par Hayat Bousta, 21 décembre 2018
De sit-in en défilés en passant par de grandes manifestations, les familles des disparitions forcées au Maroc ne cessent de lutter pour la vérité sur le sort de leurs parents et enfants et contre l’impunité. Elles attendent de faire leur deuil.
Ce 16 décembre 2018 le Comité de suivi sur les disparitions forcées [1] a organisé un défilé à Rabat sous le slogan : « Tous pour la réalisation des droits, pour le maintien des acquis et contre tout repli sur ceux-ci préjudiciable aux droits humains ».
Les personnes éprises de justice et de démocratie, ne peuvent que dénoncer une politique de silence sur des crimes qui restent impunis et la nature d’un Etat de non droit qui, ces dernières années, a montré son vrai visage au regard de l’escalade liberticide : tortures, arrestations arbitraires, condamnations à 20 ans d’emprisonnement… Des pratiques que certains pensaient révolues et qui s’exercent sous couvert de la “transition démocratique” dont se targuent le pouvoir marocain et ses amis « démocrates » à l’étranger.
Sous le titre « Pour la Vérité, la Justice et contre l’Impunité », la section française du Forum Marocain Vérité et Justice a publié le 16 décembre 2018 le communiqué ci-dessous :
« Depuis sa création, le Forum Marocain pour la Vérité et la justice (FMVJ), n’a cessé de réclamer/d’exiger la vérité sur les atteintes graves des droits humains durant les années de plomb, couvrant le règne de Hassan II.
Durant ces années caractérisées par un pouvoir personnel, autoritaire et despotique, réprimant toute expressions et manifestation démocratiques, procédant aux assassinats, disparitions forcées, arrestations arbitraires, emprisonnements, tortures, procès fallacieux, intimidations, bannissement et exiles. Ces atteintes graves des droits humains étaient commises dans le cadre d’un pouvoir maghzen faisant du machiavélisme politique un art aussi scénique que mortifère.
Afin de dépasser les affres de cette période sinistre de l’Histoire de notre peuple, une Instance Equité et Réconciliation (IER) a été mise en place en 2004, dans le but de faire la lumière sur ces atteintes graves et leurs conséquences atroces et rendre justice aux victimes, à leurs familles et l’ensemble du peuple marocain. Malgré les limites de ses investigations, cette Instance a rendu certaines recommandations, qui attendent toujours leurs mise en exécution et ceux malgré les revendications des associations des droits humains, dont le FMVJ. Or ces recommandations sont essentielles pour un Etat de droit. Elles consistent l’incrimination constitutionnelle de la disparition forcée avec une réforme de la justice, prise de mesures nécessaires pour l’instauration d’une bonne gouvernance sécuritaire de manière à mettre un terme à l’impunité.
Force est de constater que l’Etat marocain au lieu de mettre en place les recommandations de sa propre IER, joue sur le facteur temps. Ainsi, les témoins et les acteurs de ces crimes contre le peuple marocain disparaissent les uns après les autres, rendant par conséquent toute justice et lutte contre l’impunité caduques. Alors que :
Des dizaines de familles de disparus attendent toujours soit la vérité sur la disparition de leurs proches, soit la remise de la dépouille des victimes décédées, après l’identification de leur identité par l’analyse ADN.
Le dossier des charniers découverts dans plusieurs lieux sur le territoire national, essentiellement dans les casernes de la protection civile, reste non élucidé. Les victimes n’ont pas été identifiées, les responsables de ces crimes n’ont jamais été inquiétés.
Les responsables des atteintes graves des droits Humains restent impunis.
Les responsables de ces crimes n’ont jamais été inquiétés.
Tout en s’inclinant devant la mémoire des martyrs de notre peuple, en jour de commémoration de l’assassinat odieux du Grand Martyr de notre peuple Omar BENJELLOUN [2], nous réitérons notre soutien constant et indéfectible à la lutte des associations des droits humains et à leur tête celles des familles des disparus pour que la lumière soit faite et rendre justice aux victimes.
Vive la lutte du peuple marocain pour la Liberté et la Démocratie. »