16 effets de la dimension de la croissance démographique

LE DEFI DEMOGRAPH1QUE

16 EFFETS DE LA DIMENSION DE LACROISSANCE DEMOGRAPHIQUE

(Synthèse de l’étude de “World Watch Institute” publiée en 1998 et portant sur les tendances de la population mondiale et les perspectives de leurs impacts sur le bien être humain)

INTRODUCTION : LE DEFI DEMOGRAPHIQUE

L’augmentation de la population mondiale depuis 1950 (2,5 milliards à 5,9 milliards d’habitants en 1998), combinée avec celle de la consommation par tête d’habitant, porte nos prétentions sur la planète au-delà de ses limites naturelles :

Chute du niveau hydrostatique sur tous les continents en raison d’une demande excédant le rendement supportable par les sources d’eau, ce qui entraînera des réductions des eaux d’irrigation et donc des récoltes ;

Engouement de plus en plus marqué pour les produits de la mer poussant les pêcheries au-delà de leur limite ;

Elévation de la température terrestre engendrant des changements climatiques imprévisibles ;

Déclenchement de la plus grave extinction des espèces animales et végétales depuis la disparition des dinosaures.

Ces effets de croissance démographique n’ont été appréhendés que récemment mais les théories sur l’impact de cette croissance sur le bien être humain ne le sont pas. En 1798, Malthus a mis en relief la tendance de la population à croître exponentiellement. Depuis la date précitée, la famine a touché de nombreux pays. Défini auparavant géographiquement par les zones de faible récolte, ce fléau est actuellement défini économiquement par les segments de société à bas revenus dont le pouvoir d’achat n’est pas suffisant pour satisfaire les besoins alimentaires.

L’étude exposée ci-dessous vise à donner une meilleure perspective sur la manière selon laquelle les tendances démographiques futures affecteront l’humanité. Il sera ainsi démontré que la forte croissance de la population que connaît la majorité des pays n’est pas appelée à durer. La question qui se pose est plutôt de savoir par quel mécanisme le taux d’accroissement va baisser.

Les estimations faites par l’ONU de la population à l’horizon 2050 se situent entre 7,7 milliards d’habitants (hypothèse basse) et 11,2 milliards (hypothèse haute) avec une hypothèse médiane à 9,4 milliards, considérée comme la plus probable. Ces projections sont basées uniquement sur des hypothèses démographiques (concernant la fertilité, la mortalité et l’espérance de vie) appliquées à des données statistiques du passé, sans aucune préoccupation pour la capacité des écosystèmes à supporter les effectifs additionnels de population découlant de ces projections.

Néanmoins, l’estimation médiane précitée (impliquant un accroissement de population exclusivement dans les pays en développement alors qu’il est escompté une légère diminution de la population dans les pays développés), sera utilisée pour mettre en évidence les tensions qu’un tel effectif peut faire subir aux écosystèmes et aux gouvernements concernés. Il sera ainsi démontré que cette estimation est peu vraisemblable et que la tendance s’orientera plutôt vers l’estimation basse.

POUSSEE DEMOGRAPHIQUE ET /

1) PRODUCTION DES CEREALES

En matière de relation entre l’augmentation de la population et celle de la production des céréales, deux périodes doivent être distinguées : 1950-1984 durant laquelle la production par tête d’habitant est passée de 247 kg à 342 kg (+38%) et la période durant laquelle celle production a baissé à 317 kg (-7%). Toutefois, celle évolution diffère d’un pays à un autre et pour beaucoup d’entre eux, l’augmentation de la production de céréales a été absorbée par celle de la population.

Le ralentissement de la production des céréales est dû à celui de l’irrigation et de l’usage de fertilisants ainsi qu’au manque de nouvelles terres cultivables. La consommation par tête d’habitant varie largement en fonction de la richesse du pays. Elle peut aller de 200 kg par an (en cas de consommation d’une seule céréale comme en Inde) à 800 kg par an (aux USA, mais indirectement à travers la consommation de divers aliments) avec des situations intermédiaires de 400 kg par an (Italie par exemple). En fait, face aux contraintes en matière de production, le nombre d’individus que la terre peut supporter dépendra du niveau de la consommation par tête.

