France: Conspiration

Faouzia Mahmoudi

Il y a quelques semaines, Emmanuel Macron avait assuré qu’il arrêterait de lancer ses petites phrases assassines qui lui ont fait tant de mal auprès de l’opinion publique. Pourtant, cela semble être plus fort que lui et alors que la mobilisation des «gilets jaunes» ne faiblit pas, le président français estime que l’ex-boxeur accusé d’avoir agressé deux gendarmes il y a un mois a été «briefé par un avocat d’extrême gauche».

Christophe Dettinger, conseillé par un «avocat d’extrême gauche ?» C’est la théorie développée par Emmanuel Macron lors d’un entretien donné à plusieurs médias jeudi, dont «Le Point», qui en restitue la teneur. Si sa phrase sur «Jojo le gilet jaune» a focalisé l’attention, le président de la République a également analysé plus largement le mouvement. «Dans l’affaire Benalla comme gilets jaunes, la fachosphère, la gauchosphère, la russosphère représentent 90 % des mouvements sur Internet.

Ce mouvement est fabriqué par des groupes qui manipulent et, deux jours après, ça devient un sujet dans la presse quotidienne nationale et dans les hebdos», lance ainsi Emmanuel Macron. Et le président de prendre l’exemple de Christophe Dettinger, l’homme soupçonné d’avoir boxé deux gendarmes à Paris durant l’acte 8, pour illustrer son propos : «Le boxeur, la vidéo qu’il fait avant de se rendre, il a été briefé par un avocat d’extrême gauche.

Ça se voit ! Le type, il n’a pas les mots d’un Gitan. Il n’a pas les mots d’un boxeur gitan», déclare Emmanuel Macron, non sans préjugé. Dans la vidéo en question, l’ancien boxeur surnommé le «gitan de Massy», expliquait, pour se justifier d’avoir «affronté les CRS» : «J’ai vu la répression qu’il y a eue, j’ai vu la police nous gazer. J’ai vu la police faire mal à des gens avec des Flash-Ball. J’ai vu des gens blessés, j’ai vu plein de trucs. Moi je suis un citoyen normal, je travaille, j’arrive à finir mes fins de mois, mais c’est compliqué. […] Je suis un gilet jaune. J’ai la colère du peuple qui est en moi. Je vois tous ces présidents, ces ministres, l’État… se gaver, ils ne montrent pas l’exemple. C’est toujours nous, les petits, qui payons», expliquant n’être ni d’extrême gauche ni d’extrême droite, simplement «un Français».

Pour le président, aucun doute sur le fait que les gilets jaunes radicalisés étaient «conseillés» par l’étranger. «La communication officielle ou celle de tous les mouvements traditionnels, elle est très peu active, très peu relayée.

Les gens qui sont surinvestis sur les réseaux sont les deux extrêmes. Et après, ce sont des gens qui achètent des comptes, qui trollent. C’est «Russia Today», «Spoutnik», etc. Regardez, à partir de décembre, les mouvements sur Internet, ce n’est plus BFM qui est en tête, c’est «Russia Today». Des propos dédaigneux et conspirationnistes qui ne vont pas aider l’image de Macron à s’améliorer auprès des Français et qui prouvent une fois encore son mépris pour les «gilets jaunes» manipulés et incapables de penser leur mouvement par eux-mêmes.

Quant à ses propos sur Dettinger, le racisme qui sous-tend son commentaire ne va pas, là aussi, améliorer sa popularité encore au plus bas. Les Français, qui sont eux encore majoritaires à soutenir les «gilets jaunes» devraient ainsi ne pas apprécier ces nouvelles petites phrases de Macron qui prouvent que le chef d’État français est incapable de se contrôler et de s’exprimer sans mépris ou moquerie.

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