Dans la perspective de la présidentielle d’avril prochain, il y a la candidature que les uns attendaient mais que les autres repoussaient, ce qu’ils font les deux depuis un certain temps déjà, mais qui au bonheur des premiers et au déplaisir des autres est désormais là, celle de Abdelaziz Bouteflika.
Il y a celles qu’on attendait, et d’abord pour la bonne raison qu’elles ne sont pas du genre à manquer à l’appel, comme celle de Louisa Hanoune. Mais tout autant sinon plus celle de Ali Benflis, du fait notamment de la vocation présidentielle de l’homme.
Mais, fait assez étrange, ni l’une ni l’autre ne sont encore là. Parmi ce type de candidature, on ne peut oublier celles toujours recommencées de fantaisie ou de témoignage, comme celle de Fawzi Rebaïne de AHD 54, qui pourrait manquer en avril prochain, mais dont rien ne dit encore qu’il n’y sera pas.
Il y a celle que tout le monde attendait et qui est là : celle de Abderrazak Makri, le président du MSP, qui il y a encore peu de temps n’allait pas de soi. Makri a tenté en solitaire une opération de brouillage particulièrement audacieuse : faire prolonger d’une année le mandat du président sortant, après quoi lui interdire de se représenter. On se demande où il est allé chercher pareil arrangement, qui soit dit en passant n’aurait arrangé que lui si par extraordinaire il avait été adopté.
Quelqu’un qui pourrait faire violer la Constitution de cette façon, celui-là, c’est sûr, manquerait si peu d’influence qu’il mériterait bien d’être le futur président. N’oublions pas que c’est cette proposition ébouriffante qui a fait sortir du bois et de l’anonymat Ali Ghediri, la candidature que personne, mais alors personne celle-là, n’attendait mais qui est là.
On ne l’attendait pas celle-là, parce que jusqu’à ce que le général à la retraite Ghediri se soit insurgé contre l’initiative Makri, le public ignorait jusqu’à son existence.
Quelqu’un qui l’instant d’avant n’avait rien d’un homme public, et puis qui l’instant d’après fait figure de candidat tout à fait sérieux, pareil tour de prestidigitation ne s’était jamais produit. C’est la première fois que cela arrive, et probablement la dernière. Un cas unique dans les annales donc.
Abdallah Djabellah, une autre candidature attendue, mais qui apparemment ne sera pas là, voit même dans Ghediri le bon candidat unique et unitaire de l’opposition.
Djabellah est un vieux routier de la politique, mais il semble tout disposé à se ranger derrière quelqu’un qui jusqu’à récemment, politiquement parlant en tout cas, était un parfait inconnu. Et il n’est pas le seul dans ce cas. D’autres que lui ont mis leur renommée au service de la candidature de Ghediri.
Ainsi de Mokrane Aït-Larbi, qui aurait provoqué moins d’étonnement s’il avait annoncé sa propre candidature. Il faut que ces gens aient cru que Ghediri, c’est bien plus que Ghediri. C’est le candidat de l’armée. Le vrai candidat de l’armée, pas l’autre, le candidat du FLN et de ses alliés de la majorité, pas Bouteflika.
Relevons tout de même que tout le monde n’a pas donné dans le panneau. Ainsi du RCD, dont le président est allé jusqu’à mettre en doute le grade de général de Ghediri.
On peut toujours prendre les choses à la rigolade, mais ceux qui ont prêté leur célébrité à ce dernier peuvent bien avoir fait à leur réputation beaucoup de tort. Moins d’ailleurs pour s’être rangé derrière un inconnu que parce que cet inconnu est un militaire.
On les aurait crus jusque-là intransigeants sur le principe de la primauté du politique sur le militaire. Et puis voilà qu’à la première occasion venue, ils se rallient à un militaire. Et seulement parce qu’il est général et qu’il a dit ralliez-vous à mon panache blanc.
Le Jour d’Algérie, 12 fév 2019