En raison de la raréfaction des nouvelles terres cultivables, l’augmentation de la production ne peut provenir que de celle de la productivité. Or ceci est difficile puisque les superficies et les volumes d’eau d’irrigation par tête d’habitant ont tendance à baisser de même que le taux de rendement des cultures réagit de moins en moins à une plus forte utilisation des fertilisants.

2) EAU POTABLE

Avec l’augmentation de la population, la quantité d’eau potable disponible par tête d’habitant au niveau du cycle hydrologique devrait diminuer d’ici à 2030 en raison de la baisse inquiétante du niveau hydrostatique résultant de l’épuisement des nappes phréatiques trop sollicitées. Cette rareté qui peut induire des effets sociaux imprévisibles, entraînera un détournement de l’eau de l’agriculture (qui en absorbe plus de 70%) vers l’industrie (qui la rentabilise le mieux) et vers les besoins domestiques. La rareté de l’eau impliquera donc celle de la nourriture.

3) BIODIVERSITE

La poussée démographique a amplifié diverses activités humaines qui sont à l’origine de la raréfaction voire même, de l’extinction de diverses espèces animales et végétales : destruction des habitats suite à leur envahissement par les humains, pollution, chasse excessive …

L’introduction d’espèces “exotiques” au niveau des écosystèmes tend également à éliminer les espèces locales réduisant ainsi la diversité de la flore et de la faune.

D’autre part, l’utilisation massive de fertilisants favorise certaines espèces au détriment d’autres, déséquilibrant ainsi des écosystèmes terrestres et même aquatiques. Les émissions de gaz à effet de serre ont le même effet en induisant des changements climatiques. L’élévation du niveau des mers peut ainsi avoir un impact négatif sur des écosystèmes tels que les plateaux continentaux.

4) CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Durant la dernière moitié du siècle, les émissions de dioxyde de carbone (principal gaz à effet de serre), ont augmenté de près de 30% du fait de l’augmentation de la combustion de carburants fossiles résultant de l’augmentation de la population. Tous les scientifiques s’accordent sur le fait que les climats en seront déstabilisés, ce qui provoquera vagues de chaleur, sécheresse et inondations sévères, ouragans plus dévastateurs et feux de forêts plus étendus. De même que les brusques variations de température et de précipitations peuvent mettre en danger la production alimentaire, la biodiversité biologique terrestre, des écosystèmes entiers et même la santé humaine à travers l’expansion des maladies tropicales.

Près de 45% de l’augmentation de l’oxyde de carbone sont dus à l’augmentation de la population, les 55% restants résultent de l’augmentation des émissions par tête d’habitant. Les effets de l’augmentation de la population sont les plus profonds au niveau du pays où les habitants sont de gros émetteurs de gaz à effet de serre (USA notamment).
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De plus, les forêts étant des “puits” de carbone, la déforestation alourdira également le volume des émissions sans oublier la contribution néfaste des feux de forêts comme ceux ayant concerné dernièrement l’Asie.

5) CAPTURES DE POISSONS

Les prises de poissons par tête d’habitant sont passées de 8 kg en 1950 à 17 kg en 1988 puis ont commencé à chuter à partir de cette date (16 kg en 1996). Les prises qui atteignent actuellement 93 millions de tonnes constituent, de l’avis des biologistes, la limite supportable par les océans. Cette exploitation massive s’accompagne d’une raréfaction des espèces les plus prisées (dont les prix augmentent démesurément), de l’augmentation des prises d’espèces inférieures et non consommables (appauvrissant et déséquilibrant ainsi inutilement les écosystèmes) et de conflits sur les zones de pêche.
Par conséquent, l’augmentation friture de la demande en produits de la mer ne pourra être satisfaite que par la pisciculture. Cette dernière en se développant, entrera ainsi en compétition avec l’élevage de bétail et de volaille sur l’alimentation animale (céréales, soja, farine de poisson …).

