cristallisé désormais en la figure d’une seule personne.
Questions :
Elles sont où les masses populaires dans ce équation-là ? Comment elles ont été exclues de ce processus et pourquoi ?
Est-ce qu’on le qualificatif « populaire » accolé à ce mouvement est il justifié aujourd’hui ?
Rachid Oufkir
Source: Facebook
Tags: Maroc, Hirak, Rif, Nasser Zefzafi, prisonniers politiques, Okacha,