Maroc: Note sur le traitement par la presse Algérienne du discours du Trône du 30/07/2008

Note sur le traitement par la presse Algérienne du discours du Trône du 30/07/2008

I. Le traitement par la presse Algérienne

1. Articles étudiés

1. Salima Tlemçani : « Le Roi du Maroc fustige la fermeture des frontières avec l’Algérie : la colère de Mohammed VI », El Watan, 31/07/2008.

2. Djalal Bouati, « Mohammed VI accuse l’Algérie de perpétrer une sanction collective contre son pays », El khabar, 31/07/08

3. Saïd Oussad, « Forcing », Liberté, Editorial, 31/07/2008.

4. Nadia Benakli « Mohammed VI adjure Alger de rouvrir les frontières », L’Expression 31/07/2008.

5. Kamal Aït Bessaï ; « le Roi du Maroc veut tendre la main à l’Algérie », Jeune-Indépendant, 31/07/2008.

6. Mohammed Zaaf, « Tendue ou rigide c’est kif-kif », Jeune-Indépendant, 31/07/2008.

7. Ali Babès, « Algérie, Maroc : le Roi revient sur les frontières », Le Quotidien d’Oran.

8. Mourad M’Hamed ; « Mohammed VI renouvelle son appel pour la réouverture des frontières avec l’Algérie », Echourouk, 31/07/2008.

2. Analyse des articles de la presse Algérienne

Les différents titres de la presse algérienne ont traité le discours Royal en partant des mêmes postulats et de la même méfiance à l’égard le Maroc.
Ils ont tout d’abord procédé à une interprétation basée sur le prisme de lecture habituel à la presse Algérienne et une réponse indignée au geste d’ouverture du Maroc ; ensuite, les journalistes ont essayé de « répondre » aux propos de Sa Majesté (tels que interprétés par eux-mêmes)

a. La lecture biaisée du discours

Les passages concernant les relations avec l’Algérie et la question du Sahara ont été présentés comme l’élément le plus important du discours du Trône. A titre d’illustration selon Le Quotidien d’Oran, la ville de Fès avait même été choisie symboliquement pour lancer ce qu’il a considéré comme un « appel vers l’Algérie ».

Ces passages du discours ont ainsi été considérés comme un appel solennel de la part de Sa Majesté lancé à l’Etat Algérien pour la réouverture des frontières dans la continuité des appels lancés par le Royaume dans les mois précédents. Au moment ou Sa Majesté n’a fait que constater « l’incompatibilité » de la situation actuelle avec ce que devraient être les relations entre les deux pays.

L’appréciation du ton du discours par les publications Algériennes n’a pas échappé à la tendance à la sur-interprétation tendancieuse du discours. Tandis que seule l’Expression y a décelé des propos conciliants, les autres publications ont relevé une hausse de ton de la part de Sa Majesté envers l’Algérie. El Watan a souligné « la colère du Roi » dans son article à la une illustré par une photo de Sa Majesté avec des traits tendus. Les autres journaux ont multiplié les termes renvoyant à un durcissement des propos de Sa Majesté qui aurait « fustigé » ou « accusé » l’Algérie de procéder à une « sanction collective contre son peuple » cf. El Khabar.

b. Eléments de réaction aux propos de Sa Majesté.

Les publications Algériennes ont puisé dans le même registre habituel pour répondre à certaines affirmations ; évoquant ainsi la responsabilité du Maroc dans la situation actuelle à travers le rappel de l’épisode de 1994 : le Maroc, suite aux attentats de Marrakech avait rétabli les visas pour l’entrée des ressortissants Algériens.

Toutes les publications Algériennes ont, sans exception, défendu systématiquement la position de leur Gouvernement en soulignant la nécessité d’un traitement global des dossiers en suspens entre les deux pays ; et affirmant dans le but d’influencer l’opinion publique algérienne, que la réouverture des frontières est une nécessité plus Marocaine qu’Algérienne, présentant des intérêts unilatéraux. Sa Majesté serait ainsi plus préoccupé par les problèmes économiques et sociaux que connaît la région de l’Oriental que par un réel rétablissement des relations entre les deux pays.

Les bonnes dispositions du Maroc manifestées par le discours Royal sont traitées avec une grande méfiance. Les journalistes Algériens y voient des manœuvres dilatoires –  faisant référence à une « malice politique…. » – visant à présenter l’Algérie comme responsable de la situation actuelle et à « manipuler l’opinion publique internationale »( sic) en postulant une relation directe entre la question du Sahara et l’état des relations entre les deux pays.

II. Synthèse

Le commentaire du discours Royal ne déroge pas à la structure du discours de la presse Algérienne vis-à-vis du Maroc et des ses institutions :

1. Le poids de l’histoire : la presse algérienne puise régulièrement dans l’histoire pour chercher des épisodes par lesquels elle pourrait étayer ses jugements sur le Maroc. La guerre des sables, l’interception de l’avion du FLN par l’armée française durant la guerre de libération, les incidents de 1994 sont autant des épisodes de l’histoire Algéro-Marocaine interprétés et contés fallacieusement de manière à rejeter toute responsabilité sur le Maroc.

2. L’unanimité des discours. Dans tout ce qui relève des relations avec le Maroc, la presse Algérienne est unanime sur l’essentiel ne s’écartant pas de la position officielle ; l’élément nationaliste devient prédominant et catalyseur du discours. Autant, la presse algérienne retrouve une certaine marge de liberté quand elle traite d’autres sujets, elle suit une ligne officielle dans tout ce qui concerne le Maroc.

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