6) EMPLOI

30% de la population active mondiale est sans emploi ou sous employée. D’ici à 2050, il faudrait créer 1,9 milliards d’emplois pour que ce pourcentage ne s’aggrave pas. Les besoins les plus pressants concerneront les plus pauvres, autre manifestation du cercle vicieux liant pauvreté et croissance démographique.

Puisque les nouveaux venus sur le marché du travail sont nés au moins 15 ans auparavant, les mesures à maîtriser la croissance démographique sont d’autant plus urgentes puisque leur effet sur la croissance de la population active sera retardé d’autant.

Le problème du chômage atteint sa gravité maximum en Afrique où, au moins 40% de la population vit dans la pauvreté absolue. La population active de ce continent serait appelée à tripler d’ici 2050.

La satisfaction des besoins basiques d’une population croissante réduit les investissements destinés à l’éducation et à la création d’emplois. De ce fait, les taux de chômage sont les plus importants pour la tranche des moins de 25 ans. De plus, l’exode rural amène plus de demandeurs d’emplois vers les centres urbains où le chômage est le plus aigu.

D’autre part, l’emploi permet de satisfaire les besoins courants de la vie et procure émancipation et respect de soi. Aussi, l’augmentation du chômage, en exacerbant faim et pauvreté, contribue-t-elle à l’instabilité politique.

7) SURFACES CULTIVABLES

Pendant des millénaires, les agriculteurs ont satisfait la demande additionnelle en nourriture en cultivant plus de terres. A partir des années 50, l’augmentation de la demande n’a pu être satisfaite que par celle de la productivité, cette dernière commençant toutefois, à donner des signes d’essoufflement.

Depuis la moitié de ce siècle, la population a cru plus vite que les surfaces cultivées. Ainsi, la baisse de ces surfaces par tête d’habitant rendra l’autosuffisance impossible pour de nombreux pays qui devront mettre de plus en plus à contribution la capacité des marchés internationaux à satisfaire une demande grandissante en produits alimentaires.

Par ailleurs, la surexploitation des terres résultant de la croissance de la population peut entraîner une dégradation des sols et réduire voire même, annihiler leur production. De plus, dans plusieurs pays, la croissance démographique alimente les effectifs des paysans sans terres.

8) PROJETS

75% de la croissance de la population et 75% de la déforestation ont eu lieu durant ce siècle comme conséquence des besoins grandissants en surfaces cultivables, en pâturage et en produits d’origine forestière (pâte à papier, bois de construction…). Dans les pays développés, la déforestation résulte de l’action combinée de l’augmentation de la population et de celle de la consommation par tête d’habitant. Dans les pays en développement, cette dernière est encore faible mais devrait augmenter fortement à mesure que ces pays se développent.

Si la consommation de papier actuelle des pays industrialisés devait être étendue à l’horizon 2050 à l’ensemble des pays, cela donnerait des niveaux insoutenables pour les forêts existantes sachant que l’utilisation actuelle est déjà au-delà des limites supportables. Aussi, plus la stabilisation de la population sera rapide et plus la réduction de la consommation individuelle et le recyclage donneront des résultats satisfaisants.

La déforestation a d’autres conséquences : destruction de l’habitat naturel de diverses espèces sauvages, émission massive de carbone dans l’atmosphère, ce qui engendre des conséquences néfastes pour l’environnement dont dépendent les économies et les populations.

De plus, les forêts limitent l’érosion et régulent les précipitations tout en constituant un réservoir d’eau persistant à travers les saisons sèches et humides. Aussi, la perte de ces avantages peut déstabiliser des économies locales.

9) LOGEMENT

De plus en plus de personnes à travers le monde ne peuvent plus prétendre à un logement décent et vivent dans des taudis ou même dans la rue. Cette situation va empirer dans la mesure où la demande en logements va doubler dans les 50 prochaines années, la demande additionnelle ne concernant pratiquement que les pays en développement (les besoins en Afrique et au Moyen Orient vont tripler d’ici 2050). Ceci résulte notamment de la forte synergie entre croissance de la population et diminution du nombre de personnes par ménage.

