Maroc: Hirak – Le regain du fait tribal et le déferlement du discours ethnique

La main du Makhzen, serait-elle derrière certains agissements tribaux? Au Maroc, la capacité de manipulation du facteur tribal pour semer la division et la discorde est légendaire.

Article de Rachid Oufkir sur le sujet

Au-delà du charabia habituel, de la bien-pensance, les discours vaseux, du tableau idylique, servis ici et là, le Hirak aura aussi été marqué par le clivage tribal patent et la tribu s’est révélé une obsession.

Le réenracinement tribal : une future crise identitaire ?

Ce n’est pas pour jeter l’huile sur le feu, mais c’est pour déplorer la manière dont les gens réagissent dans le débat, dénoncer cette fausse modernité, et cette fausse citoyenneté clamées par ceux qui utilisent le langage de Descartes, de Neitshe, et celui des droits humains. C’est aussi pour attirer l’attention du public, car c’est un fléau de nature à avoir des conséquences non négligeables dans la société, comme fissurer l’unité et mener à la déflagration de l’osmose dans ce mouvement, et de ce vivre ensemble durement construit. Dans le passé, le fait tribal a été source de violence politique et ethnique. C’est pour dire aussi que c’est misérable, pathétique et mesquin de voir ce spectacle.

En 2019 encore, les démons de la tribu agissent, sur les structures mentales de l’opinion publique et en particulier de certains « émancipés autoproclamés » parmi les plus insoupçonnés, mais qui se révèlent des agents dangeureusement toxiques. Ces élements mènent conscieusement un travail de sape de cette unité, en aggravant le phénomène. Ce n’est pas un pur concours de circonstances et c’est un véritable guet-apens. A défaut de pouvoir s’imposer dans la voie de la modernité, ils se rabattent sur ce qui est facile et qui constitue une arme dangereuse et mobilisatrice de nos jours: le chauvinisme tribal.

En lisant une quantité de commentaires, je m’aperçois que les lignes de fracture passent toujours par la tribu, que nombreux sont ceux qui instrumentalisent d’une manière stratégique l’exaltation de ce type de chauvinisme et ses travers, pour rallier à la cause : « Notre tribu a été attaquée, c’est indigne, il faut contre-attaquer ». On voit nettement cette référence s’imposer comme un trait pertinent. Exit la raison, la démonstration logique et argumentative, le RIF , etc…

A part quelques rares exceptions, une grosse partie de ces commentaires colportent et épousent dans leurs contours le chauvinisme tribal d’antan, réactionnaire, débile, avec les rancœurs, les ressentis, les contentieux historiques et les tensions accumulés tout au long des siècles. Il refait surface comme par enchantement. On a beau essayer de l’étouffer, difficile de l’éradiquer. Je l’assimile à ces plaques tectoniques qui flottent à la surface de l’écorce terrestre, autrement dit il sera là pour longtemps. Quand bien même c’est une organisation archaïque, il n’est pas tombé en désuétude, il est toujours fécond et il resurgira chaque fois que possible. Autant dire c’est une véritable dérive.

La tribu dénoncée ici, est celle de l’exclusion, de l’enfermement infracommunautaire, de l’aliénation sectaire, celle des stéréotypes sur une ethnie par rapport à une autre, les considérations dévalorisantes d’une tribu vis-à-vis d’une autre lesquels débouchent sur le tribalisme, et non comme un phénomène anthropologique, à savoir entité culturelle et sociale fondée sur la base des liens de parentés, celle des clans familiaux.

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