« Mais, hélas, et comme pour l’affaire Salah, celle-ci a, de proche en proche, et de média en média, pris des proportions planétaires, puisque même la presse internationale a fini par s’en emparer. Le peuple algérien, comme tous les autres d’ailleurs, n’est certainement pas exempt de défauts. Le racisme n’en fait cependant pas partie ».
Par Mohamed Abdoun :
Il m’a déjà été donné, à maintes reprises, d’expliquer à quel point il était facile de manipuler l’opinion publique, ainsi que les foules, rien qu’en usant de deux postulats axiomatiques de base. L’affaire Salah en représentait la plus parfaite illustration (comme détaillé dans un précédent édito) jusqu’à ce que l’on se retrouve avec le scandale miss Algérie sur les bras.
Ces deux postulats se résument en ceci : d’une part démarrer d’éléments avérés et facilement vérifiables pour mieux accréditer les mensonges qui viendront se greffer dessus, et ensuite essayer de faire monter tout cela en épingle en jouant sur une corde particulièrement sensible.
La nouvelle miss Algérie s’appelle Khadidja Benhamou. Cela est indéniable. Elle est issue du grand sud algérien, cela demeure également incontestable. A partir de là, il est possible de tresser les tissus de mensonges les plus grossiers et les plus éhontés qui soient.
Ceux qui ont fait cela, je le précise, et exactement comme pour l’affaire Salah, n’ont bien entendu pas pris le soin de traduire les critiques ayant fusé sur les réseaux sociaux concernant miss Algérie, et le simple questionnement posé par un média égyptien devenu une affirmation pour ce qui concerne l’affaire Salah.
Je m’explique. Depuis que ce concours qui, à mon sens, dévalorise la femme, pour n’en faire qu’un vulgaire objet de décoration et d’esthétisme (sachant, par ailleurs, que les goûts et les couleurs ne se discutent pas), il ne s’en est pas passé un seul sans que ses résultats ne soient suivis par les critiques les plus acerbes et les plus virulentes qui soient.
Bien sûr, le phénomène que voici n’a pas tardé à se faire jouer, et à se cristalliser, comme de coutume, autour de cette élection. J’avoue qu’il est normal de faire face à ce genre de critiques, les canons en matière de beauté féminine étant particulièrement élastiques, évoluant très largement d’une personne à une autre, et même d’une période à l’autre.
Les anciens modèles des peintes italiens de la renaissance, opulentes, nonchalantes et pleine de grâce n’ont par exemple aucun commun rapport avec les mannequins d’aujourd’hui, évoluant dangereusement à la lisière de l’anorexie. Et, j’ai eu beau scruter les réseaux sociaux, les critiques, les remarques critiques et même les moqueries, à aucun moment il n’a été question de la couleur de peau, ni de la ville natale de cette charmante jeune fille.
Ceux qui ont essayé de faire accroire cela doivent donc cultiver en leur fort intérieur des relents de racisme secrètement bridés. Mais, hélas, et comme pour l’affaire Salah, celle-ci a, de proche en proche, et de média en média, pris des proportions planétaires, puisque même la presse internationale a fini par s’en emparer.
Le peuple algérien, comme tous les autres d’ailleurs, n’est certainement pas exempt de défauts. Le racisme n’en fait cependant pas partie.
Voilà pourquoi je me sens las, carrément dégoûté en voyant les proportions prises par cette fausse affaire, venue ternir l’image de marque des miens. J’ai failli dire, » noircir » le tableau de notre pays, avant de me reprendre, en me disant que je pourrais très facilement être pris pour cible moi aussi…
M. A.
La Tribune des Lecteurs