A mesure que la demande en logement dépasse l’offre, la qualité des habitations disponibles tend à se détériorer (qualité des matériaux de construction et des commodités tels que l’eau potable et les sanitaires), du fait que la concurrence féroce désavantage les ménages et les revenus les poussant vers des bidonvilles de plus en plus étendus et vers des zones impropres à l’habitat (voisinage des décharges, aires inondables, pentes escarpées…). De plus, on assiste également à la multiplication dramatique des effectifs des sans abri.

Par ailleurs, dans beaucoup de pays développés et parmi les segments les plus riches d’autres nations, la surface habitable par tête d’habitant continue d’augmenter, imposant plus de contraintes sur l’offre de terrains et de matériaux de construction.

10) ENERGIE

Durant les 50 dernières années, la demande d’énergie a augmenté 2 fois plus vite que la population. Cette tendance est appelée à se maintenir à mesure que les pays en développement essayeront de rattraper les pays développés à ce niveau. Le taux d’augmentation pour le demi-siècle prochain est estimé à 33% pour les premiers (dont la consommation dépassera celle des pays développés à partir de 2030) avec des pics dans les pays où l’activité économique se développera le plus, d’où des pressions significatives sur les sources d’énergie.

Même un faible taux d’accroissement de la population peut avoir des effets significatifs sur la demande d’énergie au niveau des pays à forte consommation par tête d’habitant (USA par exemple). Ce dernier ratio a doublé à l’échelle mondiale entre 1950 et 1973 avant de ralentir conjoncturellement au début des années 80 (récession et augmentation des prix) et avec l’effondrement du bloc communiste en 1989.

La production du pétrole par tête d’habitant a atteint un pic en 1979 puis a baissé de 23% depuis. Aussi longtemps que le pétrole restera la source d’énergie dominante, des augmentations de prix sont prévisibles (à partir de 2011 ou 2023 selon les estimations).

Mais les contraintes sur l’augmentation de la consommation d’énergie ne viendront pas nécessairement de la raréfaction du pétrole mais de préoccupations liées aux changements climatiques et à la détérioration de la qualité de l’air et de l’eau induits par la combustion des carburants fossiles. Le recours aux énergies renouvelables et la rationalisation de la consommation de pétrole permettraient de répondre à la demande future sans conséquences écologiques néfastes.

11) URBANISATION

La population urbaine est passée de 750 millions en 1950 à 2,6 milliards en 1996 et devrait atteindre 6,5 milliards en 2050. Les cités se développent plus vite que la population globale du fait de l’augmentation naturelle de la population urbaine, de l’exode rural et de la transformation de villages en cités ou leur absorption par des cités avoisinantes.

L’exode rural est dû plus à la “poussée” du rural qu’à l’attrait des villes à cause du morcellement des terres qui ne peuvent plus faire vivre leurs propriétaires. Dans le passé, une relation symbolique existait entre la cité et sa campagne environnante (nourriture et matières premières contre produits manufacturés). Actuellement, les cités sont surtout liées entre elles et avec l’économie nationale.

L’urbanisation signifie plus d’utilisation des services de base (eau, voirie, transport, électricité) dont l’offre évolue beaucoup moins vite que la population urbaine d’où pauvreté, pollution, congestion, chômage et sans abri. L’évacuation des déchets domestiques et industriels devient également plus problématique.
12) AIRES NATURELLES

Les parcs nationaux, réserves d’espèces sauvages, les plages et autres zones protégées seront sévèrement menacées :

Dans les pays en développement en raison des ressources qu’elles contiennent (eau, pétrole, nourriture …) ;

Dans les pays développés en raison de leur dégradation provoquée par la migration à leur voisinage ou leur fréquentation excessive.

