Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia a affirmé, hier, à Alger, qu’Abdelaziz Bouteflika devrait annoncer sa candidature incessamment, à travers une lettre qu’il adressera au peuple. Ouyahia a saisi de l’occasion d’une conférence de presse animée à l’issue du conseil national du parti qui s’est achevé la veille, pour descendre en flammes les détracteurs du président de la République. «Il faut reconnaître que Bouteflika est le meilleur choix et le plus apte à garantir la stabilité du pays», lancera-t-il à leur adresse.
Et si le président de la République refuse de se présenter ? Ouyahia écarte toute incertitude. «A 99%, il répondra à l’appel», a-t-il lancé.
Le secrétaire général du RND a rappelé que le problème de l’opposition avec Bouteflika ne date pas d’aujourd’hui. « En 2004, elle avait adopté le slogan, tout sauf Bouteflika. Ce qui ne l’a pas empêché d’être porté et soutenu par le peuple. En 2014, la même opposition avait plaidé pour l’application de la disposition constitutionnelle concernant l’incapacité du chef de l’Etat à gérer le pays. Et encore une fois, la confiance lui a été renouvelée et il a été plébiscité pour un autre mandat», a-t-il rappelé. Il a annoncé dans la foulée que le bilan du quatrième mandat sera présenté très prochainement à l’APN avant la tenue de l’élection présidentielle dans le cadre de la déclaration de politique générale.
Ouyahia a expliqué que la perception de l’opposition, axée sur la santé du président de la République, est «acceptable comme discours, mais pas comme réalité». Il a souhaité que Bouteflika se présente et soit réélu afin qu’il prouve son aptitude à assumer sa mission.
Sollicité pour réagir aux déclarations de Louisa Hanoune qui prédit des débordements, le chef du RND a ironisé sur la versatilité de la responsable du PT. «La rue est maîtrisée au cas où les «partisans de l’anarchie se manifesteraient», a-t-il martelé. Pour ce qui de la candidature du général à la retraite, Ali Ghediri, Ouyahia n’y voit «aucune menace».
Le SG du RND a par ailleurs annoncé qu’il ne figure pas sur la liste des personnes qui dirigeront la direction de campagne d’Abdelaziz Bouteflika. Il a confirmé d’autre part que les partis de l’alliance mèneront la campagne du président de la République. Est-ce à dire qu’il n’existe pas d’alternative à Bouteflika ? Ouyahia s’est voulu précis. «Nous sommes nombreux à pouvoir nous présenter. Nous sommes en démocratie. J’appartiens à un camp qui considère que Bouteflika est le meilleur choix. D’autres pensent autre chose et c’est leur droit.» «Pour l’instant, nous voulons Bouteflika car il est le mieux placé pour garantir la stabilité nationale», a-t-il proclamé pour justifier son refus de se porter candidat.
Il fera remarquer que «nul parmi les opposants à un cinquième mandant n’a émis de contestation sur le nombre de mandats».
Ouyahia a insisté par ailleurs sur la nécessité de mettre en place de nouvelles conditions pour les postulants à la candidature à la magistrature suprême. «Les images du grand nombre de postulants venus retirer les formulaires de souscription relayées par les médias et les réseaux sociaux, étaient douloureuses », a-t-il reconnu. Il déplore au passage le rôle de certains médias qui ont contribué à amplifier le phénomène. «Je pense que le Conseil constitutionnel n’en retiendra qu’une dizaine de dossiers», a-t-il conclu.
Pour ce qui est de la transparence du scrutin, il a reconnu que «la fraude reste une tache noire depuis l’avènement du pluralisme politique». Toutefois, il a soutenu que la transparence sera garantie le 18 avril.
Karima Alloun Kordjani
Sud Horizons, 2 fév 2019
Photo: (DR)