Maroc: Le vin marocain grimpe en qualité*

Depuis les années 1960, Les Celliers de Meknès ont développé des vins d’appellation d’origine Guerrouane et Beni M’Tir. Depuis, la qualité des vins
n’a cessé de s’améliorer. Les techniques de production restent pourtant inchangées.

DIMANCHE 31 AOÛT 2008

Par Jean-Marie Le Maire

C’est au mois d’août, sous un soleil brûlant, que commencent les vendanges dans la région de Meknès, au pied des collines du Moyen-Atlas. Sur certains domaines, la récolte des grappes de raisin dure jusqu’à la fin du mois de septembre.

Le secteur offre à lui seul 20 000 emplois à vocation purement agricole et plus de 10 000 postes permanents dans les secteurs de l’industrie, de l’embouteillage et de la distribution. Pourtant, malgré des moyens à la pointe de la technologie, la méthode demeure artisanale.

Au coeur du vignoble de Meknès, Mehdi Bouchaara, directeur général adjoint des Celliers de Meknès, précise que le feuillage reste volontairement dense sur les pieds de vigne afin de protéger les grappes de la chaleur. « Ici, les températures dépassent souvent 40 degrés pendant l’été » explique-t-il. Et d’ajouter : « La cueillette est entièrement manuelle, ce pour deux raisons
majeures. D’abord, il est vrai que l’on pourrait mécaniser tout cela, mais quoi qu’on en dise, la main de l’homme reste supérieure à la machine en termes de qualité… Aussi, il y a un coût social important.

Aujourd’hui, sur les domaines comme ceux-là, nous faisons travailler un peu plus de 1000 personnes. »

Situés entre 580 et 700 mètres d’altitude, bénéficiant d’une pluviosité modérée et d’un riche ensoleillement, les vignobles de la région connaissent une situation exceptionnelle. Mehdi Bouchaara insiste sur la qualité du terroir ainsi que sur le savoir-faire des vendangeurs marocains, qui le transmettent de père en fils :  » Comme vous pouvez le constater, la totalité de la vendange est ramassée en caisses percées de 18 kilos, puis transférée sur les caves. Cela permet de récupérer une vendange totalement intègre. »

Depuis l’entrée en vigueur du Traité de Rome concernant l’interdiction de coupage des vins européens avec ceux venant de l’étranger, les producteurs
nationaux se sont orientés vers la production en bouteille. Brahim Zniber, fondateur des Celliers de Meknès, développe alors les premiers vins d’appellation d’origine Guerrouane et Beni M’Tir…

Depuis, le puissant groupe règne en maître avec plus de 85% de part de marché. Consécration : il a créé, en 1998, la première dénomination « Château » dans l’unique appellation d’origine contrôlée du Maroc.

Malgré cette réussite, les chiffres liés à l’export restent très faibles, contrairement à ceux de son concurrent, le groupe Castel, qui commercialise principalement du vin en vrac et exporte la quasi-totalité de sa production.

Paul d’Herbès est oenologue pour la société Castel. Le vin, c’est son métier ! Les moyens techniques et modernes mis en oeuvre assurent une qualité irréprochable à la vinification des raisins. Pourtant, explique-t-il : « Le Maroc souffre peut-être, encore aujourd’hui, d’une image préconçue que les gens avaient sur la qualité des vins que l’on distribuait il y a vingt ou trente ans. »

Malgré un chiffre d’affaires global avoisinant 100 millions d’euros pour le secteur viticole, le Maroc reste confronté à ses éternels paradoxes. L’interdit
concernant la consommation d’alcool semble plus relatif lorsque l’on sait que 45 millions d’euros, tous impôts et taxes confondus, reviennent au Trésor marocain.

Aboubakr Belkora, maire de Meknès et membre du Parti de la justice et du développement (PJD), en est bien conscient. Il reproche surtout un manque de modération aux consommateurs de vin et d’autres alcools. Tout en précisant très calmement que les textes sacrés du Coran sont sans équivoque : « Il est vrai que cela crée beaucoup d’argent pour l’Etat. En termes de fiscalité, c’est énorme. Nous ne sommes pas opposés à ce que cela soit produit, exporté ou bien destiné à
une clientèle non-musulmane… Mais nous clairs sur ce point, tout comme l’est la religion : la consommation d’alcool est interdite et n’a pas lieu d’être
pour un musulman. »

Il y a plus de 2 500 ans, les Carthaginois introduisaient les vignes au Maroc, faisant de ce pays l’un des tous premiers producteurs de vin du monde… Aujourd’hui, la production est d’environ 34 millions de bouteilles…
Ainsi, chaque année, 30 millions de bouteilles sont
consommées dans le Royaume.

*Article publié et effacé ensuite par France 24.

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