Dans les 50 prochaines années, pratiquement toute la croissance de la population et ses mouvements concerneront les corridors côtiers déjà fortement peuplés.

13) EDUCATION

Même si globalement la population des 5-14 ans augmentera moins vite entre 2000 et 2050 que la population globale, cette tendance ne se retrouvera pas dans des régions telles que l’Afrique et le Moyen Orient où les 5-14 ans augmenteront de 93% avec un taux de 75% pour l’Afrique à l’horizon 2040.

Ceci est inquiétant pour les africains déjà empêtrés dans des problèmes d’éducation. 56% des habitants d’Afrique sub-saharienne sont lettrés contre 71% pour les pays développés, d’où la nécessité d’investissements considérables dans ce domaine sinon, le ratio étudiants/professeurs passera de 42 en 1975 à 75 en 2040 dans la même région.

Beaucoup de pays devront augmenter les fonds alloués à l’éducation tout en s’assurant que d’autres secteurs aussi importants reçoivent l’appui et le soutien qu’ils méritent. Il y a certes, 900 millions d’illettrés mais il y a également 840 millions d’affamés et 1,2 milliard de personnes n’ayant pas accès à des sanitaires.

Si, comme le recommande l’UNESCO, les systèmes nationaux d’éducation étendent l’enseignement même aux adultes pour faire face aux mutations rapides du monde contemporain, alors plus vite la population sera stabilisée, plus les pays seront à même d’éduquer l’ensemble de leurs citoyens.

14) EVACUATION DES DECHETS

La croissance démographique aggrave les problèmes d’évacuation des déchets (ordures ménagères, eaux usées, déchets industriels) surtout dans les pays en développement surtout que l’importance des déchets tend à augmenter avec les revenus du fait de l’augmentation des produits non organiques (plastiques, métaux, papier…), ce qui entraîne des effets locaux et globaux néfastes pour l’environnement. C’est ainsi que les acides des déchets organiques et les produits toxiques des décharges polluent les eaux souterraines, de même que la fermentation dégage du méthane qui est également un gaz à effet de serre. De plus, l’incinération des déchets produit des émissions cancérigènes de dioxine.
D’autre part, dans les pays en développement, le manque d’hygiène et la rareté de l’eau découlant de la croissance démographique aggraveront considérablement les problèmes de santé publique
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Les villes des pays en développement n’arrivent pas à faire face aux besoins sanitaires d’un demi-milliard d’habitants. Elles devront le faire également pour les 3 milliards d’individus qui s’ajouteront d’ici 2050. Les prévisions à ce niveau sont bien sombres pour maintenir le niveau actuel des services dispensés à la population urbaine, l’offre de ces services doit plus que doubler en Asie d’ici à 2050 et doit être multipliée par 33 en Afrique. Une couverture complète d’ici 2050, nécessiterait un triplement de l’offre en Asie et un coefficient multiplicateur de 46 en Afrique.

15) PRODUCTION DE VIANDES

La production annuelle de viandes par tête d’habitant a plus que doublé entre 1950 et 1997 passant de 17 à 36 kg. Cette croissance qui concernait initialement les pays occidentaux et le Japon, s’est étendue durant les 2 dernières décennies à l’Asie Orientale (Chine), au Moyen Orient et à l’Amérique Latine.

Compte tenu des limites concernant les pâturages, le problème de l’augmentation future de la production des viandes, se posera en termes d’arbitrage entre les céréales destinées à la consommation humaine et celles alimentant le bétail et la volaille.

Si on admet que l’augmentation de la demande par tête d’habitant ralentira à l’horizon 2050 par un effet de saturation en augmentant que de 30% au lieu de doubler, alors que 900 millions de tonnes additionnels de grains seront nécessaires pour l’alimentation animale mais ceci équivaut à la moitié de la consommation mondiale actuelle ! Ceci ne peut qu’accentuer la compétition entre les volumes consommés directement et ceux consommés indirectement sous forme de protéines animales, remettant même en cause les prévisions d’augmentation de la consommation de viandes.

Les céréales destinées à l’alimentation animale constituent actuellement la principale réserve en cas de pénurie à l’échelle mondiale. En effet, on ne peut plus compter ni sur les stocks (qui sont tombés aux niveaux les plus bas enregistrés) ni sur les terres mises en friche par le gouvernement américain depuis un demi-siècle et qui ont été, depuis, remises en production.

16) REVENUS

En dépit du fossé séparant les pays développés et ceux en développement, ces derniers ont connu une croissance annuelle de plus de 6% contre 2% seulement pour les premiers. Les revenus ont augmenté le plus dans les pays où la croissance de la population a ralenti le plus (pays de l’Asie orientale essentiellement) et où l’épargne a été utilisée en investissements dans les domaines dont le développement est indispensable pour une société industrielle moderne (éducation, santé, infrastructures). Par contre dans les pays africains où la planification familiale est absente, la croissance économique a été pratiquement absorbée par une croissance démographique d’au moins 3%.
La croissance est inégale dans les pays en développement. D’après la Banque Mondiale, plus de 1,3 milliard de personnes ont un revenu de moins de I dollar par jour. Pour ce l/5eme de l’Humanité, il n’y a pas eu de procès significatif.

L’économie telle que structurée actuellement “submerge” l’écosystème terrestre d’où des pressions excessives sur les ressources et les systèmes naturels. Même les prévisions de croissance les plus modestes entraîneront une telle détérioration desdits systèmes que l’économie elle-même commencera à décliner à moins de la rendre plus supportable par les systèmes qui la supportent et d’infléchir la courbe d’évolution de la population.

CONCLUSION

Les perspectives d’évolution de la population diffèrent d’un pays à un autre. Toutefois, les projections réalisées jusqu’à présent par l’ONU à l’horizon 2050 sont sujettes à caution compte tenu des 16 effets évoqués ci-dessus. Pour tester la vraisemblance de ces projections (7,7 milliards à 11,2 milliards d’habitants), il est proposé de revenir au concept de transition démographique formulé par F. Notestein en 1945 dont les 3 niveaux permettent d’expliquer la disparité des taux de croissance démographique:

Niveau 1 qui concerne les sociétés préindustrielles et se caractérise par des taux de natalité et de mortalité élevés mais se compensent ce qui implique peu ou pas de croissance de la population ;

Niveau 2 où avec la modernisation, le taux de mortalité baisse, celui de la natalité restant élevé d’où des taux de croissance atteignant les 3%;

Niveau 3 où, avec la poursuite de la modernisation, les taux de natalité et de mortalité se compensent mais à des niveaux bas ce qui correspond à une stabilisation de la population (définie par un taux inférieur ou égal à 0,4%).

32 pays industrialisés sont au niveau 3. Mais la plupart des pays (150 environ) sont encore au niveau 2 parmi lesquels 39 (USA, Chine …) connaissent une chute de la fertilité (qui tombe en deçà du niveau de remplacement soit 2 enfants par enfant par ménage) se rapprochant ainsi du niveau 3. Les autres pays connaissent encore une démographie galopante.

Toutefois, la plupart des pays du niveau 2 rejoindront probablement le niveau 3 grâce aux effets combinés de la baisse de fertilité, de l’augmentation des revenus et de l’amélioration de l’éducation. Mais certains pays ayant atteint les limites d’exploitation de leurs ressources et qui sont confrontés à un doublement ou un triplement de leur population peuvent subir une chute du niveau de vie. Ce phénomène appelé “piège démographique” peut les ramener au niveau 1. Il n’y a pas d’aliénation à ces deux possibilités d’évolution car en est en présence de processus qui se renforcent par eux-mêmes.

Les pays à population importante subissent de gros problèmes d’éducation, d’emploi et d’environnement (déforestation, inondations, érosion des sols, baisse du niveau hydrostatique …). De ce fait, l’autorité des gouvernements (et leurs ressources fiscales) est mise à rude épreuve d’où leur incapacité à faire face à des menaces telles que les pénuries d’eau, les famines, les maladies nouvelles (SIDA) ou résurgences de maladies endémiques (malaria, tuberculose …).

Les projections démographiques des Nations Unies ne tiennent pas compte des désastres écologiques et des bouleversements sociaux qui sont à l’origine des conflits ethniques (Rwanda, Somalie …). A mesure que les besoins d’une population dépassent ses ressources basiques, l’impact sur l’évolution de la population, des tensions engendrées par la désintégration sociale variera d’un pays à un autre. Cette problématique soulève des questions complexes:

Quel est l’effet psychologique de la disparition d’une partie de la population adulte d’un pays ?

Quel est l’effet de l’épuisement de l’eau et de la raréfaction des ressources alimentaires sur une population à forte croissance ?

Les gouvernements ayant permis que leur population soit décimée par le SIDA perdront-ils leur légitimité? Seront-ils écartés ?

Dans la mesure où l’explosion démographique rend les gouvernements incapables de faire face à ses conséquences, les tensions sociales qui en résultent ne manqueront pas d’exacerber des conflits religieux, ethniques, tribaux ou géographiques au sein de ces pays voire même, entraîner des conflits internationaux sur le partage des ressources rares telles que l’eau ou les produits de la mer.

Aussi, le défi pour les dirigeants de ce monde est d’aider les pays à maximiser les chances d’atteindre le niveau 3 avant qu’il ne soit trop tard et surtout avant que la nature ne les force brutalement à revenir au niveau 1. D’où la nécessité d’un effort collectif sur le plan humanitaire pour stabiliser la population mondiale. On pourrait ainsi infléchir la tendance vers l’hypothèse basse des Nations Unies (7,7 milliards d’habitants en 2050) ce qui réduirait la population additionnelle à un effectif plus “gérable” de 1,7 milliard d’habitants au lieu de 3,3 milliards.

L’effort doit se concentrer sur l’abaissement de la fertilité selon 4 étapes:

1. Evaluer les capacités de chaque pays en vue d’aider les gouvernements en particulier et le public en général à mieux comprendre l’urgence de stabiliser la population. On a actuellement une meilleure connaissance des effectifs de population pouvant être supportés par un pays selon un niveau de consommation prédéfini. On peut ainsi faire de meilleures prévisions sur les surfaces cultivables (peu extensibles), les données hydrologiques et les rendements agricoles (soumis à des limites physiologiques). Compte tenu des contraintes en termes de ressources en terre et en eau et en fonction d’un niveau de consommation décidé, chaque pays pourra élaborer une politique démographique rationnelle et soutenue politiquement (il ne faudra pas trop compter sur les importations de céréales car les surplus exportables sont appelés à disparaître à long terme). Les gouvernements pourront ainsi définir un effectif “optimal” de population et ne plus avoir ainsi à naviguer à vue ;

2. Combler les lacunes en matière de planification familiale. Il est inexcusable que plus de 120 millions de femmes n’aient pas accès à des services de planification familiale ;

3. L’éducation des jeunes filles qui constitue la clé permettant de passer à des familles moins nombreuses ;

4. Considérant que le problème de population est une urgence à traiter en tant que telle, il convient de faire campagne pour convaincre les couples de s’en tenir à 2 enfants survivants (niveau de remplacement) .

Les auteurs concluent par un appel aux personnes les plus riches pour qu’elles s’engagent en faveur d’un futur global au lieu de confier leurs richesses à des fondations qui n’agiront qu’après 30 ou 40 ans (après leur mort). En effet, il faut s’engager à présent pour s’assurer que le monde futur sera vivable. Les problèmes rencontrés ne sont pas insolubles sauf si on leur permet de le devenir. Même si les caractéristiques démographiques varient d’un pays à l’autre, notre monde est devenu plus que jamais intégré économiquement et interdépendant sur le plan de l’environnement. Il n’y a plus “leurs” problèmes et “nos” problèmes. Il n’y plus que “nos” problèmes.

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